Malgré son rejet par certains acteurs, le principe d’un dialogue politique réclamé par l’opposition et la société civile semble de plus en plus acquis dans certains cercles du pouvoir. Ce dialogue peut-il vraiment déboucher sur des garanties d’un processus électoral transparent et fiable ?
On a beau minimiser son impact, l’onde de choc crée par l’auto proclamation du Secrétaire exécutif de l’Union nationale (UN) a fait son effet. Au-delà de son caractère illégal, au-delà de son rejet massif par tous ceux qui se disent «légalistes», «démocrates», cet acte a permis de refixer l’attention sur la fiabilité du seul mécanisme sensé réguler l’alternance politique.
Le simple fait que les cadres du parti au pouvoir descendent sur le terrain pour mener une campagne de sensibilisation, à commencer par le Secrétaire général du PDG lui-même, indique que les raisons qu’évoquent les déclarations des partis de l’opposition et les organisations de la société civile, pour non pas justifier « la gaminerie » du 25 janvier mais expliquer ses « racines », peuvent tiédir l’argumentaire du pouvoir.
En effet, que l’on soit de l’opposition ou du pouvoir, tous les acteurs politiques s’accordent sur le déficit de transparence du processus électoral. Chacune des élections a apporté son lot de contestations dans la corbeille de frustrations. Cela ne date pas d’aujourd’hui, et d’une manière générale la classe politique actuelle est elle-même responsable de cette situation. C’est donc à elle de résorber ce déficit afin de mettre le pays à l’abri de certains «errements» imprévisibles.
Le «consensus mou» érigé en mode de gouvernance et qui a prévalu depuis les Accords de Paris a servi davantage à organiser la transhumance de l’élite politique sur les pâturages les plus verts de la République, qu’à mettre en place un mécanisme fiable de circulation de celle-ci. Si bien qu’aujourd’hui, malgré la crispation du climat politique, les appels au dialogue sont perçus par beaucoup, notamment «les Gabonais d’en bas», comme un subterfuge pour ceux qui ne sont plus aux affaires d’obtenir «quelques sites d’extraction de richesses».
Pourtant, ce dialogue est nécessaire pour vider la corbeille des frustrations de toutes les élections passées, surtout, et dépolluer les égos qui se sont exprimés à la présidentielle anticipée de 2009. Mais ce dialogue peut-il vraiment déboucher sur un processus électoral fiable ? Personne ne peut garantir une telle issue, mais la classe politique peut au moins offrir à la Nation un des écrous de la paix : la garantie d’une alternance automatique à la tête de l’Etat, à travers la limitation des mandats.
En effet, la limitation à deux du mandat présidentiel, par exemple, peut contribuer significativement à décrisper le climat politique et à paver la voie d’une alternance mécanique. Supposons que le mandat présidentiel soit de 5 ans et limité à deux, si chaque président fait deux mandats, en 100 ans le pays aura eu 10 présidents. C’est une des garanties de la stabilité et de la paix. Car, sans ce verrou, même si les conditions d’une transparence électorale sont garanties, une même personne peut sans tricher s’éterniser au pouvoir. Dans cette perspective la limitation des mandats devrait être considérée comme une clause non révisable de la Constitution.
Or, à y regarder de près, c’est la longévité au pouvoir qui constitue le véritable nœud gordien qu’il faut trancher, elle bouche les horizons et secrète une cohorte de «roitelets» comme le regrettait amèrement Omar Bongo dans son bilan de 40 ans de pouvoir. Sans ce minimum de l’essentiel, le dialogue politique en gestation n’offrira qu’un placebo à la Nation.