Alors que le président élu de la République gabonaise, André Mba Obame, est revenu au Gabon, fin janvier, après un séjour en Europe, accueilli triomphalement par des milliers de Gabonais.
Les jours du régime Ali Bongo sont désormais comptés.
Le destin de Ben Ali en Tunisie démontre que le seul soutien de Sarkozy n’est pas suffisant pour maintenir un régime honni par les populations et délégitimé par les élections. C’est pourquoi, la Tunisie s’est libérée de ses chaînes contre la volonté du pouvoir français de le maintenir!
Conscient de cette situation, le régime gabonais vient d’adopter une nouvelle réforme des institutions, dont on rappelle qu’elles n’ont pas grande importance quand on connaît l’art consommé du parti-Etat pour les violer. Mais, le plus important dans ces impressions de changement est la précipitation du régime se sentant sans aucun doute très menacé par le vote des Gabonais.
Alors, le régime a décidé de changer la constitution gabonaise et s’est même trouvé surpris que deux députés du parti-Etat refusent de voter ces changements faits pour empêcher l’alternance. En réalité, l’arsenal juridique vise donc à affermir le putsch électoral, le légitimer, et en prime interdire tout changement.
Ainsi, le nouvel article 5 précise « qu’aucune section du peuple, aucun groupe, aucun individu ne peut s’attribuer l’exercice de la souveraineté nationale », ce qui voudrait dire que seul le régime, occupant par force les fonctions d’Etat, a seul le moyen de dire qui est détenteur de l’autorité légitime, ce qui est quand même beaucoup plus pratique quand on sait que le parti Etat perd toutes les élections depuis que le multipartisme existe.
Un nouvel article permet au président de la République de prolonger n’importe quel mandat au sein de la République gabonaise, en tout premier lieu, le sien qui est usurpé.
Le régime fait avaliser également une disposition permettant d’exclure de l’élection présidentielle celui ou celle qui auraient la double nationalité ou qui aurait exercé « des responsabilités administratives ou politiques dans un autre pays ». Qui est donc visé et de qui le parti-Etat a-t’il peur ? Par ailleurs, il est indiqué que pour être candidat à l’élection présidentielle, il faut avoir résidé 12 mois consécutifs au Gabon avant l’élection. Cette disposition apparemment saugrenue démontre la crainte du régime par rapport aux Gabonais installés à l’étranger et faisant des séjours intermittents au Gabon, soit parce qu’ils travaillent dans un autre pays ou parce qu’ils ne peuvent vivre dans leur pays en raison des différentes mafias du pouvoir quarantenaire soit parce qu’il leur est impossible d’y revenir tant que le régime ne sera pas tombé définitivement.
Une autre disposition concerne le mandat des membres de la Cour constitutionnelle qui n’est plus limité à deux. Il s’agit d’une récompense pour les bons et loyaux services de Mme Mbourantsuo, la présidente et des différents membres qui ont su fermer les yeux sur le putsch électoral de septembre 2009. La réforme ne va pas jusqu’à poser le problème de l’impartialité des membres de la cour constitutionnelle dont chacun sait que Mbourantsuo, sa présidente, était une des concubines d’Omar Bongo : le conflit d’intérêt, en raison de sa permanence au sein des clans du régime, n’appartient pas au registre des interrogations du parti-Etat.
En réalité, l’essentiel de cette fausse réforme est ailleurs. Il n’y a aucune proposition visant à un retour au scrutin uninominal à deux tours, qui est le mode d’organisation électorale répandue dans toutes les démocraties, y compris dans des Etats africains, comme la Côte d’Ivoire.
Curieusement, il n’y a pas de limitation dans la durée du mandat présidentiel à deux. Il est vrai que la seule existence constitutionnelle de cette limitation ne serait pas suffisante à empêcher le putschiste de se maintenir au pouvoir.
En définitive, chacun le sait, la réforme constitutionnelle est bien évidemment dangereuse et l’intention visait sans doute à solidifier le régime.
Elle ne change rien à l’organisation du pouvoir, ni même à sa dévolution. Elle ne lui donne pas davantage de légitimité.
Elle ne le consolide pas davantage, car, aucune constitution n’a jamais empêché un peuple de se libérer, le récent exemple tunisien étant là pour le démontrer.
La « révolution de jasmin » en Tunisie est exemplaire. La situation dans ce pays avait beaucoup de points communs avec celle du Gabon :
– un clan mafieux familial.
– Une main mise sur l’économie du pays.
– Des détournements de fonds
– Longevité du régime (moins qu’au Gabon)
– Un Parti-Etat
– Services de répression développé avec une garde présidentielle au service de Ben Ali.
– Soutien du pouvoir sarkozyste.
– un contrôle absolu des médias.
La mobilisation des Tunisiens a été entendue alors que celle des Gabonais s’est faite dans un silence assourdissant en dépit des massacres de Port Gentil en septembre commis par le régime, et l’élection d’un chef d’Etat, André MBA OBAME, empêché de gouverner.
Le pouvoir français a soutenu le régime tunisien comme il soutient actuellement le régime gabonais. Pourtant, l’Europe et la France sont scandalisés par la découverte des « biens mal acquis » de Ben Ali et ils ont décidé de les saisir. Pourtant, pour les mêmes raisons, le pouvoir sarkozyste empêche les poursuites envers le patrimoine mal acquis du clan Bongo : deux poids, deux mesures…
En conséquence, le Mouvement Civique du Gabon (M.C.G) indique qu’il invite les Gabonais et Gabonaises à entrer en résistance afin de parvenir à mettre un terme au régime issu du putsch électoral de septembre 2009. Il faut, à l’instar du peuple tunisien, trouver des formes de mobilisation, y compris dans les provinces du Gabon, qui puissent être relayées au niveau international.
Il soutiendra toutes les actions visant à favoriser l’installation dans ses fonctions du Président élu, André Mba Obame.
Il invite ses amis et partenaires politiques à s’associer à lui dans cette démarche.
La présidente du conseil exécutif,
Mouvement Civique du Gabon
(M.C.G)
Mengue M’EYAA
L’avenir de l’Afrique francophone se joue en Côte d’Ivoire( Fweley Diangitukwa)
Dans son livre Qu’est-ce que la politique ?, Julien Freund avait prévu que la décolonisation allait être une courte parenthèse, c’est-à-dire une préparation vers une nouvelle forme de colonisation plus subtile. En 1965, il écrivit clairement que l’Occident « n’exclut pas qu’à l’avenir le colonialisme puisse renaître sous d’autres formes, suivant les modalités nouvelles de l’esprit de conquête ». Dans son récent livre, La Planète émiettée, François Thual, dit sans détour que nous sommes maintenant entrés dans les processus de « recolonisation de la décolonisation ».
Le panafricaniste président ivoirien Laurent Gbagbo Il existe aujourd’hui, dans les relations internationales, en particulier dans les relations Nord/Sud, des formes très subtiles de domination qui ressemblent ni plus ni moins à une véritable colonisation. D’après cet auteur, « Atomiser le monde, tel semble être le dessein des nouvelles puissances mondiales du XXIe siècle, héritières directes des anciennes puissances, lesquelles ont reconverti leurs techniques de contrôle de l’espace mondial. En flattant les narcissismes collectifs des poussées identitaires, ces puissances ont émietté la planète, facilitant ainsi la domination des pays ».
Comme un serpent, la colonisation a fait la mue
Les Africains savaient depuis longtemps que la souveraineté des Etats africains était un vain mot parce qu’il ne pouvait s’appliquer dans aucun pays. Ils savaient également depuis les années 1960 que les chefs d’Etat africains étaient imposés par les Occidentaux. Cela avait commencé par l’installation à la tête des Etats nouvellement indépendants des jeunes Africains naturalisés Français et députés au parlement français. Ils s’appelaient Léopold Sedar Senghor, Houphouët Boigny et consort.
Les nouveaux présidents représentaient le pouvoir français dans ce qui était considéré comme étant leur Etat. Au sujet de la souveraineté étatique, l’illusion était au rendez-vous car les citoyens africains croyaient qu’ils avaient acquis l’indépendance, alors qu’en Occident, les décideurs savaient que rien n’avait réellement changé, sinon la nomination des représentants à la tête des anciennes colonies devenues des Etats fantoches. Les anciennes puissances coloniales rédigeaient les constitutions de nouveaux Etats, suggéraient la formation de parti unique pour faciliter la prise de décision par un réseau acquis à leur cause.
Créés sans ressources financières parce que les colons étaient partis avec les caisses de la colonie au lendemain de la proclamation de l’indépendance, les jeunes Etats d’Afrique s’adressaient aux mêmes anciennes puissances coloniales pour obtenir une ligne de crédit. Le tour était joué. Très vite, les Etats africains étaient endettés et se retrouvaient dans l’incapacité de remboursés leurs dettes. La complicité entre réseaux africains et occidentaux avait facilité le détournement des fonds prêtés aux Africains rapidement logés dans des banques occidentales.
A la demande des puissances coloniales, les institutions de Bretton Woods que les mêmes puissances occidentales avaient auparavant créées proposèrent des nouveaux prêts sous forme d’ajustement structurel. Le but de tous ces emprunts était d’avoir une mainmise et un contrôle direct sur les Etats africains et d’empêcher ceux-ci de jouir de leur souveraineté. Depuis cette politique d’endettement suivie de l’ajustement structurel, peu d’eau a coupé sous le pont.
Les chefs d’Etat occidentaux et les chefs de gouvernement rendaient visite à tour de rôle à leurs représentants en Afrique comme le font le holding en visitant les chefs de succursales à travers le monde. Et lorsqu’un chef d’Etat ne faisait pas correctement le travail que le Nord lui demandait, il était défait, chassé du pouvoir. La valse des coups d’Etat a suivi la ligne des volontés occidentales. Celui qui s’entêtait était jugé communiste et assassinés ensuite. Ils sont nombreux à avoir péri à cause de leur insoumission et de leur nationalisme.
Dans leurs administrations, les puissances occidentales avaient créé de postes de pouvoir pour diriger et contrôler le fonctionnement des Etats africains. Elles avaient créé des grandes écoles pour apprendre aux Africains comment développer leurs pays mais les théories y enseignées servaient plus le développement des pays occidentaux que celui des pays africains.
Pour faciliter la mainmise sur le continent, l’Occident a déplacé sa guerre froide en Afrique où il a mené des guerres idéologiques pour continuer à contrôler ses anciennes colonies.
Le vent venu de l’Est a mis fin à l’apartheid en Afrique du Sud et, un peu partout, les Africains ont contesté les régimes dictatoriaux qui les gouvernaient. Pour donner l’impression d’être des démocrates, les puissances occidentales se sont provisoirement séparés de leurs affidés dans le continent comme Kerekou, Mobutu, Denis Sasou Nguessou et Cie avant de les reprendre peu de temps après ou de les remplacer par de nouveaux serviteurs. Cela a duré jusqu’au jour où les Africains ont compris finalement qu’ils étaient joués, qu’ils étaient victimes d’un complot. Pendant ce temps, cinquante ans ont passé.
La Grande-Bretagne a échoué dans sa manœuvre d’abattre l’insoumis Mugabe
En 2008, le gouvernement américain a tenté de convaincre les gouvernements d’Afrique australe d’empêcher le navire chinois transportant des armes pour les forces de sécurité du Zimbabwe de décharger sa cargaison sur leur sol. Les États-Unis ont redouté que les grenades et les balles ne soient utilisées par le régime de Robert Mugabe pour réprimer l’opposition. Dans le même temps, les appels à une intervention internationale pour désamorcer la crise post-électorale au Zimbabwe se sont multipliés, des responsables religieux ont affirmé, de leur part, que les violences risquaient d’atteindre des proportions génocidaires.
En fait, les gouvernements occidentaux, en particulier britannique et américain, qui n’apprécient pas le régime de Robert Mugabe, ont trouvé, dans cet incident de livraison d’armes, l’occasion inouïe pour abattre ouvertement Mugabe afin de faciliter l’arrivée au pouvoir de son opposant traditionnel, Morvan Tsvangirai, leader du Mouvement pour un changement démocratique, qui a bénéficié d’une marge d’avance considérable dans l’élection présidentielle de 2008.
Or, l’ancien syndicaliste, Morvan Tsvangirai, est non seulement le « candidat de l’opinion occidentale » mais il est également le favori de l’ancien colonisateur britannique. C’est donc sur lui que l’on a voulu compter pour mettre en place un régime pro-occidental afin de tourner définitivement la page au règne de Mugabe. Du reste, l’Union européenne, par la voix de la présidente slovène, a demandé ouvertement au président Robert Mugabe de quitter le pouvoir.
Si la stratégie occidentale peut être compréhensible dans son ensemble, ces mêmes gouvernements occidentaux ont oublié qu’au moment où ils s’insurgeaient contre le président Robert Mugabe à cause d’un navire chinois qui lui livrait des armes, leurs États vendaient des armes dans d’autres pays africains qu’ils qualifient des pays amis. Comment, dans ces conditions d’hypocrisie généralisée, pouvaient-ils reprocher à Robert Mugabe et aux Chinois ce qu’ils font eux-mêmes partout sur le sol africain ?
Lorsque les pays occidentaux parlent de dictateurs atrabilaires en Afrique, ils insistent sur le non-respect des droits de l’homme – ce qui est idéalement une bonne chose –, mais ces mêmes pays coopèrent ouvertement avec la Chine sans se préoccuper outre mesure du manque de respect des droits de l’homme dans le pays de Mao. Ils coopèrent ouvertement avec les dictateurs africains qui sont devenus des présidents à vie. On peut honnêtement s’interroger s’ils sont cohérents avec eux-mêmes. En tout cas, aussi paradoxal que cela puisse être, tous ceux qui trouvent le président Mugabe abominable sont aussi abominables que lui, car ils ne voient le mal que d’un côté.
Les dirigeants occidentaux détestent Mugabe pour les raisons qui ne sont pas difficiles à comprendre : celui-ci ne gouverne pas pour la préservation de leurs intérêts. Il ne faut donc pas s’attendre à ce que leur presse fournisse des informations objectives sur lui. La politique dictatoriale de Mugabe n’est pas aussi mauvaise que celle des autres dirigeants africains, bons amis des États occidentaux, sur lesquels la presse occidentale se tait constamment.
Aujourd’hui, de millions de paysans zimbabwéens, dont les familles avaient été spoliées par des fermiers blancs pendant la colonisation, sont devenus des esclaves sur les terres de leurs ancêtres. La Grande-Bretagne, qui avait prévu, dans les accords de Lancaster House, la restitution de ces terres mais qui n’a hélas jamais respecté et appliqué son engagement, pourrait-elle accepter une telle barbarie dans son pays ?
Le président Mugabe a finalement gagné l’élection de 2008 en usant de la violence et en poussant son opposant traditionnel à ne pas se présenter. Cela est à la fois inhumain et condamnable comme il est tout aussi inhumain et condamnable le refus de restituer les terres des autochtones autrefois confisquées en usant de la violence. Dans les deux actes, il y a eu de la barbarie. On ne peut noircir l’un et blanchir les autres car les deux problèmes – comme deux fesses humaines – vont ensemble. Ils doivent être résolus simultanément.
Aussi longtemps que le MDC, le parti de l’opposant Tsivangirai, sera considéré par les Zimbabwéens, à tort ou à raison, comme l’équivalent du parti de Ian Smith ou le meilleur défenseur des intérêts des fermiers blancs, il rencontrera beaucoup de peines à accéder au pouvoir à Harare. Il convient donc de laisser le temps au temps pour mieux apprécier le comportement électoral des Zimbabwéens qui doivent eux-mêmes décider librement de leur avenir.
Entre les tyrans des pays africains devenus des présidents à vie et leurs souteneurs au Nord (individus, entreprises, institutions ou États), qui sont les vrais dictateurs des peuples africains et qui sont les plus abominables ? Pour changer l’histoire de leur continent, les Africains doivent se mettre à poser les vraies questions et à les résoudre en étant unis.
La France réussira-t-elle là où la Grande-Bretagne a échoué ?
Pour la France, l’échec en Côte d’Ivoire est un prélude de sa perte dans les autres pays où elle a encore de l’influence, comme le Gabon, le Cameroun, le Sénégal, le Togo, le Bénin, le Mali, le Congo-Brazza, la Centrafrique, etc. La crise ivoire est un enjeu de taille car de son issue dépendra désormais la politique africaine de la France. Pour la Côte d’Ivoire, l’échec de la lutte que mène Laurent Gbagbo est un retour vers la politique tant décriée menée par Houphouët Boigny, c’est-à-dire le retour en force de la France dans la politique et la gestion économique de ce pays, tandis que le succès du président Laurent Gbagbo est une entrée certaine dans l’indépendance et dans la souveraineté étatique. L’enjeu est donc de taille.
Si la Côte d’Ivoire échoue, c’est toute l’Afrique francophone qui échoue avec elle. En revanche, si elle s’en sort bien, c’est toute l’Afrique francophone qui sera sauvée avec elle. Dans ce cas, la Côte d’Ivoire de Laurent Gbagbo est une locomotive qui mérite d’être soutenue. Si la Côte d’Ivoire sort victorieuse, elle sortira de la zone CFA et de la Françafrique. Elle imprimera sa propre monnaie et entraînera d’autres pays dans sa mouvance. L’Afrique francophone sera alors réellement indépendante.
L’avenir de l’Afrique francophone se joue actuellement en Côte d’Ivoire
La France voit disparaître progressivement son hégémonie d’autrefois en Afrique. Alors qu’ils étaient seuls avant la colonisation et après le retrait soviétique dans les année 1980, les Occidentaux affrontent aujourd’hui un concurrent de taille qui ne cache pas ses ambitions en Afrique : la Chine. Derrière le conflit de succession à la présidence de la République ivoirienne se joue en réalité le conflit d’influence entre le monde occidental et la Chine mais aussi avec d’autres puissances émergentes comme l’Inde. Il y a au-delà tout le conflit sur le contrôle des ressources naturelles de ce pays et de ce nouvel Eldorado pétrolier qu’est le Golfe de Guinée.
Un peu partout dans le continent, Français, Britanniques et Américains perdent des marchés au profit des nouveaux partenaires (Chine, Inde, etc.). Après la contestation dans le monde arabe et latino-américain contre les intérêts pétroliers des firmes occidentales, l’Occident ne souhaite plus perdre le continent africain qui est le seul espace qui lui reste soumis.
Les milieux politiques occidentaux voient ainsi en Laurent Gbagbo celui qui représente cette Afrique qui cherche à se soustraire du contrôle occidental pour affirmer sa souveraineté tandis que Alassane Ouattara, « ami » des Français (en particulier de Sarkozy), ancien directeur du FMI, représente le gestionnaire idéal (parce que libéral) de la Côte d’Ivoire. Il est sur la droite ligne des interlocuteurs appréciés à Washington, Londres, Paris et Bruxelles. Nous sommes en présence de l’éternel conflit entre pro et anti qui était extériorisé entre Lumumba et Mobutu. Au Congo, l’Occident avait utilisé de gros moyens pour liquider Lumumba et installer Mobutu au pouvoir parce que celui-ci défendait bec et ongle les intérêts des firmes et des puissances occidentales. Le sort de la Côte d’Ivoire risque de se ressembler à celui du Congo si on n’y prend garde.
Gbagbo, comme Lumumba, est vu comme un nationaliste dangereux tandis que Ouattara, comme Mobutu, est l’homme de l’ouverture du marché ivoirien aux intérêts des firmes et nations étrangères. Le décor congolais des années 1960 est bien planté en Côté d’Ivoire. Autrefois au Congo, la communauté internationale, en s’appuyant sur l’ONUC (l’ONU au Congo), était unanime quant à la liquidation physique de Lumumba, de la même façon, dans le cas de la Côte d’Ivoire, la même communauté internationale, en s’appuyant sur l’ONU en Côte d’Ivoire, est unanime quant à la liquidation de Gbagbo.
Le conflit en Côte d’Ivoire est un exemple de la renaissance de la guerre froide, c’est-à-dire de la guerre entre l’Ouest et l’Est sur le territoire africain et pour des intérêts extérieurs au continent. Mais est-ce que les Africains comprennent cela ?
Conclusion
Au-delà de l’enjeu électoral, c’est tout le destin du continent africain (plus précisément de l’Afrique francophone) qui se joue en Côte d’Ivoire. L’issue de ce conflit déterminera si l’Afrique s’engage dans la voie de sa seconde indépendance en affirmant sa souveraineté ou si au contraire la recolonisation de l’Afrique reprend ses droits.
Si la Côte d’Ivoire perd dans ce conflit, le pillage des ressources naturelles de l’Afrique sera plus immense et plus profond, car l’Afrique est aujourd’hui l’unique espace où les firmes occidentales imposent leurs lois sans négociation avec les autorités étatiques.
Le retour de la France en Côte d’Ivoire entraînera une menace plus sérieuse pour plusieurs pays de la sous-région ouest-africaine et de l’Afrique subsaharienne dans lesquels se trouvent des ressources naturelles stratégiques convoitées partout dans les capitales occidentales.
Comment sortit l’Afrique de la nouvelle colonisation afin d’assurer sa souveraineté ? Voilà la question qui doit préoccuper les Africains dans leur ensemble mais plus particulièrement les Africains francophones plus touchés par la mainmise occidentale dans l’économie de chaque nation.
Les pays les plus puissants ont pris une telle avance qu’ils s’octroieront continuellement plus de droit de regard sur les pays les plus pauvres et les institutions internationales sont devenues des lieux où leurs décisions sont imposées (déjà, aucun pays faible ne fait partie du Conseil de Sécurité de l’ONU). Nous assistons au retour de la loi de la jungle dans la gestion de cet univers international déjà anarchique (ne dit-on pas que c’est le plus fort qui gagne et qui impose sa loi ?). Il faut voir dans la globalisation un retour à une nouvelle forme de colonisation qui ne dit pas son nom.
La compréhension des enjeux internationaux et des plans des puissances occidentales qui se peuvent plus de passer du pillage des Etats africains pour assurer leur aisance matérielle doit davantage pousser les Africains à revendiquer leurs droits. On a enfin compris que les pays occidentaux qui s’affublaient de l’étiquette d’Etats respectueux de démocratie, de droits de l’homme, d’éthique sont loin de respecter ces principes moraux. Il n’y a que la sauvegarde de leurs intérêts qui compte. Pour réussir à conquérir leur souveraineté, cinquante ans après l’acquisition de leur indépendance nominale, les Etats africains doivent devenir solidaires et lutter ensemble. La première étape commence par la résolution pacifique du cas ivoirien.
Par Fweley Diangitukwa
Politologue et écrivain
Bébé Doc du temps de sa toute puissante splendeur
Comme Ali Bongo, il était l’héritier d’une dynastie dictatoriale tropicale. Comme Ali Bongo, il avait un embonpoint qui provenait certainement d’un trop plein de bonne vie facile. Comme Ali Bongo, il prétendait avait fait toutes les écoles les plus prestigieuses du monde, alors que dans son pays, les vrais cadres avaient du mal à joindre les deux bouts. Après tout, comme Ali Bongo, Bébé Doc était le fils du président á vie d’Haïti, et quand son dictateur de père est mort, Bébé Doc comme Ali Bongo, est devenu président du pays. Comme Ali Bongo, Bébé Doc a d’abord annoncé qu’il reformerait la gestion de l’état, avant de simplement poursuivre le mode du régime paternel, en compagnie de sa sœur ainée Marie-Denise Duvalier, la Pascaline d’Haïti, et sa mère (comme Joséphine Bongo pour Ali). Comme Ali Bongo, les affaires administratives furent léguées à l’ancien entourage de son père. Au Gabon, on retrouve toujours les Lemboumba et Michel Essonghe dans les couloirs de la présidence. Autre similitude non négligeable, Jean-Claude Duvalier, dit Bébé Doc, comme Ali Bongo, n’était finalement qu’un individu plus apte pour une vie de cocktails et de jet-setteur que de celle de chef d’un état sérieux.
Voila donc que l’ex-dictateur, qui fut accueilli par la France avec toute la trésorerie Haïtienne qu’il avait dévalisé á l’époque et qu’il s’empressa de dépenser en France, est de retour dans « son » pays, certainement par nostalgie. Oui il est de retour, car il y a bientôt 25 ans, à l’aube du 7 février 1986, il fuyait une révolte populaire pour se refugier en France. Il est revenu comme un voleur; mais en fait c’est très approprié car il n’est en effet rien qu’un voleur. Les journaux nous révèlent que la France avait envisagé envoyer le couple Duvalier dans les pays suivants: la Suisse, l’Espagne, la Grèce, le Maroc et …le Gabon. La France décida finalement de l’accueillir « temporairement » pour une période qui totalise maintenant 25 ans. Il faut dire que Bébé Doc s’est essayé dans la comédie, car en 2007 il avait demandé « pardon » au peuple haïtien, pour les « erreurs commises » durant son régime. Son geste aurait été jugé plus sincère, s’il avait restitué à ce peuple haïtien auquel il implorait le pardon, les plus de 100 millions de dollars avec lesquels il s’était barré pour la France. Malgré les tentatives de recouvrement de plusieurs gouvernements haïtiens, ce trésor demeure introuvable depuis vingt-cinq ans.
Innovons un peu et arrêtons d’appeler une future révolution au Gabon, la révolution du « jasmin ». C’est une plante qui pousse beaucoup dans le Maghreb et on peut comprendre si les Tunisiens utilisent cette expression.
Pendant que les Gabonais préparent leur révolution, trouvons-là un autre nom typiquement gabonais.
Voici quelques exemples:
Révolution de l’Odika (ma préférence)
Révolution de l’Atanga
Révolution de l’Eucalyptus
Révolution du Nkumu
Révolution de la Citronnelle
Révolution du Kinkéliba (soigner les maux du Gabon; j’aime bien aussi)
Révolution de la Goyave
Révolution de la Papaye
Révolution du Manioc
Révolution des Badames (badamiers)
Voilà choisissons quelque chose de « Gabonais »!
Merci pour les « droits d’auteurs » les frères et soeurs ! =)