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Résurgence des crimes rituels au Gabon

Les crimes rituels ont à nouveau refait surface au Gabon, notamment dans la province de l’Ogooué-Ivindo, dans le nord-est du pays, où le gouverneur Rufin Moutessayigoué, a dénoncé de ‘’basses manœuvres perpétrées à des fins fétichistes’’.

« Avons-nous le droit, dans l’Ogooué-Ivindo, de supprimer la vie de nos enfants, parfois avec la complicité des parents, en échange de deux ou trois millions de FCFA », a interrogé M. Moutessayigoué, s’exprimant au cours d’une réunion regroupant les responsables administratifs, politiques, les tradithérapeutes et les parents d’élèves.

Le gouverneur a aussi dénoncé la profanation des tombes et l’inceste qui deviennent des pratiques courantes. Autant de basses manœuvres ayant pour objectif de rechercher une ascension sociale, conquérir un poste électif ou une nomination dans la haute administration.

M. Moutessayigoué a accusé les hommes politiques et les tradithérapeutes de connaître les commanditaires et les auteurs de ces actes crapuleux. Il a affirmé que les tradithérapeutes connaissent les commanditaires ou les assassins parce que ces derniers ont souvent recours à eux pour ‘’étouffer’’ leurs basses besognes au travers de protections maléfiques.

Pour sa part, le deuxième maire adjoint de la commune de Makokou, Etienne Mvéang Nzoghé, a affirmé que ’’ceux qui commettent ces actes sont parmi nous’’, déplorant cependant le fait que les auteurs ne sont jamais rattrapés par la justice, même s’ils sont formellement identifiés par des témoins. « Je suis inquiet. Nous sommes tous des potentiels victimes », a poursuivi le gouverneur, soulignant que la réussite sociale est le fruit du travail et n’est pas conditionnée par une quelconque puissance acquise par le sang ou au travers de ‘’pièces détachés’’, (des parties humaines sectionnées lors de ces assassinats, ndlr).

Le gouverneur a exhorté ses compatriotes à dénoncer systématiquement auprès des autorités les auteurs de ces crimes ignobles et annoncé la mise en place prochaine d’un numéro vert que pourrra appeler tout individu informé ou soupçonnant un acte funeste.

Des crimes rituels particulièrement horribles endeuillent régulièrement des familles au Gabon, un pays où a été créée, en 2004, une association de lutte contre les crimes rituels (ALCR), afin de mettre fin au silence et à l’impunité entourant ces pratiques.

Avec l’appui de l’Organisation des Nations unies pour l’Education, la science et la culture (UNESCO), l’ALCR a organisé en 2006 une conférence, la première du genre au Gabon, consacrée aux crimes rituels, une pratique qui tend même à dépasser les frontières nationales.

Selon des études de Michel Fromaget, président du département de Psychologie de l’Université de Libreville de 1981 à 1983, il existe chez certaines tribus, « un culte de sorciers, avec des sacrifices humains et du cannibalisme, dont le but final est magique, en vue de l’acquisition des pouvoirs surnaturels. »

Anthropologue à l’Université Omar Bongo de Libreville, Bernadin Minko Mvé cite le cas de Mba Ntem (actuellement en prison), tradipraticien et gourou d’une secte animiste cannibale qui, en 1986, avait décrit devant le tribunal comment lui et ses fidèles assassinaient et mangeaient les organes de leurs victimes.

« Malgré ces révélations, le phénomène n’a pas cessé. Bien au contraire, il a même pris des proportions inquiétantes » », affirme l’anthropologue, ajoutant que les crimes rituels se sont amplifiés depuis que le multipartisme, instauré dans les années 90, a exacerbé la concurrence politique.

« Ce n’est plus un secret pour les Gabonais que ce sont les personnalités politiques et de la haute société qui recourent à ce genre de pratiques pour se hisser ou se maintenir dans les hautes sphères de l’État », a-t-il conclu.

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