Face à la situation politique délétère consécutive à l’auto proclamation d’André Mba Obame comme président élu du Gabon, deux anciens candidats à l’élection présidentielle anticipée du 30 août 2009, Bernard Oyama et Yvette Ngwèvilo Rékangalt, ont lancé chacun un appel à des pourparlers nationaux visant une sortie de la crise actuelle.
Bernard Oyama et Yvette Ngwèvilo Rékangalt, deux anciens candidats à l’élection présidentielle anticipée de 2009, ont lancé le 4 février dernier, chacun, un appel à des pourparlers nationaux en vue d’un apaisement du climat sociopolitique actuel au Gabon.
Abordant les déterminismes de la situation politique actuelle, Bernard Oyama pense que le Gabon «subi ici les conséquences de la mauvaise tenue de la présidentielle de 2009, cumulées avec la non-satisfaction par le parti au pouvoir depuis 1968 et ses gouvernements successifs, des aspirations populaires pour un pays plus démocratique, équitable et dynamique.» Pour sa part, Yvette Ngwèvilo Rékangalt pense que la «conjonction malheureuse entre le traitement réservé au contentieux électoral de l’élection présidentielle de 2009, l’adoption d’une Loi constitutionnelle nouvelle et les révélations, pour le moins, troublantes partagées dans l’espace médiatique commun, a conduit Monsieur Mba Obame à s’autoproclamer et à prêter serment en qualité de Président de la République, chef de l’Etat.»
Mesurant les enjeux de l’heure, Bernard Oyama qui assure avoir souligné aux proches du président Ali Bongo que «chaque jour qui passe ne doit pas nous rapprocher de la gravité», atteste que «là où d’autres tendent à sous évaluer et sous estimer les soubresauts que l’on constate ici et là, d’autres comme moi, y voient des événements dommageables». Ngwèvilo Rékangalt, elle, condamne les événements survenus le 25 janvier 2011 à Libreville et rappelle son «attachement aux exigences du respect des droits et libertés des individus dont la liberté d’expression et la sécurité constituent la première des libertés.»
L’ancienne cadre d’Elf Gabon et membre émérite de la société civile gabonaise rappelle que « le Gabon, notre pays a été longtemps un exemple de stabilité politique, réputé pour être un pays de dialogue, un havre de paix en Afrique et dans le monde. Cet environnement propice au dialogue multiforme était devenu une source d’inspiration faisant de S.E. El Hadj Bongo Ondimba, un médiateur respecté pour la promotion de la culture du dialogue et de la paix.»
Elle estime que cet héritage d’Omar Bongo qui devrait être la fierté des Gabonais, ne saurait être «altéré au profit d’un clan ou d’un groupement de pensée conduit par un esprit de division.» Outrée, Ngwèvilo Rékangalt invite à «cesser d’être interpellé par une force de l’ordre brutale et armée, n’hésitant pas à ouvrir le feu sur des Gabonais pour un conflit politique non armée, une dérive inacceptable et déshonorante», avant de procéder à un petit rappel de l’histoire politique récente de son pays : « le Gabon a déjà connu des situations tendues mais la sagesse et l’intelligence de tous ont permis de garder la mesure dans la gestion de ces crises politiques.
Forts de ces mises au point contextuelles, chacun des anciens candidats à la dernière élection présidentielle déduit l’urgence d’un dialogue national.
Ngwèvilo Rékangalt lance donc «un vibrant et pressant appel à tous les acteurs politiques gabonais, à toutes les autorités de l’Afrique centrale et, aux amis du peuple gabonais afin qu’ils se mobilisent pour apporter leur soutien, en conseillant les autorités du Gabon à ouvrir sans délai les voies du dialogue avec les autres acteurs politiques afin de consolider l’unité nationale», non sans avoir un peu avant rappelé une célèbre citation d’Omar Bongo : «Dieu ne nous a pas donné le Gabon pour en faire ce que nous sommes entrain d’en faire.»
Bernard Oyama, pour sa part, conclu en ces termes : « conformément à nos us et coutumes, il me paraît opportun de nous réunir urgemment pour apaiser les tensions, abaisser les barrières, dégager les responsabilités et suggérer une sortie de crise sans arrière pensée redistributive. Modestement, j’en appelle donc à une Rencontre Républicaine qui devra notamment inclure tous ceux et celles qui ambitionnaient de devenir chef d’Etat de notre République au cours de la présidentielle du 30 août 2009, aujourd’hui au cœur de la division naissante entre nous! »
Yvette Ngwèvilo Rékangalt s’est engagée à rencontrer éminemment les différents antagonistes et même des personnalités en charge de la politique communautaire en Afrique centrale en vue de promouvoir ce dialogue tandis que Bernard Oyama promet faire du lobbying pour que la rencontre voulue se tienne au palais de l’Assemblée nationale gabonaise.