Le premier tour de l’élection présidentielle censée réconcilier la Côte d’Ivoire a commencé dimanche matin, 5,7 millions d’électeurs étant appelés à choisir leur dirigeant avec cinq ans de retard.
Ce scrutin présidentiel est le premier en dix ans dans le pays coupé en deux depuis une tentative de coup d’Etat en 2002, avec au Nord les rebelles de Guillaume Soro, nommé Premier ministre en 2007, et au Sud les partisans du président Laurent Gbagbo.
Le premier tour du scrutin, régulièrement repoussé depuis 2005, met aux prises Laurent Gbagbo, l’ancien président Henri Konan Bédié et l’ex-Premier ministre Alassane Ouattara.
La plupart des 20.000 bureaux de vote ont ouvert avec un peu de retard dans la matinée et doivent fermer à 17h00 GMT. Les résultats préliminaires seront annoncés dans les trois jours.
« Pour moi, ce vote signifie la paix, c’est pour cela que nous avons pris les armes il y a huit ans. Maintenant c’est fini », dit Abou Coulibaly, un ancien rebelle interrogé à la sortie d’un bureau de vote de Bouaké, bastion rebelle du nord du pays.
De longues files d’attente ont commencé à se former devant les bureaux de vote, que quelques-uns des 60.000 agents électoraux étaient encore en train d’installer à l’heure officielle d’ouverture.
REPORT DU SECOND TOUR ?
Cette élection est jugée essentielle pour permettre au pays de retrouver sa place de poumon économique régional et de premier producteur mondial de cacao.
Si la campagne électorale s’est globalement déroulée dans le calme et si les échanges entre les candidats ont été moins houleux que prévu, les craintes demeurent de voir voler en éclat les bonnes résolutions dès l’annonce des résultats.
« Les résultats de l’élection seront probablement contestés et le second tour, fixé au 28 novembre, pourrait être repoussé », note Rolake Akinola, experte de l’Afrique de l’Ouest à l’Eurasia Group.
Face aux risques de contestation, le Premier ministre, Guillaume Soro, a appelé samedi les candidats à accepter les résultats qui seront annoncés dans les trois jours suivant le scrutin.
A l’approche des élections, les forces de sécurité ont été déployées dans le pays. Policiers et gendarmes sont chargés d’assurer la sécurité dans le Sud tandis que les anciens rebelles sont responsables du Nord qu’ils contrôlent depuis la guerre de 2002-2003.
Environ 9.500 soldats de l’Onu chargés du maintien de la paix, épaulés par la force Licorne française, sont prêts à intervenir en cas de violences.
« Bien sûr qu’il y aura de la violence : quand les gens verront que leur candidat ne l’a pas emporté, ils protesteront. C’est normal », dit Pierre Bai, qui attend patiemment pour voter dans une école d’Abidjan.
« Mais je pense que ça ira. Ce dont nous avons besoin maintenant, c’est d’un président élu démocratiquement qui sorte le pays de cette crise. »
Marine Pennetier et Clément Guillou pour le service français