Les ministres en charge des transports aériens des 18 Etats membres de l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et Madagascar (ASECNA) sont attendus à Libreville du 26 au 28 avril prochains pour parapher la nouvelle convention qui remplacera celle signée en 1974 à Dakar. La «Convention de Libreville» doit mettre fin aux dissensions internes qui minent l’agence depuis plusieurs années, et désamorcer le conflit «explosif» qui entoure la désignation du nouveau directeur.
Auréolée des efforts de médiation du défunt président gabonais pour apaiser les tensions entre les pays membres en 2008, c’est Libreville qui accueillera le 28 avril prochain les ministres des transports aériens des 18 Etats membres de l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et Madagascar (ASECNA) pour la signature de la nouvelle convention.
La révision de la «Convention de Dakar» signée en 1974 doit permettre de moderniser les textes de base de l’institution et assurer leur meilleure adaptation à l’environnement aéronautique international.
Mais ce conclave revêt également une importance capitale pour l’avenir de l’agence confrontée à de graves dissensions internes depuis plusieurs années. La médiation engagée du défunt président Omar Bongo auprès de ses pairs des Etats membres avaient certes permis d’apaiser les tensions, mais n’avaient soldé les conflits d’intérêts qui placent encore aujourd’hui l’agence au bord du gouffre.
Pour le quotidien sénégalais l’Observateur, plusieurs pays membres de l’ASECNA pourraient refuser de ratifier la nouvelle convention, et partant de quitter l’agence avec le risque d’éclatement que cela entraînerait.
Au centre des dissensions se trouverait le mandat de l’actuel directeur général de l’agence, le tchadien Youssouph Majamat, dont la probité serait remise en question par plusieurs pays membres.
«Le manque de transparence est en train de couler l’ASECNA. (…) Sur des ressources annuelles d’environ 160 milliards de FCFA, le Sénégal y contribue pour 72 milliards. (…) Nous devons savoir où va notre argent», expliquait le ministre sénégalais des Transports, Farba Senghor, au plus fort de la crise en 2008.
Lors des médiations entreprises par les chefs d’Etats des pays membres pour sauver l’agence, il aurait été décidé le départ de l’actuel directeur général et «c’est seulement dans un souci d’apaisement qu’à la réunion du Comité des ministres de Ouagadougou en juillet 2009, il a été consenti de le laisser finir son mandat», selon des sources proches du dossier citées par l’Observateur.
Or la candidature du tchadien à sa propre succession aurait réveillé les dissensions internes entre les pays membres. Plusieurs sources proches du dossier estiment à cet effet que l’avenir de l’agence sera conditionnée par le conclave de Libreville le 28 avril prochain, dernier virage avant la réunion de juillet et au cours de laquelle sera dévoilé le nom du nouveau directeur général de l’ASECNA.
Pour le nouveau ministre sénégalais des Transports aériens, Karim Wade, «le départ de l’actuel Directeur général de l’ASECNA est clairement retenu de façon concomitante au retour du Sénégal dans ce forum».
Le Mauritanien Mohamed Khaled Ould Salem Sidya, le Malien Amadou Ousmane Guitteye et le Togolais Christian Foly-Kossi sont également candidat à ce poste.
Fondée en 1959, l’Asecna est chargée du contrôle de la circulation, du guidage des avions et de la transmission des informations dans un espace aérien de 16 millions de km2, soit 1,5 fois l’Europe. Elle gère aussi l’approche et l’atterrissage des avions. Elle regroupe le Bénin, le Burkina Faso, le Cameroun, la Centrafrique, les Comores, le Congo, la Côte d’Ivoire, le Gabon, la Guinée Bissau, la Guinée équatoriale, Madagascar, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal, le Tchad, le Togo et la France (qui dispose d’aéroports à Mayotte et La Réunion).