Nicolas Sarkozy a célébré mardi à Paris, devant les dirigeants de treize pays d’Afrique francophone, la « force des liens » qui unissent la France et ses anciennes colonies africaines, lors d’un hommage contesté organisé à l’occasion du Cinquantenaire de leur indépendance.
S’exprimant lors d’un déjeuner à l’Elysée, le chef de l’Etat français a d’emblée justifié l’invitation faite à ses pairs et sa décision de faire défiler leurs troupes sur les Champs-Elysées pour la traditionnelle parade du 14 juillet, qui ont suscité de multiples critiques.
« C’est bien mal me connaître que de penser que je puisse être inspiré par un quelconque sentiment de nostalgie envers une période dont j’ai, plus d’une fois, souligné l’injustice et les erreurs », a-t-il rétorqué à ceux qui ont pu voir dans son geste « l’expression d’un nostalgie coloniale ».
« L’objet de cette rencontre n’est donc pas de célébrer vos indépendances, vous le faites très bien vous-mêmes. Il est de célébrer la force des liens que l’Histoire a tissés entre nos peuples. Et la force de cette rencontre, c’est de construire ensemble notre avenir », a insisté Nicolas Sarkozy.
« L’invitation a été faite (par la France), par politesse nous répondons, et par intérêt aussi », a confié en écho son homologue malien, Amadou Toumani Touré, « c’est tout à fait un honneur, sinon un privilège ».
Plusieurs ONG, qui devaient manifester mardi à Paris, ont dénoncé la présence, parmi les contingents africains, de « criminels » et « coupables de violations des droits de l’Homme », ce que l’Elysée a fermement démenti. L’ex-patron du Parti socialiste, François Hollande a, lui aussi, regretté « le lieu » et « le moment » de cette rencontre.
En réponse à ces critiques, Nicolas Sarkozy a longuement plaidé la « spécificité » des liens franco-africains. « Je sais bien tout ce que la notion de +relations privilégiées+, de +relations spéciales+ charrie de soupçons et fantasmes (…) mais le moment est venu de l’assumer ensemble, sans complexe et sans arrière-pensées », a-t-il jugé.
Dans ce « passé tumultueux », il a évoqué la « dette » de la France envers les pays africains, « où commença de briller voici soixante-dix ans la flamme de la France libre et dont les fils ont versé leur sang pour libérer la France ».
Conformément à l’arrêt rendu par le Conseil constitutionnel le 28 mai dernier, le chef de l’Etat en a profité pour annoncer l’alignement des pensions de tous les anciens combattants résidant à l’étranger, quelle que soit leur nationalité.
Très attendue, cette décision devrait bénéficier à 30.000 personnes et fera l’objet, selon l’Elysée, d’un projet de loi « à la rentrée ».
« Votre décision sera unanimement saluée », s’est réjoui le président camerounais, Paul Biya, au nom de ses pairs (Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Tchad et Togo).
En froid avec Paris pour cause de présidentielle reportée sine die, l’Ivoirien Laurent Gbagbo était représenté par son ministre de la Défense.
Comme il l’avait déjà fait lors du sommet Afrique-France à Nice fin mai, le président français a défendu une nouvelle fois sa volonté de rénover les liens de la France avec l’ensemble de l’Afrique. « La vieille notion de +pré-carré+ à vécu, la France ne se prétend plus votre partenaire exclusif », a-t-il dit.
Et à ses invités, il a confirmé l’engagement de la France à maintenir « un effort soutenu » d’aide au développement. En guise d’exemple, il a annoncé une enveloppe de 180 millions d’euros sur trois ans pour la formation d’au moins 50.000 jeunes africains par an.