De retour au Gabon en provenance de Paris en France il y a quelques semaines, le leader de l’opposition gabonaise, Pierre Mamboundou, a promis de rendre public dans les prochains jours sa nouvelle approche politique, en disant espérer le soutien du peuple et de ses alliés politiques, citant notamment sa formation politique, l’Union du Peuple Gabonais (UPG), et la plate forme qui l’a soutenu lors de la présidentielle du 30 août 2009, l’Alliance pour le Changement et la Restauration (ACR).
La question que d’aucuns se posent est de savoir si Pierre Mamboundou serait tenté par une nouvelle aventure ? Est-il prêt à franchir le Rubicon en entrant au gouvernement ? Difficile à dire. Toutefois, on sait qu’il a sollicité le soutien de la population dans le cadre d’une nouvelle approche politique, cela va sans dire qu’elle diffère de celle jusqu’ici affichée, et dont la ligne directrice est l’opposition radicale face au régime en place.
Après plus de deux trimestres d’absence du pays, le leader du l’UPG a été accueilli à l’aéroport international Léon Mba de Libreville, par de milliers de ses partisans, qui ont bravé la pluie qui s’abattait sur la capitale gabonaise, afin de réserver un accueil chaleureux à leur président du parti. L’opinion nationale et internationale restent suspendues aux lèvres du leader de l’UPG, afin d’être édifiées sur la nouvelle approche politique que dévoilera incessamment Pierre Mamboundou qui ne manquera pas non plus de mettre les points sur les i quant aux rumeurs de deal politique avec Ali Bongo Ondimba. Déjà, des voix s’élèvent pour dénoncer des compromis, voire des compromissions avec le chef du Parti Démocratique Gabonais (PDG, au pouvoir). Des allégations qui seront confirmées ou infirmées par les choix politiques qui doivent être pris dans les prochains jours.
L’opinion ne cesse de s’interroger sur le sens de sa nouvelle démarche politique tant au pays qu’à l’extérieur du pays. Serait-il ou pas avec le Président de la République, Ali Bongo Ondimba ? Serait-il candidat aux législatives de 2011? A toutes ces questions majeures, le député de Ndendé évite jusque-là d’y répondre, demandant aux curieux de donner le temps au temps. Mais des faits majeurs poussent des personnes dites avisées de croire à son revirement politique. Interrogé sur la vie politique nationale, M. Mamboundou a estimé qu’il était malsain de parler du pays à l’extérieur, il s’est plutôt borné à dire qu’il le fera le moment venu dès son retour prochain au Gabon. A en croire ses propos, cet échange a tourné autour de l’actualité internationale, notamment des travaux de l’assemblée générale de l’ONU, du sommet sur la pauvreté tenue la semaine dernière à New York (USA). M. Mamboundou s’est réjoui de la place accordée de plus en plus au Gabon, qui est associé à toutes les négociations portant sur les grands problèmes du monde. «Nous pensons que notre pays va bien, car nous apportons une contribution importante dans la recherche de la paix dans le monde», a-t-il dit. Quelques jours après son retour à Libreville, il a été reçu au Palais présidentiel par le Chef de l’Etat. Là aussi, Pierre Mamboundou n’a fait aucune déclaration à l’issue de la rencontre. C’est seulement Faustin Boukoubi, le Secrétaire Général du PDG qui s’est exprimé, en laissant entendre qu’il y avait une approche entre son parti et l’UPG.
Tenir compte de la realpolitik
Est-ce que le fait que Mamboundou est un habitué des contacts politiques avec collègues ou adversaires politiques ? Quel rôle pourrait-t-il jouer dans une alliance avec le PDG aux élections législatives de 2011 ? Chercherait-il un soutien probable de ce parti au cas où alors que la lutte de leadership en son sein ne porte plus sur les individus que sur la géopolitique. Pierre Mamboundou n’est pas né de la dernière pluie pour choisir un bateau qui est en train de chavirer et où il est conscient que la vie ne lui sera pas facilitée.
A ce jour, il est le seul capable de définir clairement son itinéraire politique. Pour le faire, il ne pourrait pas ne pas tenir compte de certains paramètres. En définitive, les ambitions par ailleurs légitimes que pourrait avoir le président de l’UPG doivent tenir compte de la realpolitik. Saura-t-il franchir le Rubicon ? Seul l’avenir va nous clarifier. Néanmoins, pour l’instant, l’homme n’apparaît pas être prêt à le faire. Les élections législatives, c’est pour bientôt. Une élection est comme une confrontation sportive. Jamais une partie ne ressemble à aucune autre. Si les protagonistes peuvent être les mêmes, le contexte n’est jamais identique.
En 2011, ce qui attend l’opposition s’appelle responsabilité. Il faut d’abord qu’elle se renouvelle avant de se mettre en ordre de bataille. Ceux qui crient le plus paraissent loin de donner la garantie de résultat. Jamais un projet durable n’a été bâti sur un simple élan de sympathie qui se manifeste après une victimisation. On peut comprendre l’agacement, mais on n’entraîne pas un peuple sur un coup de colère. Un projet n’existe que basé sur un fond commun culturel et une grande idée politique. C’est ce qu’on appelle le rêve. Le projet politique doit faire rêver les gens sur des conditions de vie meilleures, sur la sauvegarde de leur espace culturel vital.
Gabon: Ménages chez les frères lumières…
L’intronisation d’Ali bouscule le palais !
La fuite sur Internet de son intronisation comme grand maître pousse Ali Bongo à faire le ménage dans les différentes loges gabonaises. Révélations exclusives.
La diffusion, en particulier sur le site de partage de vidéos YouTube, de l’intronisation maçonnique du grand maître Ali Bongo, a laissé des traces au Palais du bord de mer (LC nº600). Alors qu’il était invité à prendre part, les 3 et 4 décembre, à l’assemblée générale de la Grande Loge nationale française (GLNF), le président gabonais s’est fait représenter par trois de ses « frères » de la Grande Loge du Gabon (GLG) qu’il préside : Léon-Paul Ngoulakia, le secrétaire général du Conseil national de sécurité (CNS), Jean-Denis Amoussou, son conseiller, et le grand secrétaire Jean Alevina. Ali Bongo a cependant décidé de faire le grand ménage au sein des loges gabonaises dont il soupçonne certains « frères » d’être à l’origine des fuites sur le web.
La Grande Loge du Gabon « dialogue », créée par feu Omar Bongo, est désormais contrôlée par un proche du chef de l’Etat, Jacques-Denis Tsanga, gouverneur de la province de l’Estuaire. Il est chargé de réduire l’influence de l’opposant André Mba Obame, autrefois le pilier de cette loge. Incontournable sous Omar Bongo, la loge « Tolérance nº2 », dirigée par le ministre des affaires étrangères Paul Toungui, a perdu quelques membres au profit de la loge « Rite de York » que dirige le sherpa d’Ali, Maixent Accrombessi, et de la loge « Lumière de l’Ogooué » d’Alex Bongo, demi-frère du chef de l’Etat. D’autres barons du régime, soucieux de rester dans le cercle présidentiel, ont accepté de mettre leur loge sous son influence. En particulier, l’ancien ministre de la défense Idriss Ngari, qui est à la tête de « Persévérance nº12 », et Emmanuel Ondo Methogo, le président du Conseil national de la communication (CNC) et fondateur de la loge « Etoile du Nord ».
Last but not least, Ali bongo envisage d’exercer une autorité absolue sur la deuxième obédience, la Grande Loge symbolique du Gabon (GLSG), proche du Grand Orient et de la Grande Loge de France. Cette obédience est actuellement marquée par la personnalité de Richard Auguste Onouviet, ancien ministre des mines. Membres de la loge « EAPS », deux proches du président gabonais – Guy Rossatanga-Rignault (conseiller spécial) et Jean-Baptiste Bikalou (patron de Petro Gabon) – demeurent ses hommes au sein de cette obédience gérée par le général Antoine Embinga. Enfin, la Grande Loge féminine du Gabon est aussi sous contrôle depuis que le docteur Nicole Assélé, cousine germaine d’Ali Bongo, a succédé comme « vénérable » àAntoinette Ndo, ex-directrice générale du protocole d’Etat jugée trop proche d’Obame.
Source:La Lettre du Continent du 9 décembre 2010
Samedi 11 Décembre 2010 – 22:16
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