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Gabon : Les ambitions d’Ali Bongo pour la suite du septennat

Assécher l’«ethnisme» dans l’administration publique, promouvoir la compétence, favoriser une meilleure circulation de l’élite pour moderniser l’Etat afin qu’il soit plus ambitieux et puisse atteindre les rivages de l’émergence, tels sont grands axes du discours d’Ali Bongo, prononcé le 16 octobre à l’occasion du 1er anniversaire de son accession à la magistrature suprême.

«Gabonaises, Gabonais,

Mes chers compatriotes,

Le 16 octobre 2009, en présence du parlement et de la Cour constitutionnelle, j’ai juré de consacrer toutes mes forces au bien du peuple gabonais. Ce serment en même temps qu’il consacrait mon entrée en fonction, mettait aussi un terme à la transition ouverte le 8 juin 2009 avec la disparition du président Omar Bongo Ondimba.

En ce jour particulier marquant la fin de la première année du mandat que vous m’avez confié, j’ai voulu m’adresser à vous non pas pour dresser un bilan, mais pour faire un point d’étape sans complaisance d’actions entreprises depuis lors au service de notre pays.

La conscience du temps qui s’écoule inexorablement fait prendre la mesure du message des faits ainsi que des jugements formulés par les uns et les autres sur les manquements observés. Le chemin à parcourir est long et parsemé d’embuches. Il nous faut à la fois surmonter diverses contraintes qui constituent autant d’obstacles, mais aussi maintenir le rythme que nous avons imprimé à notre marche vers l’émergence.

Un anniversaire comme celui-ci ne constitue pas un moment de célébrations festives, mais plutôt l’opportunité de mener une réflexion introspective toute à la fois individuelle et collective afin de tirer les meilleurs enseignements possibles de l’expérience vécue et de nous projeter dans le futur avec assurance.

Je voudrais d’ailleurs saisir l’occasion qui m’est offerte ce jour pour saluer l’esprit patriotique avec lequel nous avons salué les cinquante ans de notre indépendance, dans la communion et l’unité des cœurs. Nous avons vécu cet évènement dans la ferveur remarquable qui tranche avec les discours divisionnistes de certains de nos compatriotes.

Cette communion de cœurs a renforcé une fois de plus ma fierté de diriger un pays uni. Ce mérite est à mettre à l’actif du peuple gabonais, qui a toujours su préserver l’essentielle: la paix et l’unité nationale.

Comme vous le savez si bien, l’unité nationale a été difficile à forger. Elle s’est construite aux prix de multiples sacrifices de nos aînés. Par conséquent, nous avons le devoir de renforcer cette union pour construire une Nation plus forte.

Toutes les Grandes Nations se sont construites en abattant les murs de l’ethnisme et de la race.

Prenons soins de nos pensées parce qu’elles deviennent des mots ;

Prenons soins de nos mots parce qu’ils deviennent parce qu’ils des actions ;

Prenons soins de nos traditions et de nos habitudes parce qu’elles forment notre culture ;

Prenons soins de notre culture parce qu’elle forme notre destin ;

Notre destin commun, c’est le développement du Gabon, c’est la construction d’une Nation forte et soudée.

Au niveau des responsabilités qui sont les miennes aujourd’hui, j’ai pris la mesure de l’ampleur du problème ethnique dans notre pays. Particulièrement dans notre administration. C’est une des racines de nos incompréhensions mutuelles et qui nous empêchent d’avancer.

Pour y faire face, j’avais prescrit aux membres du Gouvernement de privilégier les critères rationnelles notamment la compétence dans le choix de leurs collaborateurs. Mais je constate que ces choix sont souvent orientés vers le village, l’ethnie, le clan ou la province.

Mes chers compatriotes,

Je suis fortement peiné de savoir que certains d’entre nous entretiennent cet état d’esprit qui ronge, tel un cancer, notre cohésion nationale. Cette cohésion nationale s’illustre pourtant assez bien aujourd’hui à travers les mariages mixtes que nos enfants, frères et sœurs contractent chaque jour sans tenir compte de l’ethnie, de la race ou de la religion du conjoint.

Il est désormais courant chez nous de rencontrer des Moussavou-Edzang, Mouele-Caron, Mbombet-Abdoulaye, etc. Quel est alors le sort de ces enfants ou de leur famille en construction si nous cultivons l’ethnisme ?

Il n’est pas normal que, quand je demande des Gabonais compétents, on ne positionne que des parents ;

Il n’est pas normal que, nous ne jugions bons que ceux qui sont de notre ethnie;

Moi, le premier, conformément au serment que j’ai prêté, je suis l’homme de toutes les ethnies, de toutes les provinces. Je me battrais de toutes mes forces, aux côtés de tous les patriotes, pour ne pas laisser de place à ces réflexes rétrogrades qui consistent à défendre ou placer d’abord le membre de sa famille, de son ethnie, de sa province même si celui-ci ne dispose d’aucune compétence, d’aucun mérite. C’est pourquoi je pense que nous devons nous résoudre à vivre ensemble.

Mes chers compatriotes,

Depuis le 16 octobre 2009, des actes ont été posés dans plusieurs domaines de notre vie nationale ; signe de notre volonté d’engager résolument le pays sur la voie de l’émergence, par la mise en œuvre de programmes pour lequel vous m’avez élu. Un programme porteur d’espoir, mais qui comporte aussi un bon nombre d’exigences à respecter. Je veux notamment parler :

– De la culture du résultat pour chaque action engagée ;

– Du respect des engagements pris ;

– De la compréhension des enjeux ;

– De la conscience claire des devoirs à accomplir ;

– Du changement de comportement et de mentalité ;

– De la préservation de la paix et de l’unité nationale ;

– Du renforcement de la sécurité des investissements, des personnes et des biens.

C’est dans cet esprit que j’ai, dès le début de mon mandat, entrepris d’initier des réformes importantes, qui m’ont parues nécessaires et urgentes. J’assume donc toutes les décisions qui ont été prises, y compris celles qui sont impopulaires. Notre situation commande d’accélérer le rythme de ces réformes. Il n’y a pas d’autres alternatives.

Nous pouvons nous réjouir sans triomphalisme aucun d’avoir lancé de nombreux chantiers dans plusieurs secteurs : la route, l’énergie, l’éducation, la formation professionnelle, la protection sociale, la protection de l’environnement, l’industrialisation des filières bois et mines, ainsi que la diplomatie.

Toute indique que le bilan est positif, si je m’en tiens à votre jugement, mes compatriotes, ainsi qu’aux encouragements de la communauté internationale. Notre croissance cette année devrait se situer à hauteur de 5% contre une croissance négative en 2009 et ce, en dépit de la crise financière mondiale. C’est le signe que nous sommes sur la bonne voie.

Il reste tout de même que, dans plusieurs autres domaines, les résultats ne sont pas satisfaisants, essentiellement du fait de l’inconscience et des défaillances de ceux qui ont été chargés de la mise en œuvre de certains projets et qui se sont plutôt montrés soucieux de leur intérêt matériel, politicien et personnel.

Je pensais ce temps révolu ! Le temps où l’action publique était entravée par la multiplication des réseaux mercantiles et politiciens, constituant ainsi des véritables goulots d’étranglement de l’action administrative et gouvernementale.

Je tiens à rappeler une fois encore, avec force, que les responsabilités que l’Etat confie aux uns et aux autres ne constituent pas uniquement des opportunités de réalisation des carrières administratives et personnelles. Ce sont, au contraire, des charges en vue de la réalisation du bien-être collectif.

Je l’ai dit et répété à maintes reprises : pour que le Gabon se développe et gagne, il faut rompre avec certaines pratiques honteuses qui consistent à mystifier et à faire semblant au lieu de s’attaquer réellement aux problèmes que vivent, au quotidien, nos compatriotes.

Je pense précisément à l’opération de recensement des agents publics. C’est l’une des toutes premières réformes à avoir été lancée, mais dont les résultats se font toujours attendre. L’objectif était d’identifier les poches d’économies à réaliser pour financer l’investissement et répondre aux obligations de l’Etat vis-à-vis des entreprises et d’autres partenaires.

L’Etat traine des impayés depuis plusieurs années. C’est un passif lourd qu’il nous a fallu gérer à notre arrivée. J’ai donc demandé qu’il soit procédé au payement de ce passif qui s’est accumulé depuis 2004. Sur un service global de 911 milliards de francs CFA géré par la direction générale de la comptabilité publique, plus de 880 milliards ont été payés au 30 septembre 2010.

Au niveau du budget de l’Etat, plus de 600 milliards ont été réglés pour éponger la dette intérieure. Il faut donc considérer qu’une politique active de paiement des arriérés de l’Etat a été mise en place, afin de relancer l’activité économique nationale et soutenir un niveau d’emploi porteur de croissance.

En effet, fallait-il mettre au chômage des Gabonais en ne payant pas de dettes dues aux entreprises ? Je ne pouvais pas me permettre de faire un tel choix. L’Etat s’est donc vu contraint de s’endetter auprès des banques locales pour assumer sa responsabilité administrative et financière et sauver des milliers d’emplois menacés.

Mes chers compatriotes,

Un pays ne peut pas se développer si l’énergie des forces vives est en permanence sollicitée dans des combats ethniques, politiciens et autres mouvements d’humeurs.

Pour moi, je vous le dis, le temps de l’évaluation a sonné. Mes déplacements à travers le pays m’ont permis de constater que certains des projets que nous avons lancés connaissent une lenteur dans leur exécution. J’ai d’ailleurs fait remarquer au gouvernement que beaucoup de projets, pourtant budgétisés, souffraient d’une absence criarde de réalisation.

En évaluant l’action du gouvernement, je mesure bien le poids de ma charge. J’assume donc toutes les décisions que j’ai prises. Car, vous attendez de moi que la conscience de mes engagements s’exprime plus dans la sens de la satisfaction de vous besoins, de vous attentes.

Vous attendez de moi une constance dans l’action en faveur de la réalisation de nos objectifs de développement;

Vous voulez voir ma parole se matérialiser sur le terrain ;

Je mesure donc chaque jour votre impatience, qui traduit les difficultés auxquelles confrontées,

Je ne ménagerai aucun pour que tous les problèmes qui mènent vos vies trouvent rapidement des solutions.

Pour être à la hauteur de tous ces défis, j’ai décidé de corriger au plus vite, certaines erreurs, notamment celles de casting, pour placer l’homme qu’il faut à la place qu’il faut.

La richesse d’un pays ne procède pas de la magie. Seul le travail compte. Les stratégies, les plans, et programmes opérationnels, conduits et exécutés par des hommes et des femmes déterminés, dévoués à la tâche permettent la production de la richesse dans le pays. J’y crois aujourd’hui plus qu’hier, et réaffirme que le Gabon peut, grâce à ses ressources et à ses compétences, changer considérablement, en une génération, le niveau de vie de tous ses enfants, à condition de nous mettre ensemble au travail et de changer nos mentalité.

Comment comprendre que chaque année scolaire commence systématiquement par une grève des enseignants qui, prétextant de revendications légitimes, hypothèquent l’avenir de la jeunesse. Nous ne pouvons pas construire une société basée sur l’équité si les citoyens ne pensent qu’à leurs droits, et oublient systématiquement leur devoir vis-à-vis des autres et de l’Etat.

Mes chers compatriotes,

J’ai insisté sur ce qui a été accompli, mais j’ai conscience que beaucoup reste à faire. J’ai identifié, grâce à vos observations et remarques, toutes les pesanteurs et poches d’inerties qui freinent notre marche vers l’émergence. C’est pourquoi, je serai de plus en plus sensible à vos idées pour que les changements tant espérés puissent s’opérer dans le sens que nous souhaitons tous.

Le Gabon ne se construira que grâce à ses enfants et à toutes les intelligences dont il regorge dans divers domaines. Je voudrais donc saisir cette occasion pour renouveler mon appel aux Gabonaises et aux Gabonais épris de paix de patriotisme, d’équité et de justice sociale. Nous devons travailler ensemble dans le sens de la modernisation de notre pays et de son rayonnement économique, social et diplomatique.

Il n’y a pas de honte à confronter nos idées, nos intelligences parce que l’Idée que nous poursuivons tous c’est le développement du Gabon. A ce propos, je suis convaincu que nous ne pouvons pas nous exprimer en termes d’appartenance politique, ethnique ou provinciale si nous sommes des patriotes qui pensons avant « Gabon d’abord ».

La santé, l’éducation, la formation professionnelle, le logement, la route, la justice pour tous, l’assainissement de nos finances publiques, le partage, l’énergie, la démocratie, la transparence électorale, l’efficacité de notre administration, figurent en bonne place dans mon projet de société.

Puis que nous partageons cette ambition politique, pourquoi ne pas conjuguer nos talents ? Pourquoi ne pas se mettre ensemble pour construire durablement notre cher et beau pays ?
C’est le devoir qui incombe à tout patriote.

Avant de terminer, je voudrais une fois de plus remercier l’ensemble du peuple gabonais qui a su m’entourer et m’accompagner durant cette première année de mandat. Grâce à votre soutient, nous allons poursuivre, avec assurance, notre marche vers l’émergence.
Vive le Gabon,

Vive la République, et que Dieu bénisse notre pays

Je vous remercie».

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