Le gouvernement gabonais a décidé ce 12 juillet de sécuriser le site fossilifère de Franceville (Est), dont le patrimoine, notamment des macrofossiles qui remettent en question les théories de datation de l’origine de la vie, était menacé par l’extraction de minerai dans cette zone.
Les autorités gabonaises ne sont pas restées insensibles au cri d’alarme de la communauté scientifique qui réclamait la protection du site fossilifère de Franceville, où une découverte majeure a été effectuée sur l’existence de la vie il y a plus de 2 milliards d’année. Le ministre des Mines, Julien Nkoghe Bekale, qui s’est rendu sur le site ce 12 juillet, a notamment demandé l’arrêt provisoire de l’extraction de minerai par la Société de construction de bâtiments (SOCOBA).
«La découverte effectuée à Franceville bouscule les certitudes, notamment les données scientifiques qui dataient l’existence de la vie sur terre à 600 millions d’années. Et maintenant avec les découvertes des fossiles dans une carrière de Franceville, cette étude nous démontre que l’existence de la vie sur terre remonte à plus de 2 milliards d’années. C’est une découverte majeure qui place le Gabon au cœur de l’actualité. Mais cela a des conséquences, parce que si ces données sont certifiées, confirmées sur le plan international et sur le plan scientifique, il va falloir classer le site comme parc national ou patrimoine mondial de l’Humanité», a indiqué le ministre des Mines.
«Je suis donc venu ce matin pour constater de visu moi-même, et faire appliquer les instructions du chef de l’Etat qui a demandé, en attendant la confirmation scientifique de ces informations, que le site soit sécurisé et qu’on arrête provisoirement l’exploitation de la carrière, en attendant que les décisions appropriés soient prises», a poursuivi Julien Nkoghe Bekale.
Une mesure quelque peu tardive mais louable, et qui devrait notamment ravir le chercheur marocain, Abderrazak El-Albani, auteur de cette découverte majeure. La semaine dernière, celui-ci a sollicité l’«état d’urgence» concernant le site fossilifère. Il estimait que le risque était grand de voir disparaître ce vivier d’importance majeur pour la science à cause de l’exploitation de minerai non loin du site à des fins de construction de bâtiments, d’ouvrages d’art, etc. Il a émis un souhait à cet effet : «il faut inscrire ce site, de quelques hectares seulement, au Patrimoine mondial. Et il faut faire très vite : Je ne sais simplement pas s’il restera quelque chose la prochaine fois que nous y retournerons». Les autorités gabonaises ne s’étaient pas encore officiellement prononcées depuis la publication de cette découverte dans la célèbre revue britannique Nature.