Le chanteur-guitariste et homme politique gabonais Pierre Claver ZENG est mort dans un hôpital parisien dans la nuit du 18 au 19 mai, à l’âge de 57 ans. Sa disparition est une grande perte pour la classe politique gabonaise, et surtout sa culture, tant cet artiste avait marqué celle-ci de son empreinte, au même titre qu’un Pierre Akedengue.
L’homme politique Pierre Claver ZENG
Admis à l’hôpital d’instruction des armées de Libreville, Pierre Claver ZENG a par la suite été évacué à Paris et est décédé dans la nuit du mardi 18 mai au mercredi 19 mai à l’hôpital Saint-Louis. Les circonstances de sa mort demeurent encore inconnues.
Pierre Claver ZENG EBOME, connu pour son physique de jeune premier et ce sourire discret qu’il affichait en toute circonstance, est né le 18 septembre 1953 à Ekouasse dans la province du Woleu-Ntem (Nord du Gabon). Après des études en France sanctionnées par un diplôme d’inspecteur central du Trésor , Pierre Claver ZENG rentre au Gabon en 1985. En 1990, il est nommé ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative sous Bongo père. S’ensuivra d’autres postes ministériels, et en 2001, Pierre Claver ZENG est candidat aux élections législatives. Il sera élu député sous le drapeau du MAD (Mouvement africain pour le développement) dont il est leader. Resté fidèle à Omar Bongo, à la mort de celui-ci en juin 2009, Pierre Claver ZENG quitte la majorité. Lors de la controversée présidentielle gabonaise d’août 2009, Pierre Claver ZENG soutiendra la candidature de l’ex-premier ministre Casimir OYE MBA (candidat indépendant qui se retirera de la course au dernier moment). Février 2010, Pierre Claver ZENG participe à la fondation de l’UN (Union nationale), parti regroupant plusieurs forces d’opposition dont le MAD. Pierre Claver ZENG n’avait pas hésité à dissoudre celui-ci, pour jouer à fond la carte de l’unité parmi les forces fondatrices de l’UN. Il était aussi un des vice-présidents de ce parti.
Pierre Claver ZENG, l’artiste des mots, l’érudit qui avait du chant un canal de transmission
Pierre Claver ZENG, père de l’obisco-rock (rythme qu’il vulgarisa dans les années 70-80), restera comme un auteur de chansons et de textes où la poésie flirtait avec une haute maîtrise de la langue. Même si Pierre Claver ZENG a rejoint début des années 90 la scène politique, impossible de le réduire à ce seul champ tant il aura contribué à rehausser la musique gabonaise, mais plus largement celle de son continent. Guitariste de talent doté d’une voix flirtant aussi bien avec les aigus que le doux-grave, Pierre Claver ZENG chantait essentiellement en langue fang Fang : appelés Beti au Cameroun, on les retrouve en Guinée-Equatoriale, Gabon, Cameroun et en minorité au Congo-Brazza, République centrafricaine et Sao-Tomé.et en français.
Pour cet artiste issu d’un continent et d’un peuple pour qui la parole est Verbe et à plusieurs niveaux, chanter s’apparentait à un acte allant au-delà du seul chant. Même si officiellement il ne s’est jamais défini comme un artiste engagé, ses paroles parlent pour lui : Pierre Claver ZENG aimait l’Afrique, passionnément, et n’a cessé de la chanter dans ses textes. Pierre Claver ZENG aimait l’Afrique, et à travers elle, l’Homme, dans ce qu’il a de plus universel, un Homme qui est d’autant plus fort à s’insérer dans le monde, qu’il a compris qu’il ne doit pas être coupé et déconnecté de sa propre réalité. Les textes de Pierre Claver ZENG, énigmatiques pour le profane, portent en eux une poésie et une force hors pair. Dans son livre « Pierre-Claver Zeng et l’art poétique fang : esquisse d’une herméneutique », l’universitaire Marc Mvé Bekale essaye de décrypter le langage de Pierre Claver ZENG. Pour lui, la poésie de Pierre Claver ZENG, riche et complexe, a une dimension ésotérique certaine.
Pierre Claver ZENG était un artiste des mots, un érudit dont l’éloquence avait choisi le chant pour se déployer. Aujourd’hui encore, nombreux sont ceux qui se demandent si ses textes, le charisme et la force qui s’en dégagent, sont ceux d’un simple chanteur, ou d’un initié. Ce qui est sûr, c’est que celui qui aimait à citer le nom de son village natal (Olong) dans ses morceaux, celui qui aimait chanter une culture riche, laissera un grand vide dans le cœur de beaucoup. La force d’un artiste, c’est qu’il peut disparaitre, mais qu’à travers son art, il peut toujours continuer à inspirer nos vies. L’artiste gabonais est parti à 57 ans, trop tôt, beaucoup trop tôt. Par la célébration de la langue, Pierre Claver ZENG était la preuve que nos langues, quelles qu’elles soient, sont encore un des meilleurs moyens de célébrer ce que nous sommes. Par ses textes, Pierre Claver ZENG aimait à faire référence à la sagesse ancestrale et comme disait un célèbre poète : « les morts ne sont pas morts ». Tu resteras toujours parmi nous, par des textes, ta voix et ton amour du Verbe, Pierre Claver ZENG. ©Culturefemme.com (Minsili ZANGA)
source: culture femme
INFORMATION
J’attire l’attention des vrais opposants Gabonais, de n’est plus venir se faire soigner dans les hôpitaux français en France. Réveillez – vous, vous pensez qu’ils veulent votre bonne santé!
Le sage.