Alors que tous leurs petits camarades pionçaient tranquillement, deux dignitaires de la République du PNUD se sont fait la belle. Et regagner leurs canapés douillets au petit matin. Détails !
Avant d’en venir à cette rocambolesque évasion, il y a lieu de situer d’abord le décor qui prévaut en ce moment au PNUD. Voilà maintenant une semaine que tout le personnel du PNUD a quitté les lieux. Ils ont réaménagé à leur ancien siège du côté du Tropicana. C’est dire que le « président » MOA (Mba Obame André) et sa République du PNUD sont donc les seuls occupants des lieux.
Bien sûr, pour éviter que les pandores ne viennent les chercher, le Représentant du PNUD, humain, a laissé flotter le drapeau des Nations Unies. De même qu’’il a cédé le bureau (2ème étage) de son assistante au « président » MOA, qui en a fait sa chambre présidentielle. Pendant que les autres se débrouillent sur les canapés et les matelas…
An tout cas, c’est depuis cette chambre du 2ème étage que l’évènement du siècle s’est produit. Nous sommes le Dimanche 6 Février 2011. Après la bonne ripaille du soir et le joli concert de rots qui l’ont joyeusement clôturée, les Uns et les autres ont commencé à regagner leur couchette. Les éternels optimistes s’attardant à torturer les télécommandes des décodeurs à la recherche d’une hypothétique information pouvant annoncer – enfin – la bonne nouvelle d’un Gabon à feu et à sang et d’un Zeus (Ali Bongo Ondimba) fuyant le pays comme Ben Ali. Une ultime déception qui a un effet de somnifère.
Mais pas pour tout le monde. Deux durs à cuire résistent à cette résignation qui commence à s’établir dangereusement. Il s’agit du « président » et du sage Zacharie Myboto. Ces ceux-là, ont d’autres projets. Ils n’ont d’ailleurs pas arrêté de se parler en messe toute la journée.
Alors que la plupart de leurs petits camarades commencent à ronfler, MOA et Zac’ vont s’enfermer dans la chambre présidentielle. Vers minuit, MOA ouvre délicatement la porte et, sur la pointe des pieds comme un vieux matou, il slalome silencieusement entre matelas et canapés pour bien dodo. Mais un caverneux toussotement et une auto-claque de chasse d’un impétueux moustique lui font prendre conscience que des somnambules sont parmi eux. Pas question de prendre un seul risque et l’on change de tactique.
Se rappelant de la bonne vielle recette des westerns, les deux veilleurs vont se mettre à déchirer les draps présidentiels et les rattacher pour former une longue corde. Après l’avoir attachée au pied du bureau, le « président » MOA, souple et véloce comme d’habitude, a vite franchi la fenêtre pour descendre le long de la corde à la vitesse d’un commando.
Mais quand ce fut le tour du maréchal Zac’, ce dernier va se refuser de se jeter dans le vide. C’est que le bonhomme a toujours souffert des vertiges. Avec l’âge, ça a complètement viré à la « vidophobie ». D’où il a préféré plutôt enlever ses babouches et de sortir sur la pointe des pieds par une porte dérobée, exactement comme un renard du poulailler. Mais qu’est-ce qu’il ne faut pas faire pour entretenir la discrétion d’une opération vitale.
Prenant place à bord du véhicule du PNUD, ce tandem s’est empressé à se déguiser rapidement en vessant chacun une casquette sur son crâne. La voiture pouvait alors foncer à vive allure. Parvenu au niveau de la Mairie de Haut de Guégué, un stop est marqué. Les deux occupants descendent rapido et grimpent dans un autre véhicule (Range Rover) aux vitres teintées. Ce dernier démarre et va s’engouffrer dans le domicile de Jean Gaspard Ntoutoume Ayi.
Sur place, MOA et Zac’ retrouvent deux dames. Des marmiteuses bien connues de la place. Les deux nganga font appel aux esprits. La consultation commence. Les nouvelles sont plutôt bonnes. Sauf qu’il faut assainir leurs corps. Avec un balai traditionnel, le duo est aspergé d’un liquide fait de sève et d’eau de roche de Donguila. Et pendant qu’’ils étaient en train de se faire sécher au ventilateur, des incantations seront prononcées par les deux marabouts et reprises en prière par les patients. Le rituel va durer trois heures d’horloge. Et ce n’est qu’au petit matin, précisément à quatre heures, que les deux initiés ont quitté le temple d’occasion.
En revenant au PNUD, par le même transbordement, les deux évadés ont pris le soin d’ôter leurs sandales pour regagner silencieusement le deuxième étage. Avant de s’endormir.
Raison pour laquelle, le lendemain, MOA, mort de fatigue, n’a pu tenir le « Conseil des ministres » qui était pourtant pourvu. Poussant ainsi le pauvre « premier ministre » Raphaël Badenga Lendoye à improviser un « Conseil interministériel ».
C’est connu : le sommeil d’un « président » n’a pas de prix.
Par Justin Lagryphe
FIN/INFOSGABON/JL/2011 Source : LA GRIFFE