Le Comité central d’entreprise (CCE) de Plysorol a annoncé qu’il allait intenter une action en justice contre le repreneur chinois de l’entreprise, Guohua Zhang, pour délit de banqueroute. Mais les employés craignent que le processus judiciaire soit trop lent pour empêcher le transfert vers une autre filiale de l’industriel chinois des droits d’exploitation des concessions forestières de la société au Gabon.
Course contre la montre pour les avocats du Comité central d’entreprise (CCE) de Plysorol, en France, qui doivent parvenir à bloquer le tacite processus de démantèlement de la société par le repreneur chinois avant la fuite des actifs de la société vers des filiales de droit chinois.
Le géant français du contreplaqué rit jaune depuis sa reprise il y a un an par l’industriel chinois Guohua Zhang qui lui promettait monts et merveilles. La lune de miel a tourné court, la reprise de l’entreprise par le Chinois préparait finalement, selon la partie française, le démantèlement de la société pour s’emparer des immenses concessions forestières de la société au Gabon.
L’avocat du CCE, maître Philippe Brun, a annoncé qu’une plainte serait déposée dans les prochains jours auprès du procureur de la République du tribunal de Lisieux contre la direction de l’entreprise pour délit de banqueroute, c’est-à-dire organisation de la non-solvabilité de l’entreprise, la direction ayant déjà camouflé une dette de près de 10 millions d’euros.
La plainte portera également sur le délit d’entrave au fonctionnement du CCE au motif de non production de documents. La direction avait en effet refusé de fournir les chiffres de l’entreprise, malgré l’injonction du tribunal de commerce.
Le dernier volet de la plainte, et non des moindre, portera sur la clause d’inaliénabilité des actifs de l’entreprise pour trois ans que contenait le contrat de cession signé il y a un an par le groupe chinois. Or, selon des sources concordantes, tout porte à croire que l’industriel chinois tenterait actuellement de faire passer le droit d’exploitation d’une forêt gabonaise de Plysorol à une autre filiale du groupe chinois.
Les salariés détiendraient des documents demandant le transfert de permis forestiers appartenant aux filiales gabonaises de Plysorol, vers la société Concours Bois SARL, ainsi qu’un contrat de vente d’engins vers la même entreprise, qui serait immatriculée au registre du commerce à Libreville et dirigée par un ressortissant chinois. Tous sont signés par François Wu, directeur général de Plysorol Europe. Ajoutés aux dettes de Plysorol auprès des organismes sociaux et de ses fournisseurs, ces contrats de vente laissent penser à un démantèlement organisé de la société qui serait, sans ses centaines de milliers d’hectares de forêt au Gabon, vidée de sa substance.
Si ces présomptions se confirmaient, le temps serait très court pour agir avant que l’affaire ne passe sous la juridiction gabonaise. Plysorol totalise aujourd’hui environ 500 employés sur ses sites français, et 250 dans ses filiales gabonaises.