Le président gabonais, Ali Bongo Ondimba, effectue depuis vendredi dernier à 18 heures (23h heures de Libreville) une visite de travail à New York au siège de l’Organisation des Nations Unies (ONU), où il doit lancer la présidence gabonaise du Conseil de sécurité, organe central de l’organisation onusienne.
Dans cette ville, le chef de l’Etat gabonais, , Ali Bongo Ondimba rencontre aujourd’hui dans l’après-midi, au siège de l’ONU, le secrétaire général Ban Ki Moon. Notons que le Gabon va occuper pour la troisième fois la présidence en la qualité de membre non permanent du Conseil de sécurité
Ce sera la troisième rencontre entre Ali Bongo Ondimba et Ban Ki Moon après celles de Copenhague (Danemark), en marge du Sommet mondial sur les changements climatiques et d’Addis-Abéba, (Ethiopie), au cours du Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine (UA).
Ali Bongo Ondimba et Ban Ki Moon devraient tout naturellement évoquer l’agenda très chargé de la présidence gabonaise de l’organe central de l’institution onusienne ayant pour principale mission de veiller au maintien de la paix et à la sécurité internationale. Les sujets ne manquent pas. Plusieurs régions de la planète sont confrontées à de nombreux conflits, à des situations de crise et de tension, au terrorisme, et autres dysfonctionnements du même genre qui ont des conséquences dans la sphère planétaire, y compris africaine, sur la paix et qui conduisent l’ONU à entreprendre diverses actions.
Le Conseil de sécurité au sein duquel siègent les cinq membres permanents que sont les Etats-Unis, le Royaume Uni, la France, la Chine et la Russie, aux côtés desquels se retrouvent les membres non permanents (Autriche, Bosnie Herzégovine, le Brésil, le Japon, le Liban, le Mexique, le Nigéria, l’Ouganda, la Turquie), voit son rôle et son importance davantage accrus dans la recherche des solutions, la prise de décisions, pour maintenir la paix dans ces différentes zones de tension.
Dans ce contexte, assumant durant le mois de mars la présidence de cet organe, le rôle du Gabon sur la scène diplomatique internationale n’en sera que renforcé, eu égard au contexte diplomatique assez trouble qui prévaut actuellement. Il est évident que le Gabon ne manquera pas de susciter tout l’intérêt en raison de l’influence réelle qui sera la sienne dans la gestion des affaires mondiales, notamment.
L’enjeu est donc de taille pour notre pays et son président qui devraient pouvoir, espère un diplomate onusien, en tirer tous les bénéfices sur la scène diplomatique internationale. Le Représentant permanent du Gabon à l’ONU, l’ambassadeur Issozet Ngondet, déclinant l’enjeu de cette présidence, a, d’ailleurs, indiqué que cette période devrait amener le Gabon à ouvrir d’importantes discussions sur les affaires diplomatiques internationales et bilatérales avec plusieurs autres pays et partenaires. Elle devrait, en outre, favoriser, le cas échéant, la réalisation rapide de projets en un temps assez court.
Le ton de cet intérêt marqué pour le Gabon avait été donné, les 2 et 3 février derniers à Addis-Abéba, capitale de l’Ethiopie. En marge de son premier sommet de l’Organisation panafricaine auquel il prenait une part active tout juste après son arrivée au pouvoir, Ali Bongo Ondimba avait été fortement sollicité, au regard de l’important ballet diplomatique auquel il avait eu droit. Le chef de l’Etat gabonais, très courtisé alors, avait reçu le ministre iranien des Affaires étrangères Monachev Khatami. Cette rencontre intervenait au moment où l’Iran, engagé dans la réalisation de son ambition d’enrichir son uranium, était mis au ban de la communauté pour son refus de se soumettre au diktat des organes et puissances mondiales.
Les autorités iraniennes avaient clairement affiché leur volonté de s’impliquer davantage sur le continent africain. Elles entendaient faire de Libreville une plaque tournante de leur action diplomatique en Afrique Centrale. Quant au chef de la diplomatie portugaise, Luis Amado ainsi que le sous secrétaire d’Etat américain pour les Affaires africaines, Johnnie Coster, ils avaient à cœur d’établir avec le président gabonais le contact nécessaire à l’amorce d’une coopération bénéfique entre leurs pays respectifs et le Gabon, mais également de décliner leur vision pour l’Afrique, en général, et singulièrement, pour l’Afrique Centrale et les Grands Lacs.
Plusieurs dirigeants africains avaient également échangé avec Ali Bongo Ondimba. Au nombre de ceux-ci figuraient ceux des pays secoués par des conflits, pour ne citer que le somalien Charrif Cheick Charrif. La Somalie avait, quelques jours plus tôt, enregistré une attaque de milices islamiques ayant causé le décès de plusieurs membres du contingent militaire onusien. La question du Darfour et le règlement de conflits dans d’autres pays avaient, par ailleurs, été évoqués à cette occasion entre Ali Bongo Ondimba et ses homologues.
Les questions de paix et de sécurité étant au cœur des missions du Conseil de sécurité de l’ONU, la vision du président gabonais devrait être réaffirmée au cours des entretiens qu’il aura à New York, avec Ban Ki Moon, ainsi que les représentants des Etats-Unis Susan Rice, de Russie Igor Scherbak, du Royaume Uni Mark Lyall Grant, ainsi que les représentants adjoints de France, Nicolas De Rivière, de Chine Liu Zhenmin. Il en a été de même hier, lors du dîner avec le congrès juif américain que préside Jacques Rosen. Mais aussi, demain, lors de la conférence que le président gabonais donnera au prestigieux institut international de la paix (IPI), dont le président est Terje Rod-Larsen. Le thème de cet échange portant sur la prévention des conflits, sera à propos tant il permettra aux participants de mieux cerner l’engagement du Gabon et de son président à œuvrer davantage au maintien de la paix dans le monde.
Ce qui ne manquera pas de susciter le for intérêt des hôtes du chef de l’Etat gabonais qui jouit au siège de l’Organisation onusienne d’une image positive, note un diplomate en poste. Il est à noter que depuis son avènement au pouvoir, les premiers pas du président Ali Bongo Ondimba sont très suivis. Les milieux onusiens envahis, au lendemain du décès du président Omar Bongo Ondimba, des augures qui prédisaient le pire pour le Gabon et exprimaient des doutes sur la capacité de son successeur à maintenir la paix et la stabilité, jugent positivement l’entame du magistère du jeune président. Ils se félicitent de son engagement réel au changement, au regard des importantes et salutaires réformes qu’il a engagées pour son pays. Au plan international, le Gabon s’inscrit sur la voie des efforts déployés à travers le monde pour que règnent les idéaux de paix.
Par ailleurs, à Washington où le président gabonais se rend aujourd’hui, en compagnie du ministre des Affaires étrangères, Paul Toungui, de la ministre Laure Olga Gondjout, ainsi que des ambassadeurs Issozet Ngondet (Représentant permanent à l’ONU), Carlos Boungou (Chef de la Mission diplomatique du Gabon aux Etats-Unis), il sera aussi question au Département d’Etat américain, avec Hillary Clinton, d’échanges sur le rôle de notre pays sur la scène onusienne, principalement, tout au long de la présidence du Conseil de sécurité, la coopération bilatérale, mais également, sur les questions liées à la paix dans la sous région d’Afrique Centrale et des Grands Lacs.
Ce sera la première rencontre avec la Secrétaire d’Etat américain à peine cinq mois seulement après sa prise de fonction à la tête du Gabon. On peut s’attendre, si l’on en juge par la nouvelle orientation de la politique américaine dans la sous région et la région des Grands Lacs, à ce que Libreville puisse être conduit à jouer un rôle majeur dans le nouveau schéma américain.
L’entrevue dans la capitale éthiopienne avec le sous secrétaire d’Etat américain, Johnnie Coster, avait laissé entrevoir une volonté des autorités américaines de faire du Gabon un pôle stratégique important dans la réalisation de leur nouvelle vision sous régionale et dans la recherche de solution à des situations assez complexes. Au-delà, Washington compte bien soutenir le Gabon dans la gestion de sa forêt à travers le financement de projets.
(Par Lin Joël NDEMBET envoyé spécial)