L’Union européenne va prendre des sanctions à l’encontre de onze proches de Laurent Gbagbo, ont indiqué, mardi 14 décembre, des sources diplomatiques européennes. Parmi les noms se trouvant sur cette liste figurent le conseiller pour la sécurité de M. Gbagbo, Kadet Berlin, le secrétaire général de la présidence, Désiré Tagro, et le président du Conseil constitutionnel, Yao N’Dre. Y figurent également les noms de Pascal Affi N’Guessan, secrétaire général du parti de Laurent Gbagbo, le Front populaire ivoirien et le directeur général de la radio-télévision d’Etat, Pierre Israël Amessan Brou.
Lundi, l’UE avait annoncé qu’elle comptait accroître la pression sur le régime de M. Gbagbo via des restrictions de visas et un gel d’avoirs, face à son refus de reconnaître la victoire d’Alassane Ouattara à l’élection présidentielle. L’Union européenne avait indiqué son intention de cibler notamment « les responsables qui ont refusé de se placer sous l’autorité du président démocratiquement élu ».
Deux semaines après la présidentielle du 28 novembre, la Côte d’Ivoire reste plongée dans une crise institutionnelle sans précédent avec deux chefs d’Etat proclamés, le sortant Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, reconnu par une communauté internationale quasi unanime comme étant le président légitime.
Pour tenter de calmer le jeu, le ministre des affaires étrangères du gouvernement de Laurent Gbagbo, Alcide Djédjé, a annoncé qu’une nouvelle médiation africaine allait « très bientôt » se rendre en Côte d’Ivoire. « Aujourd’hui, l’heure est à la médiation, il y a des approches qui sont faites pour envoyer des médiateurs africains », a déclaré M. Djédjé dans une interview.
« Cela a été proposé par le secrétaire général de l’ONU [Ban Ki-moon] à l’Union africaine, et très bientôt il y aura des médiateurs qui vont se rendre en Côte d’Ivoire », a-t-il ajouté, sans donner de précisions de date. L’Union africaine avait envoyé à Abidjan les 5 et 6 décembre l’ancien président sud-africain Thabo Mbeki, mais sa médiation n’avait pas permis de lever le blocage politique.
Mais le camp d’Alassane Ouattara a de nouveau rejeté mardi toute « négociation » tant que celui-ci n’est pas reconnu président de la Côte d’Ivoire. « Tant qu’il n’y a pas eu de reconnaissance claire et définitive par l’ancien président Laurent Gbagbo des résultats du scrutin du 28 novembre, à savoir la victoire du président Alassane Ouattara, il n’y a aucune discussion possible, aucune négociation possible », a réaffirmé le porte-parole du gouvernement Ouattara, Patrick Achi.
APPEL À MANIFESTER DU CAMP OUATTARA
Mardi, le parti de M. Ouattara, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), a lancé un appel à des manifestations dans les jours qui viennent : « Le RHDP appelle la population ivoirienne à mener un combat pacifique (…) pour installer les autorités légales et légitimes de la Côte d’Ivoire », a déclaré Djedjé Mady, porte-parole de cette coalition. Il a ajouté que les partisans de M. Ouattara marcheraient jeudi sur la Radio-Télévision ivoirienne et, le lendemain, sur les bâtiments du gouvernement.
Autre point chaud de cette crise institutionnelle : le blocage, lundi, par les forces de sécurité fidèles à Laurent Gbagbo de l’hôtel d’Abidjan servant de QG à Alassane Ouattara. Il s’agissait du premier face-à-face armé entre les deux camps en deux semaines de crise. Aucun incident n’a eu lieu. Cet hôtel restait accessible mardi, avec néanmoins la présence de deux barrages filtrants en place, comme lundi soir, à quelques centaines de mètres de part et d’autre de l’entrée principale du bâtiment, devant lequel stationnent une dizaine de chars des Nations unies.