Par J.-S. G.
Un pays furieux, des joueurs décevants, une star contestée et un sélectionneur seul contre tous… Comme la France, le football camerounais vit un moment désespérant. S’il est parvenu à relancer les Lions Indomptables lors des éliminatoires, Paul Le Guen a, depuis, concentré toutes les pires critiques possibles. Le Breton a fait de la sélection phare du continent africain une équipe défensive, sans jeu et avec un Eto’o exilé sur la droite. Après une défaite contre le Japon (0-1), lors de la première journée dans ce groupe E de la Coupe du monde, les Camerounais peuvent prendre l’eau face au Danemark, dominé par les Pays-Bas (2-0). Le match en direct
Heureusement que les sélections de la Coupe du monde 2010 ne sont pas toutes dirigées par des entraîneurs français et des techniciens issus de notre chère Ligue 1. Le spectacle en serait encore plus médiocre en Afrique du Sud. Les deux sélectionneurs français présents lors de ce Mondial brillent par leur même volonté de ne pas rendre séduisante leur formation. Raymond Domenech est le principal responsable de l’affligeant échec des Bleus qui se profile. Paul Le Guen pourrait bien l’imiter à la tête du Cameroun.
Chef des Lions Indomptables depuis un an, en remplacement de Thomas N’Kono, l’ancien technicien du PSG a eu le mérite de qualifier un Cameroun qui était alors mal en point. Une présence en Afrique du Sud qui est consécutive à une double confrontation remportée face au Gabon d’Alain Giresse. Un immense exploit, il n’y en avait pas eu… Le Guen avait notamment relégué le vétéran Song sur le banc et injecté du sang neuf avec de nombreux jeunes. Mais les premiers éloges ont rapidement laissé place à des critiques de plus en plus vives. La prestation camerounaise à la CAN en janvier dernier y est pour beaucoup. Éliminée en quarts de finale, la sélection emmenée par Eto’o n’a guère brillé dans le jeu.
Eto’o, avec Mourinho, pas avec Le Guen
Les journalistes locaux ont souvent critiqué le manque d’envie offensive de l’équipe. Configuré dans le 4-3-3 sensiblement utilisé par Le Guen à l’OL, le Cameroun n’avait aucun homme capable de mener le jeu. Le Français a même aligné trois récupérateurs ensemble à de nombreuses reprises, dans l’incompréhension la plus totale. Pour ce Mondial, rien n’a changé. Pire, dans ce dispositif, c’est Samuel Eto’o qui évolue en tant qu’ailier droit. Le guide des Lions a évolué dans cette position lors de la seconde partie de saison de l’Inter Milan, sous les ordres de José Mourinho. Mais en sélection, il est la star, le buteur. Comment Le Guen, qui n’a rien du charisme du Portugais, peut-il utiliser son meilleur joueur dans ce rôle aussi ingrat?
Au sein du groupe, la colère est également palpable. Achille Emana, pourtant le seul milieu de terrain possédant un minimum de créativité, était étrangement laissé sur le banc face aux Nippons. « Ce que nous avons vu lors des derniers matches, et que nous trouvons dommageable, c’est que beaucoup de jeunes joueurs ont été intégrés dans l’équipe au détriment de joueurs plus expérimentés. Ils ne peuvent pas supporter le genre de pression qu’on ressent quand on joue dans un grand tournoi comme la Coupe du monde », a déclaré l’ancien joueur de Toulouse, avant de lancer: « C’est pourquoi nous appelons le coach à modifier l’équipe pour le match de samedi contre le Danemark ».
Le Danemark a les armes
Finalement peu surprenante, la défaite du Cameroun contre le Japon (1-0), lundi dernier, a donc relancé de vives polémiques au pays. Paul Le Guen est en première ligne et le peuple l’attend au tournant, prêt à en faire un ennemi public en cas d’élimination précipitée dans ce Mondial africain. L’une des sélections phare d’Afrique peut prendre l’eau dès ce samedi soir, lors de son deuxième match dans ce groupe E face au Danemark. Également défaite pour son entrée en lice, face au Pays-Bas (2-0), la sélection scandinave affiche un tout autre état d’esprit. La performance des hommes de Morten Olsen n’est pas si inquiétante.
Face à des Oranje peu étincelants offensivement, la « Danish Dynamite » s’est montrée plutôt solide avant de concéder l’ouverture du score sur un but contre son camp malheureux. Face à la formation africaine, c’est le Danemark qui doit prendre le jeu à son compte. Nicklas Bendtner, la pointe du dispositif danois, pourrait retrouver le soutien de l’expérimenté Jon Dahl Tomasson, capitaine mais trop juste physiquement pour le premier match. L’ancien Auxerrois Thomas Kahlenberg pourrait ainsi faire les frais de ce retour, Dennis Rommedahl et Jesper Gronkjaer occupant les ailes depuis de quelques années. Comme en témoigne leur campagne qualificative, avec une belle 1ère place devant le Portugal et la Suède, les Danois savent offrir du jeu. Tout le contraire d’une sélection entraînée par un technicien français.
