Le lancement le 23 mai de la campagne électorale pour le scrutin législatif partiel sur cinq sièges de députés a ouvert le champ à une bataille rangée entre les nouveaux poids lourds de l’opposition fédérés au sein de l’Union nationale (UN) et les représentants de la majorité républicaine soutenus par le Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir).

Le vent de la campagne électorale pour le scrutin législatif partiel a soufflé sur les braises des joutes politiques d’août dernier, ravivant les flambeaux et redressant les chevaux de bataille. Surtout, cette consultation électorale se dessine, pour la nouvelle opposition comme pour la nouvelle majorité, comme un test décisif des positions de chacun sur le nouvel échiquier politique.

Pour les anciens barons du PDG démissionnaires en juillet dernier et regroupés au sein de l’Union nationale (UN, opposition), il s’agit de reconquérir leurs sièges sous les couleurs de l’opposition et dans la continuation de l’élection présidentielle d’août dernier, à laquelle trois d’entre eux étaient candidat, dont André Mba Obame qui était arrivé second.

Au premier siège du 2è arrondissement de Libreville, l’ancien Premier ministre et aujourd’hui vice-président de l’UN, Jean Eyeghe Ndong, est opposé à Paul Mba Abessole, qui s’était rallié au candidat de l’opposition en août dernier, avant de suspendre sa carrière politique puis de revenir dans la majorité.

Des revirements qui ont laissé plus d’un perplexe, et qui pourraient desservir le président du Rassemblement du peuple gabonais (RPG, majorité). «Si j’ai de bons souvenirs, un de ses députés a été exclu des rangs de son parti politique en janvier pour avoir accordé un vote de confiance à la déclaration de politique générale du Premier ministre Paul Biyoghe Mba. Aujourd’hui, il est signataire de la Charte de la majorité…», s’étonne Jean Eyeghe Ndong.

«L’UN est un panier à crabes» réplique son adversaire. «Comment peut-il dire que deux anciens Premiers ministres et plusieurs anciens ministres sont des crabes alors qu’il a pris fait et cause pour le candidat André Mba Obame lors du scrutin présidentiel d’août dernier ?», confie encore Jean Eyeghe Ndong au quotidien Gabon Matin.

«C’était simplement parce que je répondais à une candidature unique pour l’opposition», se défend le père Mba Abessole.

Mais pour le président du RNB, battu en 2006 par Eyeghe Ndong sur cette circonscription, les victoires des actuels cadres de l’UN n’étaient dues qu’à leur appartenance au PDG et dans certains cas au «tripatouillage» des résultats. Pour le siège de Médouneu où son parti est également en lice avec l’UN, notamment avec son secrétaire exécutif, Mba Abessole dénonce : «on sait ce qui s’est souvent passé pour ses victoires entre les urnes, l’argent et le fichier électoral…il était ministre de l’Intérieur à l’époque».

Un dialogue politique peu enrichissant donc et une consultation électorale qui se dessine davantage comme un règlement de compte de l’élection présidentielle.

D’ailleurs pour l’ouverture de la campagne, le président de l’UN, Zacharie Myboto, rassemble ses militants sur les espoirs d’alternance démocratique et mise sur le fait que le retour à l’assemblée nationale des quatre cadres de l’UN permettra de peser sur les dossiers des «libertés publiques et la transparence électorale avec l’introduction de la biométrie dans le fichier électoral et sa mise à plat, le retour au scrutin à deux tours pour les élections uninominales, le recentrage des compétences de la Cour constitutionnelle en matière électorale et la réforme de la Commission électorale nationale autonome et permanente (CENAP)».

En face, le PDG a misé sur deux nouveaux «poids lourds financiers» du gouvernement avec Julien Nkoghe Bekalé à Ntoum et Régis Immongault à Mulundu, qui occupent respectivement les juteux portefeuilles des Mines et de l’Energie.

Si donc la victoire de Mba Obame dans son fief de Médouneu ne semble poser aucun souci à l’UN et qu’Eyeghe Ndong est donné favori au 2e arrondissement de Libreville, deux âpres batailles à fleurets non mouchetés s’annoncent à Ntoum et Mulundu, où l’UN est directement opposée au PDG et à sa machine électorale bien rodée.