La communauté religieuse de l’église évangélique du Gabon (EEG) va désigner, vendredi prochain en d’après midi, un nouveau pasteur qui succédera au pasteur Clément Obame Mezui selon un mode électoral iconoclaste.
Le vote qui désigne le futur Président de l’Eglise Evangélique du Gabon comporte dans son mode, plusieurs aspects subjectifs qui pourraient biaiser le choix du meilleur candidat, au regard de son expérience et de son profil moral. Les candidats sont tenus à la réserve dès le dépôt de leurs candidatures jusqu’à la fin de celle-ci.
Le sens d’une élection se mesure à la dimension démocratique que celle-ci pourrait revêtir. Plus les valeurs démocratiques sont appliquées, plus sa crédibilité est reconnue. L’érudit et l’analphabète s’accordent très facilement sur les conditions qui favorisent l’équité entre les candidats déclarés, notamment au niveau de l’éligibilité, le temps et la possibilité de faire campagne et surtout, sur le choix délibéré des votants.
Ces conditions basiques d’une élection démocratique n’apparaissent pas toutes dans ce qui fonde l’élection du Président de l’Eglise Evangélique du Gabon. Lequel, défini sur un mode rotatif, annihile les chances de participation des candidats éventuels. A supposer qu’un Pasteur au potentiel avéré, qui nourrirait le désir de briguer la Présidence de l’EEG, se révèle dans la région synodale se l’Estuaire ! Il aura tout le temps de vieillir et perdre de sa verve s’il doit attendre que le tour revienne à sa région. Etant donné que chaque mandat est de 4 ans et qu’il y a 4 régions synodales au total.
Le candidat déclaré qui est astreint à la réserve, ne peut mener une campagne électorale, et ne peut, par conséquent, espérer être élu que par les relations qu’il entretient avec les membres du collège électoral, c’est-à-dire les deux délégués de chaque paroisse. Partant de la considération qu’un pasteur du Ntem, candidat à l’élection de Président de l’EEG, n’est pas nécessairement connu par les délégués de l’Estuaire ou ceux de la région de l’Ogooué Ivindo, aura du mal à faire un marketing efficient de sa candidature. Le choix que fera le délégué synodal relèvera alors de la pure subjectivité.
Sans faire dans la langue de bois, et loin de vouloir heurter la moralité des pasteurs et des délégués, ce procédé laisse libre court à des manipulations de toutes sortes. La corruption des délégués provenant des régions synodales qui ne sont pas en compétition pourrait demeurer la règle car on ne voit pas le fondement sur lequel va s’appuyer le délégué pour effectuer son choix. L’absence d’un projet de société et l’interdiction de battre campagne montrent à quel point il s’agirait plus d’une nomination plutôt qu’une élection.
Le synode qui est la plus grande instance de l’Eglise Evangélique du Gabon, devrait désigner librement son Président sans tenir compte des contingences ethniques ou régionales qui, s’apparentent dans son contraire, à la pratique géopolitique. Les vertus incarnées par le candidat, son management et ses aptitudes théologiques doivent témoigner de sa capacité à diriger l’Eglise Evangélique du Gabon.
Mais dans le cas où le synode voudrait offrir une chance à tous, il est tout à fait indiquer que les principes fondamentaux qui sous- tendent la pratique démocratique, en matière d’élection soient exercés.