Le remaniement ministériel annoncé lundi 22 mars par l’Elysée a été vivement critiqué au sein de la classe politique. A travers ce remaniement « cosmétique », selon le PS, véritable « opération d’enfumage » pour le PCF, Nicolas Sarkozy « n’a visiblement pas pris conscience de l’ampleur du désaveu démocratique qu’il vient de subir » lors des élections régionales, estime le FN.
Notant le départ de Martin Hirsch, haut commissaire aux solidarités actives et figure de l’ouverture à gauche, l’UMP se réjouit « de la volonté de l’exécutif de rassembler toutes les sensibilités de la majorité présidentielle ». Avec les arrivées du chiraquien François Barouin (budget), du villepiniste Georges Tron (fonction publique) et de l’ex-UDF Marc-Philippe Daubresse au poste de Martin Hirsch, le président témoigne de son « souci de rassembler sa famille » avec des « chiraquiens », des « villepinistes » et « les centristes de l’UMP », estime le porte-parole de l’UMP Dominique Paillé.
Le Parti socialiste dénonce, lui, un remaniement « cosmétique ». Pour le PS, la réponse de Nicolas Sarkozy au scrutin régional est « totalement hors sujet ». « La France a besoin d’un changement de politique (…). Au lendemain d’une défaite historique de la droite aux élections régionales, ce n’est pas un simple remaniement du gouvernement qui permettra de répondre aux attentes des Français », a déclaré Harlem Désir, secrétaire national du PS, dans un communiqué. Le PS appelle donc Nicolas Sarkozy « à revoir radicalement les choix et les orientations mis en œuvre par son gouvernement ». « Faute de cela, le malaise démocratique, révélé notamment par l’abstention, continuera de s’approfondir », conclut Harlem Désir.
Marine Le Pen, vice-présidente du FN, estime qu' »après avoir pratiqué avec le succès que l’on voit l’ouverture à la Mitterrandie, voilà que Nicolas Sarkozy nous inflige maintenant les has been de la Chiraquie et les never been de la Villepinie. (…) Le chef de l’Etat n’a visiblement pas pris conscience de l’ampleur du désaveu démocratique qu’il vient de subir ».
Le député européen Vert Daniel Cohn-Bendit considère que « Sarkozy ne sait pas ce qu’il fait, il ne comprend pas ce qu’il fait, je dis ça sérieusement, je ne veux pas l’attaquer ». « Si on se pose la question du remaniement, vu que c’est lui qui mène toutes les politiques et que ça va mal, il faudrait un remaniement à l’Elysée », a-t-il déclaré sur Canal+.
Pour le PCF, ce remaniement est « une opération d’enfumage des Françaises et des Français ». Les scrutins des 14 et 21 mars « ont traduit une défiance sans précédent à l’égard du chef de l’Etat et de son gouvernement », déplore Roland Muzeau, porte-parole des députés PC et apparentés à l’Assemblée, dans un communiqué. Or « le remaniement ministériel annoncé n’a, en effet, pas d’autre objectif puisque (…) chacun s’est empressé d’annoncer qu’aucun changement n’était envisagé dans la politique antisociale dictée depuis l’Elysée »
Le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, a quant à lui regretté sur France Info qu' »on use les ministres du travail au rythme d’un par an ». Il a par ailleurs espéré que les syndicats auront en la personne d’Eric Woerth comme ministre du travail « un ministre, et non des ordinateurs de Bercy comme interlocuteur ». « M. Woerth est pour l’instant réputé comme le fondateur de la révision générale des politiques publiques, de la baisse des effectifs de la fonction publique, du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux, ce qui entraîne de lourds contentieux dans l’ensemble des services publics », a déclaré M. Thibault.