Le succès actuel dans les discothèques de Libreville de la chanson « Bombe Atomique » de la Camerounaise Lady Ponce, surtout la manière obscène de la danser et la permanence de l’Oriengo, danse qui avait déjà été interdite par le CNC, devraient relancer le débat sur la banalisation des danses obscènes. Des enfants regardent à la TV des clips à la limite du pornographique et leurs premiers pas de danse consistent à les mimer. Sonnette d’alarme !!!
Oriengo, Tchoukussa, Dombolo, Mapouka, Bobaraba… Des danses toutes aussi lubriques les unes que les autres. Et, il y en a trop sur les télévisions du Gabon : Avant et après le journal, il n’y a que ça ! Durant les interludes, il n’y a que ça ! Toujours à la limite de l’obscène. Tout se passe comme si les chorégraphes africains en général, gabonais en particulier, ne « pensent qu’à ça ».
S’il faut comprendre et admettre que la majorité danses traditionnelles en Afrique sont sexy et que, pour se justifier, les artistes invoquent la liberté d’expression et de créativité, on ne saurait soutenir que la danse ne consiste qu’à mimer des gestes obscènes. Or que ce soit durant les spectacles ou sur les vidéo-clips qui passent à la TV, l’accent est toujours mis sur les mouvements des hanches et du postérieur auxquels on ajoute des tenues suggestives qui ne manquent pas de heurter la sensibilité des téléspectateurs et particulièrement du jeune public. On sait pourtant que la diffusion de ces programmes peut avoir des effets graves quant à l’éducation des enfants et la préservation de l’identité culturelle. Tout comme ces danses peuvent remettre en cause les vertus fondamentales de la société.
Le phénomène n’est pas cependant le fait des seuls artistes. Les consommateurs y participent. Ce qui encourage sans doute les créateurs de ballets. Il y a quelque temps dans les night-clubs de Libreville, lorsque la chanson « Papa Bakala » de Pata-Pata Dj, un succès ivoirien, était programmée, on voyaiit des hommes et des femmes se tenir l’avant-bras pour évoquer un phallus tandis que d’autres se touchaient carrément les parties génitales. Encore plus actuel, lorsque le titre « Bombe Atomique » de la chanteuse camerounaise Lady Ponce, est programmée dans les bars et night-clubs, la plupart des danseuses font ostentation de leur poitrine, leur postérieur et pour finir indiquent leur partie génitale avec des gestes à la lisière de la pornographie.
Ces faits ne sont pas nouveaux ou spécifiquement gabonais. Les danses à connotation sexuelle et érotique sont visibles dans d’autres cultures. Zouk, Ragga, danse du ventre, Ndombolo, Mapouka ou Ventilateur, chacun de ces mots renvoie à une danse et à un pays particulier. Tout dépend donc de la perception ou de la vision de chaque culture et de sa propre définition de l’indécence. Si les Jamaïcains trouvent banal la manière avec laquelle leurs filles gigotent dans les « Dancehall Queen Contest », d’autres peuvent en être terriblement choqués. De même, certains adultes congolais sont horrifiés par les danses modernes de chez eux, trop explicites sexuellement, alors que les jeunes du même pays les jugent absolument normales.
Le déferlement exaspérant de cette débauche visuelle a été déclenché, au Gabon, à la fin de la décennie 90 par le succès du Dombolo congolais qui fédérait des foules autour d’une danse aux relents un tantinet sexuels dont le nom a fini par désigner le postérieur féminin. La tendance s’est ensuite accentuée avec le Mapouka ivoirien dont certaines vidéos frisaient la pornographie. Et comme pour donner la réplique, certains musiciens locaux s’y sont également mis. Le Gabon a poussé le bouchon beaucoup plus loin en inventant l’Oriengo et est allé jusqu’à s’offusquer de ce que Fally Ipoupa ait voulu l’exporter au Congo en s’en attribuant la paternité.
On ne compte les clips gabonais exhibant des filles qui se déhanchent ou font se trémousser leurs postérieurs. Les pseudos chorégraphes peuvent tout obtenir ou presque de ces filles, recrutées parmi les moins scolarisées ou les plus oisives, qui se contentent surtout de pouvoir être vues à la télé. On ne citera personne, mais un simple coup d’œil sur les programmes des télévisions non confessionnelles du Gabon en fournira des preuves. Par ailleurs, certaines danses initiatiques sont publiquement exposées. Alors que, de tradition, elles ne s’effectuent que dans des circonstances particulières, devant un public éclairé.
La clipographie gabonaise se serait ainsi mise au tempo international mais surtout à l’époque occidentale du marketing sexuel : Depuis Madonna, pour vendre plus de disques, il faut aller au-delà de simple suggestion, montrer des pans dévoilés et des formes dénudées pour attirer le plus de monde. Les Britney Spears, Lil Kim, Shakira et autres Christina Aguillera l’ont prouvé par leur succès.
Le Conseil national de la communication (CNC) avait, en février 2005, fait interdire la diffusion sur les médias locaux certaines musiques et danses «obscènes». La décision mentionnait nommément alors la danse gabonaise Oriengo du Gabonais Yves Anicet Kassa Nziengui ainsi que les titres “Carolina” du congolais Awilo Logomba, “Zizi” de l’Ivoirien Didier Bilé, “Isabelle Sonckon” et “Kamougné” du groupe ivoirien Anti-Palu, “Attalakouga” de La Jet DJ. L’organe gabonais de régulation des médias avait alors attiré l’attention du gouvernement sur la nécessité de faire aboutir des projets de lois qui lui avait été transmis en décembre 2004. Notamment un projet de loi portant protection de l’enfance et de l’adolescence. L’institution avait également invoqué la tenue d’une table ronde visant la mise en place d’une stratégie nationale pour enrayer ce qu’il est convenu d’appeler un fléau. Mais, cette action semble être restée lettre morte et a disparu avec celui qui en avait été l’initiateur : Feu Pierre Marie Dong qui dirigeait alors le CNC.
Depuis l’antiquité grecque, la danse a suscité la réflexion des philosophes. Dans sa Poétique, Aristote s’est interrogé sur la valeur de cet « art mineur » et en avait déduit qu’il dépend du sujet, de la méthode et du procédé d’imitation. Pour Platon, qui faisait de la danse un critère de bonne éducation au point d’y consacrer une étude approfondie, notamment dans « Les Lois », celui qui peut «exécuter de belles danses» ne devrait pas s’en priver. Mais qu’est-ce que donc une belle danse ? Car, il est très difficile de juger une œuvre d’art, les « goûts et les couleurs ne discutent pas », dit-on. La danse aurait par ailleurs des vertus thérapeutiques. C’est un moyen de prier et même de se préparer à défendre sa patrie. Les danses guerrières et certaines parades militaires spectaculaires procèdent de cette logique. Les artistes gabonais peuvent-ils encore défendre leur nation, du moins son intégrité culturelle ? Cette porosité de la culture gabonaise et la propension de ses artistes au mimétisme devraient faire craindre le pire à tous ceux qui ont vu comment en Jamaïque les filles dansent dans les Dancehall Queen Contest. Gare !
Je trouve qu’on exigère un peu en interdisant aux gens de danser comme ca! C’est seulement une danse et il y a d’autres sortes de danses comme la lambada qui sont aussi très sexy!