Au lendemain du 8 mars, la célébration de la journée internationale de la femme au Gabon ressemble toujours plus à une «consolation» qu’à la construction d’une place équitable et d’un rôle égal dans l’émergence du pays. Quelle est la place des femmes dans le «grand chambardement» politique, économique et social opéré par les autorités du pays ?
Depuis l’accession du Gabon à l’indépendance le 17 août 1960, les différents gouvernements qui se sont succédés à Libreville ont toujours assuré que l’émancipation de la femme et surtout, sa prise en compte en tant qu’acteur majeur à part entière du développement de la Nation était une des priorités indéniables.
Mais sur le terrain, les résultats sont bien maigres. C’est vrai qu’en 50 ans le Gabon a formé des femmes dans la plupart des métiers ou secteurs «réservés» aux hommes. Il n’y a plus a proprement parler de bastions « masculins » qui échappent à la gente féminine. Le pays possède des femmes généraux dans l’armée, ingénieurs, pilotes, mais aussi éboueurs.
Toutefois, si les efforts sont faits dans la formation, à diplôme égal les femmes sont toujours à la remorque. Pour ne prendre que les 20 dernières années, et malgré les engagements pris au sommet de Beijing en 1995, ni le «pacte national de solidarité», ni le «nouvel élan» et encore moins les «actes pour le Gabon» n’ont permis de matérialiser la parité homme-femme promis par les dirigeants.
Et beaucoup attendaient que le nouvel exécutif, qui a l’ambition de faire faire au Gabon un saut qualitatif, puisse faire de la parité homme-femme l’une des variables cardinales de l’«émergence». Malheureusement, cette parité ne semble pas, du moins pour l’instant, à l’ordre du jour de l’«émergence».
En témoigne le premier gouvernement du nouvel exécutif où les Gabonaises ne sont représentées que par 6 ministres sur 30. De même, le grand nettoyage administratif du président Ali Bongo n’a pas dérogé à cette «marginalisation». Sur 16 ministères par exemple, seulement 9 des 91 postes de directeurs généraux sont occupés par des femmes et 6 en sont secrétaires générales. Par ailleurs sur les 12 postes de Président du conseil d’administration (PCA) des sociétés publiques du pays, 3 femmes seulement occupent ce prestigieux poste. Enfin, une seule est directrice dans une de ces entreprises. Cette «discrimination» est encore flagrante lors de la sélection des candidats aux élections législatives et locales, et ce dans tous les partis politiques
Certes, rien ne dit que le salut du développement du Gabon passera forcement par la prépondérance des femmes dans plusieurs postes de direction, mais leur prise en compte dans plusieurs secteurs et postes stratégiques permettrait une meilleure valorisation de cette ressource humaine, par ailleurs abondante et offrir l’égalité de chances à tous. Pour bâtir l’«émergence», le nouvel exécutif n’a-t-il pas sollicité la participation de toutes les filles et tous les fils du Gabon ?