S’il enrage sans doute en privé, le président gabonais Ali Bongo Ondimba oppose en public une attitude calme et ferme à l’autoproclamation de André Mba Obama comme président de la République du Gabon. Sa stratégie : minimiser les actes de l’ancien ministre de l’Intérieur, qui souhaite profiter d’une baisse de popularité de l’homme fort de Libreville.
« Je préfère être un « amateur » de la politique qu’un professionnel du ridicule ». La sentence qu’a énoncée jeudi Ali Bongo Ondimba (ABO) lors d’une conférence de presse à Tchibanga (sud-ouest), où il avait présidé un Conseil des ministres décentralisé, exprime avec une certaine retenue – et beaucoup de moquerie – toute sa colère face à André Mba Obame. Lequel s’était autoproclamé président mercredi dernier, revendiquant la victoire à l’élection présidentielle à un tour d’août 2009, avant de se réfugier dans une agence du Pnud et de demander la reconnaissance de la communauté internationale.
« Un caillou dans la chaussure d’Ali »
« Vous avez devant vous le président de la République gabonaise, les Gabonais attendent de lui qu’il fasse un certain travail, et au terme de son mandat, les Gabonais estimeront, eux seuls, s’il doit ou non partir », a dit Ali Bongo. Avant de clôturer sa rencontre avec la presse par des questions d’ordre économique – comme si Mba Obame n’était pas un sujet d’inquiétude.
De fait, ABO n’a pas modifié son agenda ni le déplacement du gouvernement. Et il a reçu le soutien de la communauté internationale (Union africaine, CEEAC, France et États-Unis notamment). Objectif de sa communication : montrer que la contestation d’André Mba Obame, qui continue à le défier en mettant en cause sa légitimité, est un non-événement. Une attitude que valident certains diplomates.
Mba Obame, « c’est un caillou dans la chaussure d’Ali et un caillou dans la chaussure, ça énerve et ça fait mal, mais ça n’inquiète pas », a estimé une source diplomatique jeudi, alors que les forces de l’ordre dispersaient la centaine de sympathisants pro-Mba Obame devant le siège du Pnud. Il y a eu des « interpellations » et « plusieurs blessés » sans gravité, selon des sources hospitalières.
« Des pitreries qui ne font pas rire »
« Ce genre d’actes entraînent souvent des conséquences incalculables. C’est un comportement similaire qui avait déclenché des émeutes à Port-Gentil » (ouest du Gabon), a réagi Mba Obame, dont le parti, l’Union nationale, a également été dissout par les autorités le 26 janvier.
« Les pitreries d’André Mba Obame et sa compagnie ne font pas rire, et leur imposture est une anarchie dont l’objectif est de ruiner la stabilité du pays. Bien sûr, on imagine que les auteurs de ces enfantillages voudraient se rendre martyrs, être traduits en justice pour prétendre être des héros », écrit le quotidien étatique Gabon Matin.
Pour Anaclé Bissielo, ex-ministre d’Omar Bongo et professeur d’université : « Les éléments qui faisaient craindre une crispation à la mort d’Omar Bongo sont à nouveau là. Mba Obame l’a compris et veut sans doute surfer dessus. Les gens bougent-ils parce qu’ils ont faim ou parce qu’ils ont des aspirations politiques ? On ne peut pas dissocier les deux. » (Avec AFP)
voler la victoire et jouer les président, c’est tres ridicule.
Ah ah ah, la guerre des pseudo frères pseudo ennemis?