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REUSSIR – Gabon : Les Intérêts en Hausse

Le secteur énergétique du Gabon se prépare à se jeter à l’eau : il lance un appel d’offres pour le forage en mer profonde et très profonde.
Le ministère de l’Energie a récemment annoncé qu’il mettait sur le marché 42 blocs, soit une superficie totale d’environ 110 000 km2, avant la fin de l’année. CGGVeritas, une entreprise de géophysique marine basée à Paris, a acquis presque l’équivalent de 13 000 km2 de données sismiques 2-D et 3-D des zones au large des côtes méridionales et septentrionales du pays ; les résultats en seront publiés lors des présentations de données en mai.
Les autorités espèrent pouvoir encourager les activités d’exploration sous les couches salines encore inexplorées, loin des zones d’eaux peu profondes en évolution. Jusqu’à maintenant le Gabon accusait du retard par rapport aux autres nations d’Afrique de l’Ouest en ce qui concerne l’exploitation des eaux profondes. Mais depuis le succès qu’ont récemment connu des pays comme l’Angola, le Cameroun, le Ghana et le Brésil, le pays est impatient de savoir si ses eaux profondes renferment un potentiel commercial.
La production pétrolière nationale du Gabon, à l’origine d’environ 60% des recettes publiques, fléchit depuis plusieurs années. Selon IHS, un fournisseur international de renseignements commerciaux, la production moyenne du pays est tombée à environ 235 000 barils par jour, alors qu’elle était à 350 000 en 1997. Le Gabon est le quatrième plus grand producteur de pétrole sub-saharien, après le Nigeria, l’Angola et la Guinée équatoriale.
Étant donné que depuis 2006, le prix du pétrole est monté et que cela rend la production marginale plus profitable, de petites poches de pétrole ont été mises sur le marché, ce qui a compensé le fléchissement de la production et rallongé la durée de vie du secteur. Par exemple, Maurel & Prom, une compagnie pétrolière française, a annoncé, en février dernier, une découverte fructueuse dans son exploitation côtière d’Onal, découverte qui lui a permis de mettre sur le marché environ 10 000 barils par jour.
Selon Charles Tchen, le directeur et fondateur de Independent Petroleum Consultants, une entreprise du domaine de l’énergie basée à Libreville, encouragés par la stabilisation des prix du pétrole et des découvertes fructueuses réalisées dans le reste du pays, davantage de producteurs annoncent pour les années à venir des investissements dans des blocs existants. Ainsi, les petites poches permettront sans doute de maintenir le niveau actuel de la production pendant les cinq à dix années à venir.
Le nouvel appel d’offres vise également à attirer davantage d’acteurs vers les blocs gabonais. En effet, bien que de grandes compagnies pétrolières internationales, comme Shell, Total et ENI, soient présentes au Gabon depuis de longues années, seulement sept sociétés y produisaient du pétrole en juillet 2009 et 11 y étaient en phase d’exploration.
Les autorités gabonaises cherchent à attirer des entreprises à la fois de pays traditionnellement partenaires, comme la France, ou d’ailleurs, y compris d’aussi loin que l’Amérique du Nord et l’Asie. D’ailleurs, une campagne de marketing internationale sera lancée en même temps que l’appel d’offres afin de promouvoir les nouvelles concessions à Paris, à Londres, à Houston, à Calgary et à Singapour.
Cependant, si les découvertes en mer effectuées récemment sont encourageantes, certains nouveaux éléments risquent de nuire à l’appel d’offres à venir.
Parmi ces éléments figure le lancement ce mois-ci d’un appel d’offres concurrent pour des blocs en mer à Sao Tomé-et-Principe, un pays insulaire situé à environ 250 km de la côte nord-ouest du Gabon.
Mais aussi, et surtout, on compte l’annonce faite récemment concernant la création d’une nouvelle compagnie pétrolière publique, une nouveauté pour le Gabon. En effet, au début de l’année, le président Ali Bongo a annoncé la création, comme prévu, de la Gabon Oil Company (GOC), qui aura pour mandat de ’’contrôler la participation de l’Etat dans les compagnies pétrolières, ainsi que de gérer l’exploration, l’exploitation et la distribution’’.
Les détails concernant le rôle que jouera la GOC dans la production et les contrats actuels et futurs seront fournis ultérieurement. Cependant, bien que les termes des investissements aient été favorables jusque-là, cette incertitude aura un effet sur l’intérêt des investisseurs.
Il n’en est pas moins que le gouvernement a fait son possible pour s’assurer que les conditions de l’appel d’offres à venir soient les plus attrayantes possible.
Louis Gaston Aubame, le directeur des affaires économiques au ministère des Mines, du Pétrole et des Hydrocarbures, a récemment déclaré aux médias locaux que « l’Etat gabonais limitera sa part de la production pétrolière dans les blocs d’exploration qui seront bientôt ouverts en mer à 62.5%’’, ce qui tranche avec d’autres pays d’Afrique, comme la Libye, où le gouvernement réclame régulièrement 90%.
’’Nous essayons d’offrir de meilleures conditions fiscales que le Cameroun et la Guinée équatoriale. Nous voulons également faire concurrence à l’Angola et au Nigeria par le biais des termes que nous offrons et de notre stabilité politique’’, a ajouté M Aubame.
Julien Nkoghé Békalé, le ministre des Mines, du Pétrole et des Hydrocarbures du Gabon, a récemment déclaré que « le Gabon [était] en train d’améliorer son climat d’investissement pour attirer un maximum d’investisseurs ; nous devons avoir un système fiscal attrayant ».
Quelques semaines après l’annonce de l’appel d’offres, les autorités ont remis à plus tard le début du processus, qui devait originalement avoir lieu le 5 mai. Selon le communiqué, l’appel d’offres a provoqué des réactions si vives que le ministère du Pétrole a décidé d’accorder davantage de temps aux compagnies pétrolières pour préparer leurs offres.
Bien que les premières réactions des investisseurs soient positives, le succès de l’appel d’offres dépend largement de la visibilité de la nouvelle politique relative aux ressources naturelles du gouvernement. En effet, dans la mesure où plusieurs pays du golfe de Guinée développent leurs activités en mer, le Gabon vise à s’assurer que les termes qu’il offre sont les plus compétitifs possible.

(Source : Oxford Business Group)

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