Alors qu’ils construisent en urgence le stade d’Agondjé (Nord de Libreville) destiné à la CAN 2012, les « bâtisseurs » Chinois suscitent des inquiétudes au regard des défectuosités constatées dans les édifices institutionnels qu’ils ont élevé sur le boulevard Triomphal Omar Bongo. La Maison Georges Rawiri notamment, siège de la RTG, est déjà un enfer, au sens thermique du mot, deux ans et six mois seulement après sa livraison.
Le système central de climatisation de l’immeuble de la Radiodiffusion télévision gabonaise (RTG) sis au boulevard Triomphal Omar Bongo à Libreville est en panne depuis bientôt deux mois et il y fait une chaleur d’enfer qui freine la productivité des agents. Une note circulaire de David Ella Mintsa, directeur général de ce que les fonctionnaires de l’audiovisuel nomme « La Maison Mère », tente une clarification de la situation : «Une avarie d’une gravité affecte les trois moteurs et cause des difficultés de maintenance et d’approvisionnement des équipements de fabrication chinoise. Cette situation incommodante pourrait nécessiter un délai d’intervention relativement long».
D’un coût de 20 milliards de francs CFA environ, la Maison Gorges Rawiri a été symboliquement remise aux autorités gabonaises le 18 juillet 2008. Le responsable de la Société chinoise d’import-export d’équipements (CEMEC) qui a construit l’édifice, Li Lang, et le secrétaire général du ministère du la Communication, Christophe Othamot, avaient alors signé la convention qui entérinait le transfert de compétences entre les deux parties.
Pourtant, selon le bimensuel « La Nation » les Chinois auraient procédé à un sabotage sibyllin visant à ruiner la station une fois qu’ils ne seraient plus là. Et pour cause : la maintenance de l’infrastructure, qu’ils avaient évalué à 800 millions de francs CFA par an, leur avait été refusée par les autorités gabonaises. Celles-ci estimaient que des compétences locales pouvaient s’en occuper. L’entreprise chinoise refusait d’ailleurs la contre-expertise de Sogafric durant la période des essais lors desquels des pannes du système de climatisation étaient déjà signalées.
Contacté à Abu Dhabi, un spécialiste de Carrier, marque du système de climatisation installée à la RTG, a refusé d’intervenir sur les «bricolages chinois» et a suggéré de faire revenir ceux qui ont installé ce système d’une «espérance de vie de 5000 heures» avant que ne soient changés des pièces.
Les Chinois sont accusés de construire au Gabon des édifices à la solidité douteuse, ainsi qu’on l’avait déjà constaté avec l’étanchéité défaillante de cet immeuble de la RTG et dans d’autres bâtiments institutionnels construits sur la même artère Librevilloise, le boulevard Triomphal Omar Bongo.
En effet, l’eau suinte des murs de la cafétéria de l’Assemblée nationale où la climatisation du 4è étage est également en panne, la décoration en trompe-l’œil se décape et tout le carrelage de la devanture en pleine réfection. De même, des problèmes d’étanchéité de l’édifice et d’évacuation des eaux de ruissèlement sont signalés au Palais Omar Bongo Ondimba, siège du Sénat.
Tous ces faits suscitent des interrogations sinon des inquiétudes quant au stade de la Coopération sino-gabonaise en construction à Angondjé dans le Nord de Libreville et qui devra accueillir plus de 20.000 spectateurs en janvier 2012 lors de la Coupe d’Afrique des nations co-organisée avec la Guinée Equatoriale. Les ingénieurs gabonais affectés aux contrôles et à la supervision des chantiers devraient faire preuve de moins de laxisme. Car, si les torts doivent être partagés, une honte lors de la CAN ne sera pas de la responsabilité de la Chine, mais du Gabon et du Gabon tout seul.