La répression d’une grève des transporteurs contre la hausse des prix des produits pétroliers a mal tourné à Lomé mardi, a constaté un journaliste d’AfriSCOOP. Bilan provisoire : un mort et plusieurs blessés.
Ambiance électrique mardi dans la capitale togolaise. Les conducteurs de taxi et de taxi moto ont organisé un mouvement d’humeur contre la hausse des produits pétroliers décidée vendredi par le gouvernement.
Dès les premières heures de la journée, des barricades de fortune (pneus enflammés, tables, poubelles…) sont érigées sur toutes les artères de la capitale. La nationale N°1 qui relie Lomé à l’intérieur du pays et au Sahel a été bloquée. Celle menant vers l’Est à la frontière du Bénin a été aussi fortement perturbée.
« Nous n’en pouvons plus de cette situation. Alors que nous tirons le diable par la queue, le pouvoir se permet d’augmenter le prix de l’essence », affirme à AfriSCOOP, un jeune conducteur de taxi moto communément appelé Zémidjan.
Vendredi, le gouvernement a revu à la hausse le prix des pétroliers dans le pays. Désormais, il faut débourser 580 FCFA contre 505 FCFA précédemment pour s’approvisionner en litre du super sans plomb. Le gasoil coûte 575 FCFA contre 500 FCFA auparavant. Le pétrole lampant, 475 FCFA contre 390 FCFA. Seul le gaz butane conserve son prix fixé à 3500 la bouteille de 12,5 kg. D’où le mécontentement général dans ce petit pays de l’Afrique de l’ouest majoritairement pauvre (plus de 60% de la population).
De violents affrontements entre forces de l’ordre et manifestants ont alors eu lieu à coups de grenades lacrymogènes et de jets de projectiles. En fin de journée, une radio privée de la capitale a annoncé plusieurs morts dans les rangs des manifestants et un blessé grave parmi les gendarmes.
Mais, un communiqué du ministère de la Sécurité parle plutôt d’ « un mort et de quelques blessés par balles dans le quartier Agoè » (périphérie nord de la capitale). Selon ce document officiel, la police a ouvert le feu quand les manifestants ont tenté d’attaquer une agence bancaire.
Dans la matinée, des affrontements ont également éclaté aux alentours du tribunal de Lomé. Les forces de l’ordre ont repoussé les militants de l’opposition venus soutenir le parti Organisation pour bâtir dans l’union un Togo solidaire (Obuts). Son président, l’ancien Premier ministre Agbéyomé Kodjo est poursuivi en justice par deux membres « démissionnaires ». Le procès a été renvoyé sine die.
Pendant ce temps au centre ville, des employés du premier opérateur de téléphonie mobile, Togocel qui ont voulu également manifester à la devanture de cette société pour réclamer des droits, ont été vite dispersés.
Et dire que le personnel hospitalier qui a accordé, mardi, un sursis d’un jour au gouvernement togolais, menace de rentrer lui-aussi en débrayage à partir de mercredi.