Le Conseil national de la Communication (CNC) a tenu une séance plénière extraordinaire le 15 mai à Libreville pour adresser une mise en garde ferme aux médias gabonais face à la recrudescence des dérapages tribalistes constatés ces dernières semaines. Le CNC a notamment averti des effets pervers de telles déclarations sur la paix et la cohésion nationale.
«Le Conseil National de la Communication s’est réuni en Séance Plénière extraordinaire ce jour samedi 15 mai 2010 à la salle des réunions du 5e étage de son immeuble sis avenue Général De Gaulle.
L’ordre du jour portait uniquement sur la dérive tribaliste observée dans les médias.
En effet, depuis un certain temps, le Conseil National de la Communication constate une recrudescence des dérapages dans la presse nationale audiovisuelle et écrite qui continue à se livrer à un exercice dangereux pour l’unité du pays.
Il vous souviendra que lors de sa séance plénière du 10 novembre 2009, le Conseil National de la Communication avait suspendu (8) huit titres pour les mêmes raisons.
Malheureusement, la presse nationale se caractérise, une fois de plus, par des révélations non vérifiées, des attaques calomnieuses et injustifiées, par l’amplification et l’incitation à la haine ethnique. Ce qui s’assimile à une torche que l’on agite au-dessus d’une poudrière.
Cette dérive tribaliste s’est d’abord exprimée dans la presse audiovisuelle, notamment au cours de l’émission «Pluriel» du 17 avril 2010 diffusée sur la Radiodiffusion Télévision Gabonaise chaine 1 sous le titre de «l’église Efangélique» en lieu et place de «l’Eglise Evangélique du Gabon».
Pis, le journal Orety n°172 du 21 avril 2010 intitulé : Omar BONGO serait-il mort empoissonné ?, met en cause (2) deux compatriotes sans les citer nommément, ouvrant ainsi un débat sensible dans une société multiethnique et dont le socle est encore fragile, le journal Orety s’engage de ce fait dans une surenchère préjudiciable à la concorde nationale.
Comme il fallait s’y attendre, cet article a suscité la réaction de plusieurs journaux dont Echos du Nord n°58 du jeudi 29 avril 2010, Ezombolo n°16 du vendredi 30 avril 2010, la Une n°65 du jeudi 6 mai 2010, Misamu n° 303 du lundi 10 mai 2010, la Nation n°152 du 12 mai 2010 et Gabon d’Abord n°49 du vendredi 13 mai 2010, transposant ainsi les accusations portées contre (2) deux compatriotes à l’ensemble d’une ethnie.
Pour le Conseil National de la Communication, ces dérapages à caractère tribaliste ont atteint des proportions telles que l’instance de régulation attire solennellement l’attention des pouvoirs publics, des leaders politiques, d’opinions et de l’ensemble de la presse nationale sur la nécessité de se ressaisir pendant qu’il est encore temps. Tout le monde sait le rôle joué par les médias dans les évènements douloureux qui se sont produits sous d’autres cieux.
C’est également l’occasion pour l’institution de rappeler aux journalistes qu’ils ne gagneraient en crédibilité qu’en s’attachant à la vérité des faits tout en se gardant de se faire manipuler au risque de mettre en péril leur propre liberté ainsi que celle de la presse.
Et comme l’a si bien dit le Chef de l’Etat, garant des institutions de la République, lors de la cérémonie de présentation des vœux à la presse je cite : «celui qui perd la crédibilité perdra les lecteurs, les auditeurs et les téléspectateurs».
Fort de tout ce qui précède, le Conseil National de la Communication adresse une mise en garde ferme à tous les médias qui porteraient à nouveau atteinte à la cohésion nationale aussi bien dans leurs écrits que dans leurs émissions.
Enfin, le Conseil National de la Communication invite, une fois encore, l’ensemble des professionnels de la communication à s’astreindre à l’exercice de la rigueur dans la pratique quotidienne de leur métier, afin que la presse gabonaise participe de manière efficiente à la promotion du débat démocratique dans notre pays».