Islam : « Nous avons voulu sortir du cadre exclusif de construction de mosquées», Mohalim Osseny, Président du Conseil Supérieur des Affaires Islamiques du Gabon
Présidant la clôture des travaux des « Journées de solidarité musulmane », tenues à la mosquée Hassan II de Libreville, les 21 et 22 mars, le Président du Conseil Supérieur des Affaires Islamiques du Gabon (CSAIG), Mohalim Osseny, a déclaré, à la faveur d’une interview qu’il a bien voulu accorder à GABONEWS, que la communauté musulmane qu’il dirige entend désormais sortir du cadre exclusif de construction de mosquées via la variation et la diversification de ses actions, en embrassant d’autres secteurs socioéducatifs.
GABONEWS : Nous sommes très heureux de nous retrouver en face de vous. Disons, d’abord, quel est le sens de cette cérémonie que vous clôturez maintenant?
MOHALIM OSSENY : Nous rendons grâce à Dieu qui nous a d’abord permis de tenir ces deux journées, que nous avons bien qualifiées de « Journées nationales de solidarité et de partage ».
Par cet intitulé, nous pouvons déjà imaginer l’objectif que les imams de l’Estuaire ont poursuivi en organisant ces deux journées. Quel sens donner à cela ? C’est une journée de solidarité pour cette communauté, et comme dans la vie de toute communauté, il y a toujours des problèmes inhérents à cette dernière. Et nous avons besoin de nous retrouver autour d’un même idéal, dans un même cadre, afin que l’on puisse se parler.
Et cette solidarité qui nous a caractérisés avant et pendant notre congrès, avons voulu, à travers cette cérémonie, la maintenir, d’où l’organisation de ces deux journées.
Journées de partage, cela veut tout dire. Il s’agissait d’inviter les frères à participer davantage à la chose islamique, à l’édification de la chose islamique. Pas uniquement les musulmans, parce que les non musulmans ont été conviés et se sont manifestés avec joie et gaîté. Que Dieu récompense tous ceux qui ont participé au succès de ces deux journées.
GABONEWS : Lorsqu’on vous a suivi à la télé, on a eu l’impression que vous alliez donner un autre contenu à vos actions. Vous n’allez plus vous limiter à la construction de mosquées mais au-delà. On parle de construction d’hôpitaux et d’écoles. Qu’en est-il exactement, et quelles seront vos sources de financement ?
MOHALIM OSSENY : Vous faites bien de le dire. A chaque fois que la communauté se retrouve autour d’un même idéal, elle réalise toujours de très bonnes choses. Parfois impensables, ce qui va au-delà de l’espérance. Et c’est pourquoi nous avons voulu encore une fois inviter cette communauté.
C’est vrai, nous avons voulu sortir de ce cadre exclusif de construction de mosquées, je l’ai dit. Ce sont des œuvres venant d’un individu, d’un particulier, d’un groupuscule de bienfaiteurs ou d’une communauté.
Alors avec toutes ces forces réunies, imaginez ce qu’on pourrait faire ce qu’on veut. Exceptée la mosquée Hassan II et quelques rares mosquées de la place, tout ce que vous voyez comme mosquées est l’œuvre de ceux qui sont dans ce pays, parmi les natifs de ce pays ou les frères expatriés.
Comment n’allons-nous pas réussir à atteindre nos objectifs ? Les moyens existent, il suffit tout simplement que la communauté s’organise, c’est ce qui a toujours manqué. Imaginez ce que nous pourrions faire, ne fut-ce qu’un centre hospitalier.
Un orphelinat, ça ne coûte absolument rien. Des centres de formation, pas uniquement islamiques, mais à l’image des autres confessions religieuses qui ont des hôpitaux, de grandes écoles, de grands lycées, et ainsi de suite. Pour se mettre davantage au service de l’humanité toute entière, et principalement parlant ici du Gabon, pour aider l’Etat dans on œuvre et dans ses objectifs : éduquer la population, l’amener à de meilleures perspectives.
Alors il est important pour la communauté musulmane, en tant que composante de la communauté gabonaise, que nous puissions aussi apporter notre pierre à l’édifice.
GABONEWS : Au cours de ces deux journées quels ont été les thématiques déroulées ?
MOHALIM OSSENY : Simplement, nous avons demandé à chacun des orateurs de choisir son sujet, pour peu que cela cadre avec la réalité : le partage, la solidarité, l’amour, l’altruisme, le pardon, etc.
Cela s’est vraiment manifesté dans ce que nous avons écouté des uns et des autres. Nous aurons une suite à donner par rapport à ce qui vient d’être fait, et avec la grâce de Dieu, vous le saurez dans quelques jours, dans quelques mois, inchallah.
GABONEWS : Vous venez d’être auréolé de la confiance du Président de la République pour être le premier responsable du Conseil Supérieur des Affaires Islamiques du Gabon. Quels sont vos sentiments par rapport à ce choix ?
MOHALIM OSSENY : Je rends tout d’abord grâce à Dieu, et qu’il soit loué pour cette prédestination. Tout ce qui se passe, en tant que croyant, je ne peux pas dire que cela vient de moi. Ce n’est ni une force, ni une ruse de ma part. Dans cette communauté, s’il faut bien voir, il y a meilleur que moi, il y a plus instruit que moi, plus âgé, plus nanti que moi. Si Dieu a prédestiné à ce moment précis cette responsabilité à ma modeste personne, il sait pourquoi il l’a fait, moi je ne sais pas. Qu’il en soit loué, et qu’il soit également loué pour avoir choisi le Raïs de note communauté comme le chef, l’autorité suprême de notre communauté (Ndlr : Ali Bongo Ondimba).
Je le remercie pour l’avoir emmené à entériner la proposition de la majorité des musulmans de ce pays. Je ne peux que les remercier. La prédestination est là, il vient de nous ouvrir ces pages, qu’il nous assiste à l’assumer. Le tout n’est pas d’être responsabilisé, il faut être en mesure d’assumer cette tâche.
GABONEWS : Il y a eu des bisbilles par rapport à cette nomination. Qu’en est-il aujourd’hui? Est-ce que vous avez réussi à aplanir les mésententes, les petites querelles d’intérêts qu’il y en avait ?
MOHALIM OSSENY : Il fallait vraiment être dans cette communauté pour comprendre qu’il n’y avait même pas de problèmes, en toute franchise et en toute sincérité. Ceux qui ont écrit pour ne citer que ces exemples, un peu partout, même chez vous je crois, le lendemain ont regretté leur acte.
Les mêmes personnes ont témoigné. Elles ont dit qu’elles n’étaient pas au courant de la réalité des faits. Je leur ai quand même dit ce que j’ai dit, je préfère ne pas le répéter ici. Mais, lorsqu’on n’est pas au parfum de la réalité des faits et qu’on se permet d’envoyer ce genre de documents pour porter atteinte à toute une communauté comme si finalement c’est un hors la loi, ou celui qu’on a mis là s’est imposé, c’est vraiment grave.
Vous voyez tout ce qui peut s’en suivre. Je préfère ne plus me prononcer là-dessus, ce sont des frères qui sont revenus à de meilleurs sentiments. Et nous les félicitons d’ailleurs pour avoir très vite compris qu’ils étaient en déroute, et que ce qu’ils faisaient n’était ni à leur avantage, ni à l’avantage de la communauté toute entière, qui s’était réunie pour en discuter.
Je n’étais même pas là lorsqu’il a eu ce qu’il y a eu, je préfère ne plus revenir là-dessus. Je parlais tantôt de la majorité des musulmans. Cette majorité s’est prononcée. Le Raïs de notre communauté (Ali Bongo Ondimba) n’a fait qu’entériner la proposition de ses frères et sœurs que je remercie d’ailleurs. Et, même ceux qui n’ont pas voulu, c’est important. Ils n’ont pas été hypocrites, ils ont exprimé ouvertement leur point de vue. C’est tout à fait normal. Dieu est le créateur des cieux et des terres. Le créateur des envoyés n’a pas fait l’unanimité auprès de ses créatures.
Le calme est revenu, et nous aurons tout simplement à nous mettre au service de notre communauté, de l’humanité, afin que Dieu lui-même ne nous tienne pas rigueur de ce qui sera fait durant ce mandat.