Après la mise en redressement judiciaire de Plysorol en France, ce sont les filiales gabonaises du groupe qui sombrent dans le malaise. Une trentaine d’employés de Leroy Gabon et Pogab ont séquestré les dirigeants de la société dans leurs bureaux le 12 avril dernier à Owendo, au Sud de Libreville.
Les filiales gabonaises du groupe français Plysorol, ancien leader européen du contreplaqué, sont dans la tourmente depuis la mise en redressement judiciaire du groupe en France et les démêlés du repreneur chinois avec la justice gabonaise.
Le 12 avril, une trentaine d’employés de Leroy Gabon et Pogab ont séquestré le directeur commercial chinois, Schen Hao, une employée chinoise ainsi qu’un consultant français, Michel Poussard, dans leurs bureaux d’Owendo pour réclamer leurs primes de logements et protester contre le «démantèlement des sociétés».
Le ministre des Eaux et Forêts, Martin Mabala, s’est rendu sur les lieux dans l’après-midi pour trouver une solution au problème. Mais comme en France, les employés dénoncent un profond malaise depuis la reprise du groupe par l’industriel chinois Guohua Zhang, qu’ils soupçonnent d’avoir racheté Plysorol pour mettre la main sur les 600 000 hectares de forêt que possède le groupe au Gabon.
Guohua Zhang est sous le coup d’une interdiction de quitter le territoire depuis fin mars où il avait été interpellé par pour «falsification d’identité». Il aurait accumulé des dettes de plus de 2 milliards de francs CFA aux douanes gabonaises et pour près de 10 millions d’euros aux fournisseurs et administrations en France.
«On ne sait pas où on va. L’ensemble du personnel s’est montré très patient avec la nouvelle direction. (…) Il n’y aucun investissement. On n’a rien vu. Il est allé mentir en France pour la reprise», a affirmé Bruno Zoghé, directeur du personnel, à l’AFP.
En France, l’avocat du Comité central d’entreprise, maître Brun, explique qu’«il faut surtout faire la lumière sur ce qui se passe exactement dans les filiales de Plysorol au Gabon, Leroy Gabon et Pogab. La vente des engins de Leroy à une société nommée Concours Bois aurait en effet bien eu lieu pour un montant de 106 550 euros. (…). Les tentatives de transfert de permis forestiers vers la même société auraient, en revanche, été refusées par l’État gabonais».
Après l’interdiction d’exportation des grumes décrétée en janvier dernier par le gouvernement gabonais, les employés de Leroy Gabon et Pogab soupçonnent le repreneur chinois de vouloir mettre la clé sous la porte. Le 9 avril dernier, la chaudière qui alimente l’usine de Pogab est partie en fumée «faute d’entretien» ont affirmé les employés.
Après son placement en redressement judiciaire le 9 avril, les employés comptent désormais sur un autre repreneur, alors que le groupe ghanéen à capitaux libanais John Bitar & Co, coiffé sur le poteau en mars dernier par les chinois, serait toujours intéressé.