Les militants gabonais vont ressortir les banderoles, les hymnes et les affiches avec l’ouverture dès le 23 mai de la campagne électorale pour l’élection législative partielle du 6 juin prochain sur cinq sièges de députés. Cette consultation électorale, la première depuis l’élection présidentielle d’août dernier, constitue un test important pour le parti au pouvoir qui devra asseoir son autorité dans les fiefs de ses anciens cadres démissionnaires.
Pendant deux semaines, cinq départements vibreront de nouveau au rythme des meetings, des affiches et des banderoles en prélude au scrutin législatif partiel du 6 mai qui doit remplacer les cadres du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir) passé dans l’opposition depuis l’élection présidentielle d’août dernier.
Cinq sièges de députés sont en jeu, dont quatre étaient occupés par des anciens barons du parti au pouvoir qui tenteront de conserver leurs fiefs respectifs sous les couleurs de l’Union nationale (UN, opposition).
A Libreville, au 1er siège du 2e arrondissement, le dernier Premier ministre d’Omar Bongo, Jean Eyeghe Ndong, tentera de reconquérir son siège sous la bannière de l’UN. En face, il aura l’adversaire qu’il avait battu en 2006, le leader du Rassemblement pour le Gabon (RPG), Paul Mba Abessole, qui vient de rallier la nouvelle majorité présidentielle après l’avoir quitté lors de l’élection présidentielle d’août dernier.
A Ntoum, le duel opposera l’ancien ministre du Pétrole, Casimir Oyé Mba qui tentera également de reconquérir son siège sous les couleurs de l’UN. Il devra pour cela se défaire de son successeur au département des Mines et du Pétrole, Julien Nkoghe Bekalé, qui défendra les couleurs du PDG.
A Médouneu dans le département du Haut-Komo, dans la province du Woleu-Ntem, l’ancien ministre de l’Intérieur, André Mba Obame, jouera également son siège perdu après son éviction du parti au pouvoir, face à Augustin Bekalé Be Nzue qui portera les couleurs du RPG.
Sur le premier siège du département de Mulundu, dans l’Ogooué-Lolo, l’ancienne ministre Paulette Missambo, également cadre de l’UN, défendra son siège face à l’actuel ministre de l’Energie, Régis Immongault. Après quatre mandats sur ce siège et 17 années passées au gouvernement, Paulette Missambo compte sur la fidélité de ses électeurs pour conserver son siège au Parlement.
Pour le PDG, il s’agit d’asseoir son pouvoir après une élection présidentielle vertement contestée par l’opposition. Une victoire sur les terres de ses cadres démissionnaires donnerait des ailes au PDG qui peine à se remettre d’une difficile transition politique.
Les «nouveaux opposants» comptent également sur cette consultation électorale pour tester sur le terrain l’approbation des militants à la formation d’un «grand parti de l’opposition» visant à asseoir un véritable contre-pouvoir démocratique.
Cette élection ne sera toutefois pas exempte des récurrents débats sur la transparence. Le président de l’UN, Zacharie Myboto, a saisi le 21 mai la Commission électorale nationale autonome et permanente (CENAP) pour dénoncer la modification des listes électorales avec près de 500 radiations et plus d’une cinquantaine de nouvelles inscriptions.
Saisi sur ce point, le ministère de l’Intérieur explique qu’il s’agit de la poursuite du nettoyage des doublons. «Pour cette élection, nous avons continué à traiter les doublons, nous avons essayé un tant soit peu de retirer certains doublons, nous avons radié les décédés. La base du fichier que nous allons présenter est celui de 2009 mais nous pensons qu’il est assez fiable», nous expliquait le 6 mai Jean François Ndongou.
Mais pour son prédécesseur et candidat de l’UN pour le siège de Médouneu, André Mba Obame, «les seules listes valables, ce sont celles ayant servi aux présidentielles».
«Rien ne pourrait justifier qu’on ait essayé de rectifier ou de chasser les doublons. On chasse les doublons après une période de révision des listes or, à ma connaissance, depuis l’élection présidentielle, il n’y a jamais eu d’opérations de révision des listes puisque lorsqu’une telle opération est menée, elle se fait avec la participation des principaux partis politiques de la majorité et de l’opposition», a-t-il déclaré de retour à Libreville le 17 mai dernier.
La campagne électorale se poursuivra jusqu’au 5 juin prochain à minuit et les bureaux de vote s’ouvriront le dimanche 6 juin de 7H00 à 18H00.