Le chef de l’Etat, Ali Bongo, a donné une volée de bois vert à son gouvernement dont il fustige le «peu de dynamisme» et l’«absence d’actions» concrètes pour mettre en œuvre les grands chantiers de l’émergence. Le président gabonais a menacé son gouvernement de sanctions et instruit ses membres pour l’élaboration avant la fin du mois dans chaque département d’un Plan d’actions prioritaires à court terme.

«Ca suffit comme ça !», aurait grondé le chef de l’Etat, selon les propos rapporté le 2 avril par le porte-parole de la présidence, Guy Bertrand Mapangou, sur le «coup de gueule» du président gabonais contre le gouvernement.

Lors du Conseil des ministres tenu la veille, Ali Bongo a «stigmatisé le peu de dynamisme du gouvernement dans la concrétisation d’importantes mesures prises, et dans la mise en œuvre de la vision de l’émergence, à la satisfaction du peuple gabonais qui a hâte de vivre la nouvelle ère», rapportait le communiqué final des travaux.

«Le président a dit son indignation et sa déception face à l’absence d’actions concrètes du gouvernement sur le terrain ainsi qu’à la timidité avec laquelle se traduit en actes le projet de société sur la base duquel il a été porté à la magistrature suprême par ses concitoyens», a expliqué le 2 avril le porte-parole de la présidence.

Il a indiqué que le chef de l’Etat avait instruit «tous les membres du gouvernement de produire (…) des plans d’actions prioritaires ministériels à court terme» et de les lui faire parvenir avant la fin du mois.

De nombreux «grands chantiers» annoncés par le gouvernement tardent à prendre forme, comme ceux de la Coupe d’Afrique des Nations 2012 dont les graves retards accusés suscitent une vive polémique dans la communauté nationale et internationale.

«Le président de la République s’étonne de ce que les programmes tels que la construction des routes, la poursuite et l’accélération des travaux de la Coupe d’Afrique des Nations 2012, les travaux du cinquantenaire de notre indépendance, la construction des logements ne sont point avancés ou tardent à prendre forme», poursuit Guy Bertrand Mapangou.

«Le président a également observé avec tristesse l’instrumentalisation de la réglementation en matière des marchés publics en vue de compliquer la bonne exécution des projets identifiés», a-t-il ajouté.

«Que celui qui n’a pas la capacité de réaliser ces actions se prononce dès maintenant pour me permettre des prendre les mesures correctives nécessaires en vue d’atteindre les objectifs du Gabon émergent», aurait enfin déclaré le chef de l’Etat.

Une volée de bois vert qui rappelle les ministres gabonais aux engagements d’efficacité qu’ils avaient unanimement pris quelques jours après leur installation. «Les membres du Gouvernement sont tenus d’une obligation de résultats. Dans cette optique, un agenda gouvernemental, comportant les résultats attendus et un échéancier sera élaboré pour chaque département ministériel. Du fait de cette contrainte, les Ministres doivent d’une part marquer leur passage au Gouvernement par des actions concrètes et d’autre part, aller autant que nécessaire sur le terrain afin d’avoir une lisibilité objective de la situation du pays. Leur performance sera mesurée, chaque trimestre, par leur aptitude à atteindre ces résultats».


Or, le gouvernement arrive à l’échéance de son deuxième trimestre, et aucune évaluation ne semble encore avoir été réalisée pour faire le point sur son efficacité. Toutefois, l’exécutif ne devrait pas attendre le départ volontaire des membres du gouvernement pour apporter les correctifs qu’il juge nécessaire pour asseoir l’efficacité de l’action gouvernementale. Gouverner c’est aussi savoir trancher dans le vif quand il le faut.

«Notre modeste observation participante nous contraint et nous conduit inexorablement vers une obligation de suivi, d’évaluation des résultats, pour éviter les erreurs du passé», avait déclaré le chef de l’Etat, lors de son discours d’investiture le 16 octobre dernier.