Le repreneur chinois derrière les barreaux à Libreville, plus de 10 millions d’euros de dettes, les employés de Plysorol en France sont toujours aux abois alors que le tribunal de commerce a reporté le délibéré à la fin du mois d’avril.
Le miroir aux alouettes chinois s’est brisé pour les 450 employés de Plysorol en France, qui sont désormais sur la sellette alors que l’entreprise risque la liquidation en raison des promesses non tenues du repreneur chinois Guohua Zhang.
«Espoir, déception, trahison», «M. Zhang, menteur», «M. Wu rend nous nos sous», lis-t-on sur les pancartes brandies par les employés à chaque manifestation.
Tout juste un an après avoir approuvé la reprise du fabriquant de contreplaqué par le chinois Guohua Zhang, patron d’Honest Timber, qui promettait de garder tous les emplois, le tribunal de commerce de Lisieux examine à nouveau la situation de l’entreprise qui cumulerait désormais 10 millions d’euros d’impayés.
Le tribunal de commerce a ordonné le 26 mars une enquête confiée à un rapporteur qui devra indiquer le 30 avril si l’entreprise doit être placée en redressement judiciaire. Mais «Plus le temps passe, plus les clients partent, plus on risque la liquidation. Il y a urgence, d’autant qu’il semble qu’il y a des repreneurs potentiels», a expliqué l’avocat du comité d’entreprise, maître Brun, à la sortie de l’audience.
Les avocats du Libanais Ghassan Bitar, PDG de la société John Bitar & Co basée au Ghana et candidat malheureux à la reprise l’an dernier, parce que son plan prévoyait la suppression de plusieurs dizaines d’emplois, étaient en effet présents au tribunal le 26 mars dernier.
«Je comprends leur déception, Ils savent bien que la société est déjà en cessation de paiement. Mais cette procédure va permettre de tout sécuriser sur le plan juridique. Ce n’est pas une mauvaise décision», poursuit toutefois maître Brun.
« Et que va-t-on faire en attendant ? Que fait-on avec une société qui est interdit bancaire ? Et que fait-on avec un actionnaire qui est derrière les barreaux ?», déplore Marie-Christine Malet, secrétaire du comité central d’entreprise.
Le patron du groupe chinois, Guohua Zhang, qui serait le seul à pouvoir signer les chèques aux fournisseurs, a été interpellé le 25 février dernier à Libreville, au Gabon, pour faux et usage de faux. Il serait toujours incarcéré à la Direction générale de la documentation et de l’immigration (DGDI).
Dénoncées par des associations écologistes dès la reprise l’an dernier, les manœuvres visant à mettre la main sur le patrimoine forestier de la société au Gabon trouvent de plus en plus de crédit.
«Ce qui intéressait M. Zhang, ce sont les 500 000 hectares de forêt de Plysorol au Gabon qu’il gère depuis dans la plus grande opacité, au détriment de la biodiversité et des salariés de l’entreprise, car il envoie directement le bois en Chine», affirme le responsable de l’ONG écologiste Robin des Bois, Jacky Bonnemains.
L’acquisition de Plysorol avait permis à Guohua Zhang, via Honest Timber, sa société basée au Gabon, de mettre la main sur les filiales gabonaises de l’entreprise et ses centaines de milliers d’hectares de forêt. Certains expatriés français avaient quitté Plysorol au moment de son rachat, d’autres ont récemment été licenciés. Mais les choses se sont compliquées lorsqu’ils ont réalisé que leurs cotisations ainsi que leurs indemnités n’avaient pas été payées.
« Zhang a été convoqué trois fois par l’inspecteur du travail ici, et ne s’est jamais présenté», témoignent les anciens employés.
L’actionnaire aurait aussi accumulé différentes dettes, notamment auprès des douanes gabonaises «pour des droits impayés sur ses importations de ciment». En France, c’est l’Urssaf qui a demandé l’ouverture d’une procédure judiciaire au tribunal de commerce. Et les chiffres des arriérés rappelés pendant l’audience ont de quoi faire tourner la tête, à hauteur de 1,4 millions d’euros. Quant aux dettes à l’égard des fournisseurs, elles s’élèvent à 7 millions d’euros.