Les stations-service étaient pris d’assaut mercredi à Libreville et Port-Gentil (sud), les capitales politique et économique du Gabon, au lendemain de l’annonce d’une grève imminente dans le secteur pétrolier, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Mardi, l’Organisation nationale des employés du pétrole (Onep), qui regroupe 4.000 des 5.000 travailleurs du secteur, avait exhorté les populations à s’approvisionner en carburant et autres produits pétroliers avant le déclenchement imminent de sa grève illimitée. Le syndicat n’avait pas souhaité préciser à quel moment débuterait le mouvement.
« Le mot d’ordre de grève n’a pas encore été lancé mais c’est imminent », a indiqué à l’AFP un des responsables de l’Onep mercredi matin. Depuis, aucun d’eux n’avait pu être joint.
Le syndicat proteste contre « l’emploi abusif de main-d’oeuvre étrangère » et réclame « une refonte du système du travail dans le secteur » pétrolier après l’échec de négociations engagées début mars avec le gouvernement.
Mercredi, de longues files de voitures se sont formées le matin aux lieux de vente de carburant et étaient encore visibles jusqu’à 15H00 locales (GMT+1) à Libreville, tant dans le centre-ville que dans la banlieue. En ville, il s’agissait principalement de véhicules de particuliers alors qu’en banlieue, il y avait plus de taxis et « taxis-bus », assurant le transport en commun interurbain.
« J’ai pu faire le plein après plus d’une demi-heure d’attente mais je vais devoir revenir, parce que je n’ai pas de bidons pour faire des provisions », a expliqué un chauffeur de taxi malien n’ayant pas souhaité dévoiler son identité, rencontré à Louis, quartier proche du centre-ville.
« Il y a trop de +rang+ (queue, NLDR) en ville, alors je suis allé prendre le gasoil au PK8 (banlieue), ça a été plus rapide là-bas », a de son côté expliqué le Camerounais Abdel, autre taxi librevillois.
A Port-Gentil, où sont basées les principales compagnies pétrolières opérant dans le pays, l’affluence aux stations-service était notée depuis 10H00, a constaté un journaliste de l’AFP.
« A l’allure où vont les choses, avant 15H00, le stock de la journée sera terminé », avait expliqué en fin de matinée à l’AFP Clément, un pompiste.
« Mieux vaut prévenir, je fais le plein. On ne sait pas combien de jours la grève va durer, j’ai ma famille à transporter », a indiqué Joseph Moussounda, chef de famille.
Les dirigeants de l’Onep avaient prévenu mardi que leur grève pourrait être « dure », « longue » et toucher tous les secteurs utilisant du carburant, sauf les hôpitaux, forces de l’ordre et une centrale électrique de Port-Gentil alimentée au gaz naturel.
Le pétrole est la principale richesse du Gabon qui en produit entre 220.000 et 240.000 barils par jour.