A quelques mois du scrutin, beaucoup au sein du Parti démocratique Gabonais (PDG) s’inquiètent. Ils ne savent pas s’ils seront investis par le parti qui cherche à promouvoir de nouvelles figures moins marquées par les années Omar Bongo. Certains ont déjà pris la décision de se présenter en candidat indépendant si le parti les déjuge. Ces candidatures ne seront pas sans risque pour le parti sur le terrain.
Le scrutin législatif de 2011 marquera sans doute un tournant décisif dans la vie politique de la Nation. Pour le nouvel exécutif issu de la présidentielle anticipée de 2009, l’objectif primordial est d’avoir une confortable majorité à l’Assemblée nationale afin de se donner toutes les chances d’appliquer avec sérénité son programme de société.
L’opposition qui souhaite peser sur la gestion du pays caresse le même rêve que le parti au pouvoir. L’idéal pour elle serait d’obtenir la majorité des sièges pour se positionner en véritable contre pouvoir. Pour certains leaders de ce camp, « même 1/3 des sièges suffira pour imprimer la marque d’une réelle alternative politique. »
La majorité présidentielle structurée autour du PDG croit fermement à ses chances de s’imposer au cours de ce scrutin, au regard de son poids politique. En effet, elle totalise 90 députés sur 120 et 1467 élus locaux sur 1976.
Locomotive de la majorité présidentielle, le PDG compte à lui seul 82 députés et 1119 élus locaux. Le Rassemblement pour le Gabon (RPG) de Paul Mba Abessole vient en seconde position avec 7 députés et 109 élus locaux. Il est suivi modestement par le Centre des libéraux réformateurs (CLR) de Jean-Boniface Assélé avec 2 députés et 54 élus locaux, de l’Alliance démocratique et républicaine (ADERE) de l’ancien vice-président de la République, Didjob Divungi, avec 4 députés et 80 élus locaux. Le Rassemblement des démocrates républicains (RDR) de Léontine Mebale et le Rassemblement pour la démocratie et le progrès (RDP Emboni) de Pierre Emboni, ferment la marche avec 1 député mais le RDP compte deux élus locaux.
Le Parti gabonais du centre indépendant (PGCI) de Jérôme Okinda ainsi que Gabon Avenir ne sont pas représentés à l’Assemblée nationale mais comptent respectivement 37 élus locaux pour le premier cité et 1 pour le dernier.
C’est sur ce vivier que compte l’exécutif actuel pour gagner ce scrutin et au besoin pousser à l’extrême son avantage actuel. Au sein de la majorité présidentielle, rares sont ceux qui doutent d’une telle issue. Toutefois, les plus réalistes évoquent le grain de sable que représente la bataille des investitures au sein du PDG et au sein de la majorité présidentielle.
Ali Bongo n’a jamais fait mystère de son ambition de se donner une majorité acquise à lui à l’Assemblée nationale. En effet, bien qu’elle l’ait soutenu, celle en poste actuellement n’est pas une émanation de son régime. « Le chef veut des hommes à lui, des hommes nouveaux », confie un hiérarque du PDG. Ce qui suggère que beaucoup des députés sortant ne seront pas investis par le parti. Et parmi eux, on cite volontiers les grosses pointures de la grande famille PDG, notamment les anciens membres du gouvernement et tous les dignitaires de l’ancien régime.
S’il n’y a pas déjà assez des sièges pour le PDG, comment le parti au pouvoir pourra-t-il laisser certains sièges aux partis alliés ? « Même intégrer nos alliés comme suppléants dans certaines circonscriptions n’est pas facile, mais nous trouverons des compromis » affirme-t-on au PDG.
A quelques mois du scrutin, beaucoup s’inquiètent car ils ne savent pas s’ils seront investis par le parti qui cherche à promouvoir de nouvelles figures moins marquées par les années Omar Bongo. Certains ont déjà pris la décision de se présenter en candidat indépendant si le parti les déjuge.
Ali Bongo est confronté à un choix cornélien : faire le choix d’un renouvellement prononcé, c’est ouvrir les vannes du front de refus qui ne sera pas sans risque pour le parti sur le terrain. Pourtant, le renouvellement de l’élite est une profonde aspiration des populations pour marquer la rupture avec l’ancien régime. Jusqu’où aller sans perdre l’essentiel ? C’est au président de trouver le dosage qu’il faut. Mais il dédaigne l’usage du curseur et donc du compromis, souligne une source de premier cercle du parti.