Un an jour pour jour après son arrivée à la présidence de la République, Ali Bongo Ondimba, dans un discours prononcé, samedi soir, à l’occasion de ce premier anniversaire a relevé, « sans triomphalisme aucun » que « tout indique que le bilan est positif, si je m’en tiens à votre jugement, mes compatriotes, ainsi qu’aux encouragements de la communauté internationale ».
ACCELARATION DU RYTHME DES REFORMES
Si le numéro un gabonais a marqué sa satisfaction devant le lancement de « nombreux chantiers dans plusieurs secteurs: la route, l’énergie, l’éducation, la formation professionnelle, la protection sociale, la protection de l’environnement, l’industrialisation des filières bois, et mines ainsi que la diplomatie », il a, dans la foulée, soutenu son propos par des indicateurs qui lui permettent d’avancer: « notre situation commande d’accélérer le rythme de ces réformes. Il n’y a pas d’alternatives ».
L’une des performances réalisées se trouve dans la croissance qui « cette année devrait se situer à hauteur de 5% contre une croissance négative en 2009 et ce, en dépit de la crise financière mondiale » et, sans détours, Ali Bongo Ondimba a noté : « c’est le signe que nous sommes sur la bonne voie ».
Pour autant, il existait un facteur qui aurait pu ralentir la « marche vers l’émergence », le passif de l’Etat (dette intérieure).
Aussi , le président de la République a-t-il informé : « sur un service global de 911 milliards de FCFA géré par la Direction générale de la Comptabilité publique, plus de 880 milliards ont été payés au 30 septembre 2010 » et « au niveau du budget de l’Etat, 600 milliards ont été réglés pour éponger la dette intérieure » que « l’Etat traine (…) depuis plusieurs années » et qu’il a « fallu gérer à notre arrivée ». Dans ce contexte, il a demandé qu’ « il soit procédé au paiement de ce passif qui s’est accumulé depuis 2004 ».
Ali Bongo Ondimba a justifié la « mise en place d’une « politique active de paiement des arriérés de l’Etat » par la nécessaire relance de l’ « activité économique nationale et le soutien d’un « niveau d’emplois porteurs de croissance ».
Pour lui, l’amorce du règlement de ce passif s’imposait car « fallait –il mettre au chômage des Gabonais en ne payant pas les dettes dues aux entreprises ? Je ne pouvais pas me permettre de faire un tel choix ».
« SAUVER DES MILLIERS D’EMPLOIS MENACES »
Selon le président A. Bongo Ondimba, devant les réponses aux obligations de l’Etat vis-à-vis des entreprises et d’autres partenaires, l’ « Etat s’est donc vu contraint de s’endetter auprès des banques locales » (175 milliards de FCFA, NDLR) pour assumer sa responsabilité administrative et financière et sauver des milliers d’emplois menacés ».
Outre le paiement de la dette intérieure courante de l’Etat, une autre contrainte et non des moindres s’imposait : le financement de l’investissement. Ce qui a ainsi conduit le premier responsable gabonais à identifier les « poches d’économie » ; d’où l’opération de recensement des agents publics initié au début de l’année.
« C’est l’une des toutes premières réformes à avoir été lancées, mais dont les résultats se font toujours attendre », a –t-il constaté, à l’image de ses adversaires qui n’ont de cesse réclamé la publication des suites de l’audit.
En dépit des assurances données par le ministre en charge de la Fonction publique, lesdits résultats semblent devenir une « arlésienne », a-t-on fait remarquer dans le landerneau politique.
Au-delà des chiffres, synonymes de matérialisation de la « parole » présidentielle sur le « terrain », Ali Bongo Ondimba a lancé: «le temps de l’évaluation a sonné » parce que « mes déplacements à travers le pays m’ont permis de constater que certains des projets que nous avons lancés connaissent une lenteur dans leur exécution. J’ai d’ailleurs fait remarquer au Gouvernement que beaucoup de projets, pourtant budgétisés, souffraient d’une absence criarde de réalisation ».
Et, il a concédé : « j’assume donc toutes les décisions que j’ai prises » a également assuré : « je ne ménagerai aucun effort pour que tous les problèmes qui minent vos vies trouvent rapidement des solutions» après avoir identifié « toutes les pesanteurs et poches d’inertie qui freinent notre marche vers l’Emergence ».
‘’ GABON D’ABORD’’
A ce titre, « Pour être à la hauteur de tous les défis, j’ai décidé de corriger, au plus vite, certaines erreurs, notamment celle de casting, pour placer l’homme qu’il faut à la place qu’il faut », a annoncé le chef de l’Etat puisque « ceux qui ont été chargés de la mise en œuvre de certains projets (…) se sont plutôt montrés soucieux de leurs intérêts matériels, politiciens et personnels ».
Ce volet, de toute évidence, a permis à Ali Bongo de lever un peu plus le voile sur l’éventualité d’un remaniement ministériel, largement évoqué par la presse depuis quelques semaines.
Sans doute, dans cette perspective, le président de la République a-t-il renouvelé son « appel aux Gabonaises et aux Gabonais épris de paix, de patriotisme, d’équité et de justice sociale » à « travailler ensemble dans le sens de la modernisation de notre pays et de non rayonnement économique, social et diplomatique » dans la mesure où « il n’ y a pas de honte à confronter nos idées , nos intelligences parce que l’idéal que nous poursuivons tous, c’est le développement du Gabon ».
Le cadre dans lequel doivent s’exprimer ces « intelligences » a été rappelé par le président gabonais à savoir son « projet de société » où figurent en bonne place, a-t-il précisé « la santé, l’éducation, la formation professionnelle, le logement, la route, la justice pour tous, l’assainissement de nos finances publiques, le partage, l’énergie, la démocratie, la transparence électorale, l’efficacité de notre administration ».
Cette invite, après celle du jour de son investiture, le 16 octobre 2010, adressée aux « patriotes qui pensent avant tout ‘’Gabon d’Abord’’ » a été précédée, d’un constat amer : « l’ampleur du problème ethnique dans notre pays, particulièrement dans notre administration » a regretté Ali Bongo Ondimba bien qu’il ait prescrit aux « membres du Gouvernement de privilégier les critères rationnels, notamment la compétence dans le choix de leurs collaborateurs ». Mais, a-t-il poursuivi : « Je constate que ces choix sont souvent orientés vers le village, l’ethnie, le clan ou la province » non sans observer : « Il n’est pas normal que, quand je demande des Gabonais compétents, on ne positionne que des parents ».
Il s’agit, pour lui, d’un « état d’esprit qui ronge, tel un cancer notre cohésion nationale » qui s’ « illustre pourtant assez-bien aujourd’hui à travers les mariages mixtes que nos enfants, frères et sœurs contractent chaque jour sans tenir compte de l’ethnie, de la race ou de la religion du conjoint ».
« CULTURE DU RESULTAT POUR CHAQUE ACTION ENGAGEE »
Convaincu que « le Gabon peut, grâce à ses ressources et ses compétences, changer considérablement, en une génération, le niveau de vie de tous ses enfants », il a exhorté ses compatriotes à « changer » leurs « mentalités ».
Un message en direction des syndicats du secteur de l’éducation qui, sans nommément les citer, sont montés récemment au créneau sur fond de revendications autour de l’amélioration des situations administratives.
« Comment comprendre que chaque année scolaire commence systématiquement par une grève des enseignants qui, prétextant des revendications légitimes, hypothèquent l’avenir de la jeunesse », s’interrogé le chef de l’Etat et souligné: « nous ne pouvons pas construire une société basée sur l’équité si les citoyens ne pensent qu’à leurs droits et oublient systématiquement leurs devoirs vis-à-vis des autres et de l’Etat ».
Un an après son investiture dans la plus haute fonction de l’Etat, Ali Bongo Ondimba, dans ce message à la Nation s’est attelé à dresser un bilan d’étape de son septennat en assumant toutes les « décisions qui ont été prises, y compris celles qui sont impopulaires » en demeurant attaché à la « culture du résultat pour chaque action engagée ».