Les électeurs ont confirmé, dimanche 21 mars, le résultat du premier tour des élections régionales, en accordant la victoire à la gauche dans toutes les régions métropolitaines sauf l’Alsace. Au niveau national, le PS et ses alliés remportent 53,85 % des voix contre 35,53 % pour la majorité présidentielle et 9,26 % pour le Front national, qui n’était présent que dans douze régions. Ce second tour a été marqué par un petit recul de l’abstention par rapport à dimanche dernier.
Comme au premier tour, les électeurs n’ont pas voté en masse ce dimanche. Mais contrairement à dimanche dernier, plus de la moitié des inscrits se sont déplacés à l’occasion de ce second tour, l’abstention s’établissant à 48,81 %, alors qu’elle avait atteint 53,6 % au premier tour, un record pour des élections régionales. Elle reste bien supérieure à l’abstention enregistrée au second tour des élections régionales de 2004 (34,32 %).
La gauche largement majoritaire au niveau national
Le second tour confirme la défaite de la droite esquissée dès le premier tour. La gauche obtiendrait 59 % des suffrages dans six régions métropolitaines où elle affrontait la droite en duel, selon l’institut TNS-Sofres/Logica. Dans douze régions théâtres d’une triangulaire avec le Front national, le PS et ses alliés obtiendraient 49 %, contre 33,5 % à la droite et 17,5 % au Front national.
La première secrétaire du PS, Martine Aubry, a salué « une victoire sans précédent » des « listes de la gauche rassemblée » et félicité tous les présidents de région, mais aussi « tous [ses] partenaires de la gauche et de l’écologie ». Elle a appelé le président de la République et le gouvernement à « changer profondément de politique », objet d’un « rejet ».
L’union de la gauche remporte la quasi-totalité des régions
La gauche réitère sa performance de 2004 en remportant les 20 régions métropolitaines qu’elle détenait déjà, et devrait pouvoir faire basculer la Corse. Elle échoue en revanche à conquérir l’Alsace.
Autre motif de satisfaction pour l’UMP : la victoire à La Réunion, où Didier Robert l’a emporté (45,46 %), dans une triangulaire qui le mettait aux prises avec le président sortant du conseil régional, le divers gauche Paul Vergès, et le candidat du PS.
Mais ces deux victoires ne sauraient occulter la très sévère défaite de la majorité présidentielle, aucun des ministres en course n’ayant gagné le pari de remporter une région.
Le premier ministre, François Fillon, a dit reconnaître « le succès des listes de gauche aux élections régionales et assumer sa part de responsabilité ». Il sera reçu lundi matin par Nicolas Sarkozy, pour « faire le point sur le message des Français », a annoncé l’Elysée.
Mais si la communication change, le gouvernement n’entend pas changer de cap, comme l’explique Arnaud Leparmentier, journaliste au service politique du Monde :
« Il faut revenir à nos fondamentaux, c’est-à-dire ce qui a permis l’élection de Nicolas Sarkozy comme président de la République et de la majorité en 2007 », a déclaré le président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, Jean-François Copé, qui a reconnu une « réelle défaite ». A la question de savoir si cet échec était un échec personnel pour le chef de l’Etat, il a considéré que « dans des périodes comme celle-là, difficile pour une famille politique, on doit faire preuve de beaucoup de lucidité, donc crever les abcès (…), et de beaucoup d’esprit de responsabilité ».
Le Front national confirme son retour
En se maintenant dans douze régions au soir du premier tour, le Front national avait déjà réussi son pari. Il confirme ce succès lors du second tour, avec un score moyen de 17 % dans ces régions, rappelant ainsi sa capacité de nuisance au niveau local.
Les conséquences possibles
A peine les résultats annoncés, des voix discordantes se sont fait entendre à droite. Au sein même de la majorité, des critiques ont été émises, concernant notamment la personnalité du chef de l’Etat, l’ouverture à gauche, ou encore la stratégie de l’union des droites dès le premier tour.
Le Nouveau Centre (NC), principal allié de l’UMP, a ainsi demandé une réorganisation au sein de la majorité. Et ce afin que « la famille centriste soit plus entendue », a déclaré Hervé Morin, président du NC et ministre de la défense.
De son côté, Dominique de Villepin a annoncé son intention de fonder un « mouvement au service des Français ». François Fillon pourrait faire entrer le député villepiniste Georges Tron au gouvernement. Plusieurs ministres seraient sur le départ : Fadela Amara, la secrétaire d’Etat chargée de la politique de la ville, ainsi que Valérie Letard, la secrétaire d’Etat chargée des économies vertes, lourdement battue en Nord-Pas-de-Calais.
A gauche, au-delà de la victoire, c’est la prochaine présidentielle qui va désormais occuper les esprits. Plusieurs questions restent sans réponse : l’alliance entre les socialistes, les écologistes et le Front de gauche va-t-elle se concrétiser en 2012 ? Le PS surmontera-t-il ses divisions internes ?