Les deux principales forces de l’opposition, l’Union nationale (UN) et l’Alliance pour le changement et la restauration (ACR) ont vivement indexé ce 18 juin une fraude flagrante et massive qu’aurait orchestrée le Parti démocratique gabonais (PGG, au pouvoir) avec la complicité de l’administration publique lors de l’élection législative partielle du 6 juin dernier.
Révision illégale des listes électorales, faux récépissés de cartes d’identité, transfert massif d’électeurs, violence physique et morale, implication des autorités administratives,…la liste est longue des griefs reprochés par l’opposition au Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir) sur le déroulement de l’élection législative partielle du 6 juin dernier.
Dans une déclaration conjointe, les deux principales forces de l’opposition, l’Union nationale (UN) et l’Alliance pour le changement et la restauration (ACR), ont dénoncé de nombreuses et graves malversations dans l’organisation du scrutin du 6 juin, la première consultation électorale depuis l’élection présidentielle d’août 2009.
En présence des cadres des deux partis ce 18 juin à Libreville, le président de l’UN, Zacharie Myboto, a notamment affirmé que «le ministre de l’Intérieur, en violation flagrante des dispositions du Code électoral, a fait procéder unilatéralement à la révision de la liste électorale, (…) au profit d’électeurs frauduleusement inscrits» particulièrement dans le Komo Mondah (Ntoum), à Mulundu (Lastourville) et à Bendjé (Mpaga).
Le ministre de l’Intérieur aurait également procédé «à l’établissement de nombreux récépissés de cartes d’identité (…) qui dans le cas d’espèces sont des faux en écriture publique, (…) [et] ont été distribués à des personnes expressément recrutées pour voter plusieurs fois sous différentes identités», a-t-il poursuivi.
Dénonçant encore «la fabrication de faux actes de naissance», Zacharie Myboto a déclaré que «cet état de fait a été mentionné dans les procès verbaux. (…) nous détenons la preuve (…) de l’implication active de l’Administration dans la fraude électorale au Gabon». Pour preuve, «un militant du PDG, fils du secrétaire général adjoint chargé des élections, s’est retrouvé en possession de listes d’émargement de la circonscription du Komo-Mondah».
A Bendjé, à Mulundu et à Ntoum, où le PDG a largement remporté l’élection, l’UN et l’ACR dénoncent le transfert massif de personnes «payées pour voter pour les candidats du PDG», notamment grâce aux minibus du ministère des Mines entre Libreville et Ntoum, où c’est l’actuel ministre des Mines qui était le candidat PDG du siège de député.
Poursuivant avec les violences morales et physiques, Zacharie Myboto a affirmé qu’«à Ntoum, le secrétaire exécutif adjoint de l’UN a été menacé avec une arme à feu», tandis qu’«à Mulundu c’est le préfet qui s’en est pris au représentant de l’Union nationale» et que le «PDG a exercé une pression morale sur les populations, proférant des menaces sur la scolarité des enfants, les emplois et carrières».
L’opposition rapporte que «les forces de défense se sont déployées le 6 juin sur le pont de la Leyou qui représente la limite administrative entre les départements de Mulundu et de la Lebombi Leyou avec pour mission d’interdire puis d’empêcher la libre circulation des citoyens sur cette partie du territoire qui paraît au pouvoir trop proche de l’Union nationale».
La liste des griefs continue avec l’implication des gouverneurs et préfets dans le choix exclusif des responsables PDG pour assumer la présidence des bureaux de vote, ainsi que la complicité des autorités administratives pour que le PDG puisse faire «main basse» sur les cartes d’électeurs à Ntoum, Lastourville et Bendjé.
«D’importantes sommes d’argent ont été remises aux populations par le PDG et le RPG, notamment dans la nuit précédent le scrutin, reléguant le vote à une opération commerciale. Et on parle de manque d’argent pour poursuivre la construction des routes, au point que les entreprises chinoises et espagnoles menacent aujourd’hui d’arrêter les travaux», poursuit le président de l’UN.
Cette «négation des principes élémentaires de la République» amène donc l’UN et l’ACR à «saisir la Cour Constitutionnelle pour demander l’annulation des élections de Mulundu, Bendjé et du Komo Mondah, (…) saisir le Conseil d’Etat et les juridictions de droit commun afin que chacun puisse répondre de ses actes». Les deux forces de l’opposition devraient également interpeller le ministre de l’Intérieur et requérir l’ouverture d’une commission d’enquête parlementaire.
«Le PDG n’a de poids que parce que l’Etat est à son service. Il en bénéficie pour son fonctionnement comme pour l’achat du vote, il est donc permis de dénoncer une fois de plus l’Etat PDG», a enfin lancé Zacharie Myboto, appelant pour conclure au vote de la loi sur la biométrie afin de garantir plus de transparence pour l’élection législative de 2011.