Le repreneur chinois de Plysorol, Guohua Zhang, continue de mettre la pression sur les autorités gabonaises pour obtenir le transfert des droits d’exploitation des 600 000 hectares de forêts des filiales gabonaises de la société française à ses filiales chinoises au Gabon.
Les potentiels repreneurs qui préparent déjà leurs offres en France pourraient bien se battre pour un gâteau vide. Si l’actionnaire chinois de Plysorol parvenait à récupérer les concessions forestières exploitées par les filiales gabonaises du groupe, la société serait vidée de sa substance et promise à une mort rapide.
C’est tout l’enjeu de «l’affaire Plysorol», dont le nœud gordien se trouve aujourd’hui sous la coupe de la justice gabonaise, assaillie par la partie chinoise pour transférer les actifs de Leroy Gabon et Pogab, les deux filiales du groupe français, à des filiales chinoises implantées au Gabon.
Un courrier de l’avocat de la partie chinoise, maître Xavier Lebray, récemment parvenu au ministère gabonais des Eaux et Forêts explique que «s’il est exact que le jugement du tribunal de commerce de Lisieux du 31 mars 2009 a bien prévu l’inaccessibilité des actes de Plysorol SAS cédés à Plysorol Europe SAS (y compris les participation dans Leroy Gabon et Pogab), aucune disposition de ce jugement, né des actes passés en application de ce même jugement, ne prévoit l’inaccessibilité des actifs de ces mêmes filiales». Le directeur général de Plysorol, François Wu, avait brandi le même argument dans un communiqué paru le 23 avril dans la presse officielle gabonaise.
La veille, un communiqué du ministère de tutelle paraissait dans le même journal pour indiquer que «toutes cessions de titres de sociétés LEROY GABON et POGAB, de même que toutes ventes d’actifs seraient susceptibles de faire l’objet d’actions en nullité».
Le journal Ouest France rapportait également le 20 avril qu’un e-mail avait été envoyé à quelques journalistes ainsi qu’aux deux administrateurs judiciaires de l’entreprise et à un cadre de Plysorol, par François Wu qui expliquait que «notre dossier a été suivi en Chine à un très haut niveau. On demande au gouvernement français de faire une table ronde pour essayer de trouver une solution définitive avant que cela ne devienne une affaire diplomatique».
Aujourd’hui les pressions se multiplient sur le gouvernement gabonais de la part du partenaire chinois, et le dossier Plysorol doit figurer en bonne place des discussions qui se sont déroulées entre les autorités chinoises et gabonaises à l’occasion du séjour du chef de l’Etat gabonais à Shanghai pour l’ouverture de l’exposition universelle 2010.
Et avec l’interdiction d’exportation des grumes qui prend effet ferme à compter du 15 mai prochain, la partie chinoise dispose encore d’arguments pour faire pencher la balance en sa faveur. Le partenaire chinois aurait en effet déjà investi 17 millions d’euros pour la fourniture de machines de transformation locale du bois, dont quatre dérouleuses seraient déjà arrivées Gabon.
La Chine est impliquée dans des chantiers de première importance au Gabon, comme le projet Belinga ou la construction du stade d’Agondjé pour la CAN 2012.