ABIDJAN — La Côte d’Ivoire a vécu vendredi son dernier jour de campagne avant l’élection présidentielle historique de dimanche, marqué à Abidjan par des démonstrations de force du président Laurent Gbagbo et de l’un de ses rivaux, l’ex-Premier ministre Alassane Ouattara.
« Est-ce que je peux compter sur vous? »: Laurent Gbagbo a exhorté ses troupes à la mobilisation, lors d’un rassemblement dans le grand stade de la capitale économique, envahi de plusieurs dizaines de milliers de ses partisans, a constaté l’AFP.
Dès le matin, de très nombreux jeunes en blanc et bleu, couleurs du candidat de « La majorité présidentielle » (LMP), avaient afflué aux cris d' »on va installer Gbagbo ».
« Nous gagnerons les élections », a assuré le candidat à une foule conquise.
Revenant sur la crise politico-militaire qui secoue le pays depuis le putsch manqué de 2002, il a affirmé: « nous allons réhabiliter la politique et après, plus jamais aucun Ivoirien ne prendra les armes ».
Au pouvoir depuis 2000 malgré la fin de son mandat en 2005, M. Gbagbo a expliqué avoir tiré comme « leçon » de cette crise de « ne jamais laisser les autres s’occuper de nos problèmes », et décoché quelques piques à l’ex-puissance coloniale française, avec laquelle les rapports s’étaient alors beaucoup dégradés.
Au même moment, l’un de ses principaux adversaires, l’ex-Premier ministre Alassane Dramane Ouattara (« ADO »), a sillonné Abidjan de quartier en quartier lors d’une « grande parade de la paix ».
Installé à bord d’un camion-remorque avec son épouse française, Dominique, et son staff de campagne, le leader du Rassemblement des républicains (RDR), en polo et casquette, a durant plusieurs heures fendu une foule gigantesque.
« ADO c’est la solution », « au revoir Gbagbo », s’époumonaient ses supporters, dont certains, grimpés sur des panneaux, montraient fièrement un T-shirt à l’effigie de leur champion.
Quant au troisième « grand » candidat, l’ex-président Henri Konan Bédié, il a choisi la ville côtière de Grand-Lahou (150 km à l’ouest d’Abidjan) et le stade qui porte son propre nom pour appeler les Ivoiriens à « faire le bon choix » dimanche.
« Je suis un chef, j’ai dirigé ce pays et je suis là pour le diriger à nouveau », a lancé l’ancien président renversé par un coup d’Etat en 1999, selon le texte de son discours communiqué à l’AFP.
Ouverte le 15 octobre, la campagne avait au départ suscité une certaine inquiétude, alors que l’échéance électorale six fois repoussée depuis 2005 déchaînait les passions. Au final, aucun incident majeur n’a été rapporté et les rues d’Abidjan ont souvent été le théâtre de scènes festives.
Quelque 5,7 millions d’Ivoiriens sont appelés aux urnes pour cette présidentielle destinée à clore une décennie de tourmente, dont huit ans de partition du pays en un nord rebelle et un sud loyaliste.
La journée de vendredi avait été décrétée fériée par le président Gbagbo pour « permettre la distribution effective » aux retardataires des cartes d’électeur et d’identité. Les lenteurs de cette opération avaient jusque récemment fait craindre un nouveau report du scrutin.
A Abidjan, le centre de retrait des derniers documents a été assailli dès le petit matin.
Attendant son tour dans une interminable file, une jeune femme confiait son impatience du jour « J »: « on a assez vu la guerre, maintenant on veut la paix! »
De Christophe KOFFI
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