Des allégations de financement de partis politiques français par l’ex-président du Gabon Omar Bongo ont semé la controverse en France, jeudi.
Rejetant des informations révélées par WikiLeaks et diffusées mercredi par le quotidien espagnol El Pais, l’Union pour un mouvement populaire (UMP) du président Nicolas Sarkozy et le Parti socialiste (PS) ont démenti avoir reçu de l’argent du défunt chef d’État gabonais.
Selon les câbles diplomatiques rendus public, Omar Bongo aurait détourné à son bénéfice près de 40 millions de dollars de la Banque des États d’Afrique centrale (BEAC) qui auraient également servi à financer plusieurs formations politiques françaises « surtout à droite, en particulier à [l’ancien président français Jacques] Chirac, mais aussi à Sarkozy ».
Le trésorier du PS, Régis Juanico, a assuré que son mouvement « ne se sent en rien concerné » par le contenu de ces dépêches et a incité à la prudence à leur sujet.
Une même prudence a été recommandée par le porte-parole de l’UMP, Dominique Paillé, « d’autant plus que les notes citées utilisent le conditionnel, ce qui démontre la très grande fragilité de ces accusations », qu’il a qualifiées de « fantaisistes ».
Du côté du Gabon, Faustin Boukoubi, secrétaire général du Parti démocratique fondé par Omar Bongo, a dénoncé la « diffamation » dont est victime l’ancien président, déplorant qu’on en « souille la mémoire ». Un des avocats de l’actuel président du pays, Ali Bongo, a déploré qu’on accuse son père, Omar Bongo, « sans fondement ».
Des allégations non confirmées
Les informations divulguées par WikiLeaks émanaient d’un haut fonctionnaire de la BEAC qui s’était entretenu avec une diplomate de l’ambassade américaine au Cameroun. Cette dernière avait dit ne pas être « en mesure de vérifier la véracité de l’accusation » impliquant l’Élysée, selon les documents.
Ce serait la raison pour laquelle le quotidien français Le Monde, un des cinq journaux qui analysent et relaient les informations que lui envoie WikiLeaks, aurait choisi de ne pas traiter du sujet, selon Libération, un autre journal de l’Hexagone.
Tant en France qu’en Afrique, des rumeurs ont régulièrement circulé quant au financement de la classe politique française par Omar Bongo. Après la mort du chef d’État gabonais, l’ancien président français Valéry Giscard d’Estaing avait provoqué une onde de choc en affirmant que le président du Gabon avait financé en 1981 la campagne présidentielle de Jacques Chirac. Celui-ci avait plus tard condamné des propos « dénués de tout fondement ».
Répondant aux pressions d’Omar Bongo, Nicolas Sarkozy avait par ailleurs limogé en 2008 le secrétaire d’État à la Coopération Jean-Marie Bockel, qui s’était étonné publiquement du maintien d’un haut niveau de pauvreté dans les pays africains producteurs de pétrole.
Radio-Canada.ca avec
Agence France Presse, Le Monde, Le Parisien et Reuters