Ils n’étaient qu’une poignée d’activistes gabonais à se rendre à une marche de protestation presqu’anonyme le 16 juillet 2010 dernier à Washington. Le but de la marche : reprocher à Hillary Clinton ses paroles de soutien au dictateur gabonais Ali Bongo Ondimba qui avait, au cours d’une élection frauduleuse tenue le 30 août 2009 au Gabon, hérité du trône présidentiel dont son père Omar Bongo Ondimba, décédé le 8 juin 2009, s’était accaparé pendant 42 ans.
Mais c’est dans une lettre d’un certain Daniel Mengara à Hillary Clinton le 7 mars 2010 que l’on trouve la genèse de ce qui, près de six mois plus tard, se répercutera sans aucun doute dans le brutal camouflet de Barack Obama aux dictateurs africains, au moment où le président américain décide finalement, contre toute attente, de ne plus rencontrer les présidents africains comme il l’avait laissé entendre, préférant, à la place, rencontrer les jeunes représentants de la société civile africaine.
La Chronologie :
Tout commence le 8 mars 2010 à Washington.
Ayant appris assez tardivement la rencontre prévue entre Hillary Clinton et Ali Bongo au Département d’Etat américain, le Dr. Daniel Mengara, Professeur d’études francophones à Montclair State University dans le New Jersey, et fondateur du mouvement « Bongo Doit Partir », écrit à Hillary Clinton le 7 mars, lui demandant, dans une lettre savamment argumentée, de ne pas rencontrer Ali Bongo Ondimba. Mais la lettre écrite et envoyée tardivement ne parviendra pas à Hillary Clinton avant sa rencontre avec le dictateur, qui a ainsi lieu le 8 mars, c’est-à-dire un jour seulement plus tard.
Le 25 juin 2010, en marge du sommet du G8 tenu au Canada les 25 et 26 juin 2010, Barack Obama laisse entendre qu’il compte inviter 17 à 18 présidents africains à Washington en vue de célébrer avec eux le 50e anniversaire des indépendances africaines.
Ayant pris vent de la nouvelle, le Dr. Daniel Mengara et quelques activistes gabonais, dont André Bouassa, Représentant du premier parti d’opposition gabonais, l’Union du Peuple Gabonais (UPG), Patrick Ambamani et Landry Amiang Washington, s’activent. Ce même 25 juin, ils annoncent sur le site Internet du mouvement « Bongo Doit Partir » leur intention d’organiser, pour le 16 juillet, une marche de protestation devant le Département d’Etat et la Maison Blanche à Washington en vue de demander à Hillary Clinton non seulement de renoncer à ses paroles de soutien au dictateur gabonais, mais aussi de le bannir ultérieurement de toute réception officielle par les autorités américaines.
Le 30 juin 2010, le Dr. Daniel Mengara et ses compatriotes écrivent une nouvelle lettre bien argumentée à Hillary Clinton, à Barack Obama et à d’autres personnalités américaines telles le Sénateur Carl Levin, la Présidente de la Chambre des Représentants Nancy Pelosi et le Congressman du New Jersey Donald Payne. La lettre, tout en réitérant l’objet de la marche, souligne les contradictions d’Hillary Clinton quant aux promesses de Barack Obama et aux valeurs américaines, rappelant qu’Obama avait dit à Accra en 2009 qu’il n’ouvrirait la main qu’aux dirigeants qui s’avanceraient vers la démocratie et la défense des droits humains car, selon lui, l’Afrique n’avait pas besoin d’hommes forts, mais d’institutions fortes.
Par ailleurs, alors même que les rapports sur les droits humains publiés chaque année sur chaque pays du monde par le Département d’Etat qu’elle dirige avaient conclu que le Gabon était une dictature qui rendait impossible tout changement par les urnes, et que le Congrès américain avait épinglé Ali Bongo et son père dans des affaires de détournement et de blanchiment d’argent, les Gabonais s’étonnaient qu’Hillary Clinton ait choisi de compromettre toute chance de changement au Gabon en légitimant les fraudes électorales, le trafic des enfants, la dictature, la dérive dynastique et la mal-gouvernance des Bongo au Gabon. « Nous croyons qu’il est temps, Madame la Secrétaire d’Etat, que l’Amérique soutienne les vraies valeurs démocratiques en refusant désormais à Ali Bongo l’honneur de toute visite ultérieure aux Etats-Unis », écrivirent les Gabonais.
« Nous faisons également objection à la tendance des nations démocratiques et développées de mépriser l’Afrique en interprétant certaines pratiques comme acceptables tout simplement parce qu’ « il s’agit de l’Afrique ». Si les abus des droits humains et le fait qu’un président doive rester au pouvoir 42 ans durant sont des comportements inacceptables aux yeux du peuple des Etats-Unis, alors de telles pratiques doivent être considérées inacceptables en Afrique également. La démocratie ne devrait pas faire l’objet de choix ou de négociations. Elle doit être la règle, même en Afrique, » ajoute la lettre.
Le 16 juillet 2010, les Gabonais tiennent leur marche devant le Département d’Etat et la Maison Blanche à Washington. C’est d’ailleurs la seule marche durant toute cette période qui se soit tenue sur le sujet à Washington durant cette période. Premier coup de théâtre, des membres du staff d’Hillary Clinton descendent dans la rue rencontrer les manifestants. Ils récupèrent une copie de la lettre déjà adressée à Hillary Clinton le 25 juin. Le staff d’Hillary Clinton assure les manifestants qu’Hillary Clinton, qui était dans ces bureaux ce jour-là, prendrait connaissance du contenu de la lettre.
Le 21 juillet 2010, c’est-à-dire seulement cinq jours après la marche des Gabonais à Washington, deuxième coup de théâtre : Dans un communiqué officiel, le Porte Parole de la Maison Blanche annonce que le président américain avait décidé de ne plus rencontrer les présidents africains, mais qu’il choisissait plutôt de rencontrer les jeunes leaders africains dans le cadre d’un forum avec les sociétés civiles africaines.
Du 3 au 5 août 2010, Barack Obama et Hillary Clinton rencontrent plus d’une centaine de jeunes africains venant de près de 50 pays et fustigent les dirigeants africains. Faisant écho à Daniel Mengara qui avait, dans ses lettres du 7 mars et du 30 juin, fait état des anachronismes politiques et économiques du Gabon et de l’Afrique, Barack Obama, assène ses accusations et reproche aux dirigeants africains les tares qui consistent à se dire : « je suis un si bon dirigeant que pour le bénéfice du peuple je dois rester au pouvoir et donc on commence à emprisonner les opposants, à changer les lois… »
Cette poignée d’activistes gabonais qui ont tenu tête à Hillary Clinton auraient-ils influencé l’Amérique et, au passage, fait un gros camouflet aux dictateurs africains qui se frottaient déjà les mains à l’idée d’aller valider leurs forfaitures aux côtés du président américain ? En tous cas, Barack Obama, qui semble comme par hasard, de tous les pays plus grands et plus importants d’Afrique qu’il aurait pu mentionner, avoir choisi de mentionner le petit Gabon dans les tous premiers mots de son discours aux jeunes, ne peut laisser indifférent.
Un clin d’œil aux activistes gabonais ?
Coincidence?
Ces mêmes activistes qui, comme encouragés par les paroles d’Obama, comptent déjà remettre ça dans cette arrogante audace qui leur a fait décider de se rendre de nouveau à Washington ce 17 août 2010 manifester à l’ambassade de France pour y enterrer… littéralement… corbillards et cercueils à l’appui, la Françafrique… ?
Qui a dit que les souris ne pouvaient pas soulever les montagnes ?
A suivre…
BDP Presse
Bongo Doit Partir
P.O. Box 3216 TCB
West Orange, NJ 07052, USA
Tél/Fax: +1.973-447-9763
Modifié le 9 août 2010 à 19h11, heure Est des USA.
Il faut que vous ameniez deux corbillards et deux cercueils à Faure Gnassingbe car cet voleur de president mourra deux fois.