Un an après l’investiture de Ali Bongo Ondimba à la magistrature suprême, les analyses sont mitigées. Mais en attendant le grand test des législatives de 2011, ABO a de la marge pour améliorer le bilan.
Un an, c’est à la fois peu et beaucoup. Pour réveiller un pays comme le Gabon, ankylosé par des lustres d’une gestion habile, sereine et paternaliste, mais dont les efforts consacrés aux réformes auront été pour le moins tardifs et prodigués à doses homéopathiques, ce n’est rien. En revanche, pour la majorité des Gabonais, le temps semble long, très long.
Ils attendent toujours l’amélioration tangible et rapide de leur quotidien. Car, aujourd’hui comme hier, ils n’ont pour seule perspective que de continuer à tirer le diable par la queue. Les mesures de rigueur, les nouvelles méthodes, la lutte contre la gabegie, la multiplication des chantiers ou la diversification programmée de l’économie, c’est bien. Mais les citoyens n’ont pas la même notion du temps que les dirigeants et, surtout, pas du tout les mêmes préoccupations immédiates : se nourrir plus d’une fois par jour, se vêtir, se loger, trouver un emploi, voire se déplacer d’un point à un autre, tout simplement. Autant de difficultés incompréhensibles s’agissant d’un pays comme le Gabon, réputé riche en matières premières comme en ressources humaines.
Paysage politique inchangé
À leurs yeux, peu importe qui de Ali, André, Pierre, Jean ou Zacharie remportera le bras de fer engagé depuis le 30 août 2009. La recomposition du paysage politique, véritable révolution dans un pays habitué à un pouvoir monolithique et soucieux de préserver, contre espèces sonnantes et trébuchantes, son hégémonie, n’est pas encore véritablement assimilée. Hormis Omar Bongo Ondimba, les hommes sont, peu ou prou, les mêmes. Mais les repères ont changé, la grille de lecture aussi.
Avant, les opposants poussaient des cris d’orfraie avant de se précipiter dans les bras du généreux « Patron », qu’ils insultaient pourtant la veille. Ce qui ne les empêchait point, à la première contrariété venue, de reprendre leur liberté et de retourner, autant de fois que nécessaire, des vestes passablement élimées par tant de manipulations. Aujourd’hui, un an après la prise de fonctions du fils, personne ne peut reprocher aux nouveaux opposants, pour la plupart anciens barons du père, de ne pas garder le cap. Objectif : les législatives de 2011, qui en diront beaucoup sur la perception qu’ont les Gabonais d’Ali Bongo Ondimba, du « nouveau » Parti démocratique gabonais (PDG) et de ses alliés. Mais aussi sur la capacité ou non des nouvelles figures de l’opposition à incarner une alternative crédible.
Dans un an, donc, nous saurons si l’« émergence », en tout cas la vision qu’en ont les électeurs, a dépassé le stade du slogan de campagne. L’échéance est d’importance : si le PDG l’emporte et conserve la majorité, Ali Bongo Ondimba aura une voie royale devant lui et pour unique souci celui de remplir au maximum la case « actif » de son bilan. Dans le cas contraire, il devra gérer une éventuelle cohabitation et ses conséquences : les contraintes politiques inhérentes à cette situation inédite et l’affaiblissement de son pouvoir. Un test crucial, en somme, pour tous ces acteurs anciens du « nouveau » Gabon…