Par Professeur José KANIKI
L’Afrique d’aujourd’hui n’est plus celle des indépendances, de l’enchantement ou de beaucoup des rêves, mais celle du désenchantement dont les discours, les opinions sont pessimistes, voire catastrophiques. D’ailleurs pour la plupart des pays de l’Afrique subsaharienne, des prévisions catastrophiques vont se réaliser avec une ampleur qui défie tout entendement.
Contrairement à une élite très corrompue qui participe à la face noire du destin des populations africaines, nous estimons impératif de relever les dénominateurs communs qui placent la plupart des pays de l’Afrique subsaharienne sur la liste des Etats où des tentatives de coups de force sous forme de coups d’état, de rébellions, de soulèvements populaires, de guerres ethnico-religieuses sont possibles.
Il s’agit sur base de notre cartographie des pays suivants : Nigeria, Côte d´Ivoire, Guinée Bissau, Guinée Equatoriale, Tchad, Cameroun, Niger, Centre Afrique, Congo Brazzaville, Gabon, RDC, Angola, Rwanda, Burundi, Madagascar, Erythrée, Soudan.
Dans tous ces pays, il existe un Etat Optimum caractérisé par un système de pouvoir et de décision qui est aujourd´hui usé. Il y a une crise à la fois morale parce que le système représentant l’intérêt général donne de plus en plus le sentiment de dissimuler une forêt d’intérêts particuliers, où les pilleurs pèsent plus que les chômeurs, et une crise d’efficacité quand la pauvreté s’aggrave alors que le pouvoir se lance dans la politique de grands chantiers ou d’éléphants blancs pour masquer la prédation et les vrais problèmes sociaux.
Souvent, les inégalités sont devenues aveuglantes au point de provoquer un terrible sentiment d´injustice. Cependant, ces pays sont gérés d’une main de fer par une majorité présidentielle qui se substitue en parti-Etat et recourt à la politique du ventre.
Tous les partis politiques qui forment la galaxie présidentielle ont ce principal dénominateur, le soutien à l’action du président. La trame dans tout cela, c’est la conservation du pouvoir. A fortiori, les discours mettant en exergue la stabilité du pays viennent vendre l’image du président afin de donner un sens à son mandat. C´est comme si tout va bien.
Malheureusement, le pire est devant tous ces régimes liberticides. En somme, la politique du ventre prévaudra aussi longtemps que possible dans la mesure où le scénario repose sur ces ressources : le pétrole, le diamant, l’or, le cacao, la drogue, le bois.
Il est indéniable d’affirmer que dans ces pays, la corruption politico-administrative est générale. Le népotisme, le tribalisme, le clientélisme règnent en maîtres. Les entreprises publiques sont le cadre par excellence de cette corruption de profit, différente de la corruption de survie des peuples. Enfin, il faut souligner que la plupart des pays cités ci-haut sont malades de la démocratie.
Quelle que soit pour certains la délicatesse de la situation post-conflits, il existe une forme de dictature déguisée revêtant un habillage institutionnel dont les méthodes et les pratiques sont celles d’un régime dictatorial.
Très souvent, les postes clés sont détenus par les membres de famille ou les partisans du Chef de l´Etat. Il y a une absence de confrontation des idées et d’alternance politique générationnelle.
Les chefs d’Etat reproduisent des modèles de bonapartisme sous-développés. Somme toute, la question de la consolidation voire de la survie de ces régimes politiques est plus que jamais marquée du sceau de l’incertitude. Il appartient donc aux peuples de prendre conscience que ceux qui sont au pouvoir sont leur misère et il faut les chasser du pouvoir.