Le monde entier a les yeux rivés sur la destination Afrique du Sud où, pendant un mois, du 11 juin au 11 juillet, va se dérouler la Coupe du monde de football de la Fédération internationale de football association (FIFA), à l’occasion de laquelle 32 nations vont rivaliser de talent pour arracher le trophée détenu par l’Italie, depuis 2006.
Si l’attraction de cette Coupe du monde reste la terre africaine, notamment le pays de Nelson Mandela, l’Afrique du Sud, qui accueille cette compétition, de loin la plus prestigieuse de la planète, pour la première fois, les pays africains, six (6), à s’être qualifiés devront également être l’autre centre d’intérêt de ce mondial 2010.
Trente deux nations, une place de leader, un trophée, une gloire, une reconnaissance internationale, au final.
Parmi les trente deux équipes, six équipes africaines devront, pour une fois, essayer de montrer une image de l’Afrique conquérante, même si en 1990, les Lions indomptables du Cameroun avaient déjà décomplexé le football du continent face au regard de l’Autre, voilé par des préjugés et des présupposés infériorisant.
C’est sans oublier qu’en 2002, les autres Lions, ceux de la Teranga du Sénégal avaient infligé une belle leçon de courage aux champions du monde français de l’époque.
2010, c’est en Afrique que cela se passe et il n’est, à n’en pas douter, question que les Africains ratent cette occasion d’écrire la plus belle page de leur histoire, alors que la Nation arc-en-ciel a gravé les première lettres en or en organisation dans les délais cette rencontre planétaire.
A Libreville, l’on reste optimiste. L’Afrique peut créer des surprises. « J’ai foi en l’Afrique. Le Cameroun et la Côte d’Ivoire peuvent surprendre », déclare, enthousiaste, un supporter camerounais à l’ancienne gare routière de Libreville, alors qu’une chaude discussion a lieu concernant les forces et les faiblesses des représentants africains.
Face aux nations européennes et américaines plus nombreuses, mieux préparées et mieux loties financièrement, ce sont l’Afrique du Sud, l’Algérie, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Nigéria, avec leur armada de stars qui évoluent, pour la plus part, dans les grands clubs occidentaux et au plus haut niveau, qui devront défendre l’Afrique.
L’AFRIQUE DU SUD
L’Afrique du Sud. C’est l’organisateur. Et l’on a remarqué, quelques fois, que l’organisateur de la compétition a toutes les chances de la remporter. L’Afrique du sud pourra donc compter sur son public, avec ses chants de ralliement et de guerre, qui forcent de tout temps admiration et adhésion.
Le défi qui attend les Bafana Bafana qui ont été qualifiés d’office, est de taille, mais la sélection semble portée par un enthousiasme sans limite.
Le pays peut compter sur le talentueux Steven Pienaar qui est devenu la figure de proue de cette sélection sud-africaine. En l’absence de Benni McCarthy, toujours en disgrâce, le milieu de terrain d’Everton apporte créativité et fantaisie dans l’entrejeu.
Le redoutable duo de récupérateurs, Siboniso Gaxa et Tsepho Masilela pourra aussi être d’un apport incontestable pour cette formation. Moins médiatiques que leur partenaire du milieu de terrain, les deux hommes abattent un travail considérable à chacune de leurs sorties.
Le sélectionneur, Carlos Alberto Parreira fait figure du magicien de l’équipe sud africaine. Le retour de ce dernier à la tête de la sélection a été accueilli avec une certaine réserve, selon les observateurs. D’après eux, « ses nombreux partisans estiment que le natif de Rio de Janeiro est l’homme de la situation. Champion du monde 1994 avec la Seleçao, Parreira ne manque pas de qualifications. Il peut également s’appuyer sur une vaste expérience, acquise au fil d’une carrière qui l’a mené aux quatre coins du monde ».
L’ALGERIE
Il a fallu attendre 24 longues années pour revoir une équipe nationale algérienne en Coupe du Monde de la FIFA. Depuis Mexique 1986, les Fennecs ont certes remporté la Coupe d’Afrique des Nations en 1990, mais ils ont surtout vécu une longue traversée du désert avant de revenir doucement mais sûrement depuis le début des années 2000. Aujourd’hui, ils se sentent plus forts que jamais. De quoi faire ambitionner à cette génération dorée une édition 2010 historique.
Auteur du but de la qualification, Antar Yahia est l’un des piliers de la défense des Verts. Un statut qu’il partage avec Madjid Bougherra, Nadir Belhadj et le portier Lounes Gaouaoui même si son suppléant, Fawzi Chaouchi, a le niveau pour bouleverser la hiérarchie. Mais c’est sans doute au milieu du terrain que cette formation possède ses meilleurs éléments. Outre le relayeur et capitaine Yazid Mansouri, les offensifs Karim Ziani et Mourad Meghni se retrouvent le plus souvent à la baguette. Enfin s’il est à la base un attaquant, Karim Matmour s’impose petit à petit comme un formidable ailier droit.
Cheik Rabah Saâdane, l’entraîneur. Après une modeste carrière de joueur au pays et un peu en France, le Cheik Rabah Saâdane – à la fois « l’ancien », mais aussi « le sage », « le maître » – embrasse rapidement celle de technicien. Il intègre même tout de suite la direction technique nationale, s’occupant d’abord de différentes équipes de jeunes. En 1982, il fait partie du staff de la grande équipe qualifiée pour la Coupe du Monde de la FIFA disputée en Espagne. Quatre ans plus tard, il est sélectionneur en chef mais paie les frais d’une compétition ratée. Il reviendra en 1999, 2003/04 et finalement en 2007 pour ne plus quitter le poste jusqu’à aujourd’hui.
LE CAMEROUN
Moins brillant que lors de son fabuleux parcours en Coupe du Monde de la FIFA 1990, le Cameroun ne sera toutefois pas une équipe à prendre à la légère en Afrique du Sud. Sélection africaine la mieux placée au Classement mondial FIFA/Coca-Cola, le Cameroun représente également la meilleure chance du continent dans cette phase finale. Les Lions Indomptables comptent cinq participations à la Coupe du Monde de la FIFA à leur actif, un record sur le continent. Aucun représentant africain n’a fait mieux que le quart de finale atteint à Italie 1990, bien que le Sénégal ait réédité l’exploit en 2002.
Samuel Eto’o a trouvé les filets à 9 reprises en 11 matches de qualification: l’attaquant de l’Inter de Milan sera le premier danger à surveiller pour les défenses adverses. Il est épaulé en attaque par Pierre Webó. Au milieu, Jean II Makoun, Stéphane Mbia et Alexandre Song apportent élégance et puissance devant l’inusable arrière-garde composée de Song, Geremi et Kameni.
L’équipe présente un bilan comptable très favorable, puisque les vétérans de la défense – Geremi, Rigobert Song et le gardien Idriss Carlos Kameni – n’ont concédé que deux buts lors des six matches de ce dernier tour de qualification.
Ce changement de cap coïncide avec l’arrivée du très pragmatique Paul Le Guen, 45 ans, à la place de l’Allemand Otto Pfister. Fort de son expérience à Lyon, aux Rangers ou au Paris Saint-Germain, le Français a fait souffler un vent de changement et de professionnalisme dans les rangs camerounais. Sa décision controversée de remettre le brassard de capitaine à Samuel Eto’o, sacré meilleur joueur d’Afrique par trois fois, en lieu et place du vétéran Rigobert Song semble avoir remotivé les deux joueurs et l’ensemble de l’équipe.
LA COTE D’IVOIRE
De nombreux spécialistes estiment que la Coupe du Monde de la FIFA 2010 représente une superbe occasion pour une sélection africaine de percer au plus haut niveau. Sur le papier, la Côte d’Ivoire paraît la mieux équipée pour tenir tête aux meilleurs. Compte tenu de la qualité de l’effectif dont dispose la sélection, les rêves les plus fous sont en effet permis. En outre, les Eléphants ont une revanche à prendre après leur élimination dès le premier tour d’Allemagne 2006. Versés dans un groupe très relevé, les Ivoiriens s’étaient inclinés d’un rien face à l’Argentine et aux Pays-Bas (2:1) avant de boucler leur parcours par une victoire de prestige sur la Serbie et Monténégro (3:2).
La Côte d’Ivoire dispose d’un incroyable réservoir de talent. En attaque, Didier Drogba et Salomon Kalou (Chelsea) forment un duo extraordinaire. Didier Zokora (FC Séville) et Yaya Touré (FC Barcelone) se chargent de la récupération, tandis que le petit Marseillais Bakary Koné occupe souvent le couloir droit. En défense, les « Anglais » Emmanuel Eboué (Arsenal) et Kolo Touré (Manchester City) apportent leur expérience du haut niveau. Arthur Boka (VfB Stuttgart) complète utilement l’une des meilleures défenses africaines.
L’entraîneur Vahid Halilhodzic a pris les commandes de la Côte d’Ivoire au lendemain de la Coupe d’Afrique des Nations de la CAF 2008. Mais malgré son remarquable parcours en qualifications, le technicien bosniaque sera débarqué après la CAN 2010 dont les Eléphants sont éliminés en quart de finale. Cette unique défaite dans son mandat aura coûté son poste à « Coach Vahid ». Pour prendre la suite, la Côte d’Ivoire mise sur un sélectionneur aussi médiatique qu’expérimenté, Sven-Göran Eriksson. Même s’il n’aura eu que trois mois pour se préparer au tournoi, le Suédois peut s’appuyer sur ses expériences à la tête de l’Angleterre et du Mexique.
LE GHANA
Seul représentant africain en huitièmes d’Allemagne 2006 et premier membre de la CAF à composter son billet pour l’édition 2010, le Ghana est bien décidé à s’affirmer comme la nation forte de son continent. Il ne s’agira que de la deuxième apparition des Black Stars dans l’épreuve suprême, mais les Ghanéens ont souvent été à leur avantage dans toutes les catégories du football mondial. Ils ont remporté quatre Coupes d’Afrique des Nations, même si leur dernier titre continental remonte à 1982.
Le Ghana ne dispose peut-être pas de la même puissance de feu que les autres cadors africains, mais il s’appuie sur un milieu de terrain de classe mondiale emmené par Michael Essien. Le joueur de Chelsea est généralement associé à Sulley Muntari et à son capitaine Stephen Appiah. Ce formidable trio excelle aussi bien dans l’anéantissement des attaques adverses que dans la création offensive. Aux avant-postes, Asamoah Gyan, Junior Agogo et Matthew Amoah sont généralement en concurrence pour les deux places de titulaires.
Après le départ de Claude Le Roy suite à une décevante troisième place lors de la CAN 2008 disputée à domicile, c’est le Serbe Milovan Rajevac qui a pris en charge les destinées des Black Stars.
LE NIGERIA
À la Coupe du Monde de la FIFA, Afrique du Sud 2010, la cote des Super Eagles sera en deçà de celle qu’on leur a connue lors de leurs précédentes participations au tournoi. Il n’y a pas si longtemps encore, le Nigeria était considéré comme la nation africaine la mieux armée pour atteindre le dernier carré de l’épreuve reine. Cela dit, les représentants du pays le plus peuplé d’Afrique étaient absents à Allemagne 2006. Qui plus est, ils n’ont pris qu’un seul point dans leurs cinq dernières sorties en phase finale du grand rendez-vous mondial. En Afrique du Sud, le Nigeria ne fait donc pas partie des favoris. Cette absence de pression fera de lui un véritable outsider au moment de rencontrer les grandes puissances footballistiques de ce monde.
Les principaux atouts des Super Eagles se situent dans le secteur offensif, où la vitesse et le dynamisme priment grâce à Martins, Yakubu Aiyegbeni, Peter Odemwingie et les jeunes Victor Obinna et Ikechukwu Uche. Sans oublier Nwankwo Kanu, qui participera vraisemblablement pour la dernière fois au tournoi mondial. Le milieu de terrain nigérian s’organise généralement autour de Jon Obi Mikel tandis qu’à l’arrière, c’est le capitaine et défenseur central Joseph Yobo qui tient la baguette.
Malgré l’obtention de cette qualification, le sélectionneur Shaibu Amodu, vivement critiqué alors que le tournoi préliminaire venait à peine de débuter, a finalement quitté son poste à l’issue d’une CAN 2010 où le Nigeria a peiné, malgré sa troisième place. C’est le Suédois Lars Lägerback qui a repris le flambeau, choisi par la fédération nigériane grâce notamment à son expérience à la tête de la Suède pendant une décennie.