Le gouvernement et l’Organisation nationale des employés du pétrole (ONEP) ont trouvé un terrain d’entente dans la soirée du 16 avril pour suspendre le mouvement de grève qui paralysait la principale industrie du pays depuis deux jours. Les autorités auraient accepté les 25 conditions posées par la centrale syndicale, qui dénonçait notamment des embauches illégales massives dans la plupart des compagnies installées au Gabon.
Le pays a frôlé la paralysie totale après deux jours de grève des employés du pétrole. Alors que les stations-services affichaient «réservoirs vides» unes à unes dans la capitale gabonaise, le gouvernement et l’Organisation nationale des employés du pétrole (ONEP) sont finalement parvenus à trouver un consensus pour la reprise des activités.
«Le mouvement a été suspendu hier soir à la signature du procès-verbal. (…) Nous avons demandé à nos adhérents que la reprise du travail soit effective», a affirmé le 17 avril le secrétaire général de l’ONEP, Guy-Roger Aurat Reteno, précisant toutefois que «nous avons la latitude de la reprendre en cas de non-respect».
Le lendemain du déclenchement de la grève, le gouvernement avait tenté de désamorcer le mouvement d’humeur en annonçant une série de mesures d’urgence pour pallier aux revendications des employés du secteur. Mais l’ONEP avait jugé ces mesures insuffisantes et exigé la satisfaction totale des préalables fixées pour la reprise des négociations.
Les 25 conditions et revendications formulées par l’ONEP ont finalement reçu l’aval des autorités qui ont fixé un délai de trois mois pour trouver des solutions aux problèmes posés par la centrale syndicale. Chaque point approuvé devra par ailleurs être validé par «un arrêté signé par le Premier ministre», a précisé Guy Roger Aura Reteno.
Parmi les préalables au retour à la table des négociations, l’ONEP a obtenu des autorités «la création d’une inspection spéciale du Travail chargée du secteur pétrolier» et «la ‘gabonisation’ des postes d’exécution». Deux mesures qui doivent permettre de pallier le problème des embauches illégales massives d’étrangers dans les compagnies installées au Gabon.
Les négociations ont repris ce matin à la Primature et sur les sites de production, la plupart des employés ont repris du service depuis le week-end.
Mardi dernier, l’ONEP avait vertement dénoncé le manque de «sérieux» de la commission interministérielle chargée de résoudre les problèmes du secteur, ainsi que le constat alarmant de l’embauche illégale dans le secteur pétrolier alors que «sur les trois premières entreprises étudiées, nous arrivons déjà à plus de 800 embauches illégales», avait indiqué le porte-parole de l’ONEP, Arnaud Engandji.
Selon les estimations du budget 2010, les recettes de l’industrie pétrolière devraient rapporter 1,5 milliards d’euros au Gabon en 2010, soit environ 42% de son budget. En mars 2008, l’arrêt total de l’activité de seule Shell Gabon avait entraîné un manque à gagner de plus d’un milliard de francs CFA par jour pour l’Etat gabonais, qui détient au moins 25% des parts des compagnies pétrolières installés sur son sol.