Un mois de remue-ménage médiatique, et puis plus rien. Depuis qu’il a quitté les locaux de l’ONU, où il s’était autoproclamé chef de l’État gabonais, l’opposant André Mba Obame se fait discret. Et attend de savoir ce que lui réserve le gouvernement.
Ils auront passé quatre semaines dans les locaux du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), à Libreville. Le 27 février, André Mba Obame, président autoproclamé du Gabon, et les membres de son « gouvernement » sont finalement rentrés chez eux. Maintenant, expliquent-ils, ils attendent de savoir quel sort leur réservent les autorités gabonaises. « Ensuite nous aviserons », promet Zacharie Myboto, ancien président de l’Union nationale (UN), parti de l’opposition dont la dissolution a été prononcée, le 26 janvier, par le ministre de l’Intérieur, Jean-François Ndongou.
En attendant d’en savoir plus, Zacharie Myboto, 72 ans, et André Mba Obame, 54 ans, refusent de s’exprimer. Silence radio aussi du côté des autres membres de « l’équipe gouvernementale insurrectionnelle » et des cadres de l’UN qui les avaient rejoints dans les bâtiments onusiens.
Après un mois de face-à-face sans médiation, la situation s’est débloquée, fin février, lors du voyage d’Ali Bongo Ondimba à New York. Invité par le secrétaire général de l’ONU, le chef de l’État gabonais a fait escale à Paris et évoqué le sujet avec son homologue français, Nicolas Sarkozy. Il s’est ensuite entendu, avec Ban Ki-moon, sur l’envoi d’une mission « technique », qui a séjourné à Libreville du 24 au 26 février.
À cette délégation, qui était conduite par le Camerounais Sammy Kum Buo, le directeur de la division Afrique du secrétariat général des Nations unies, André Mba Obame et ses amis ont demandé que leur sécurité physique et leur liberté soient assurées et que la dissolution de l’UN soit annulée. Mais vont-ils pour autant échapper au procès pénal que leur ont promis les autorités ? À voir.
Certes, le chef de l’État n’a pas apprécié de voir son ancien ami (arrivé troisième lors de l’élection présidentielle d’août 2009) revendiquer son fauteuil. Mais la tension des premiers jours de « la République du Pnud » est retombée. Après avoir menacé de lever l’immunité parlementaire de Mba Obame (élu du Haut-Komo) et de le poursuivre pour haute trahison devant les tribunaux, le gouvernement a visiblement écouté ceux qui lui avaient conseillé la pondération et l’apaisement. Même chose pour le Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir), dont le groupe parlementaire à l’Assemblée nationale ferraillait pour accélérer la procédure visant l’ancien candidat à l’élection présidentielle, mais qui a su calmer les ardeurs de son aile dure. « Il s’agit d’une affaire qui concerne la justice, élude Faustin Boukoubi, secrétaire général du PDG. Lorsque l’Assemblée nationale sera saisie par les juges d’une demande de levée de l’immunité [de Mba Obame], notre groupe parlementaire se prononcera. » Autre signe d’apaisement : le procès des militants de l’UN poursuivis pour trouble à l’ordre public, après avoir manifesté leur soutien à André Mba Obame, a déjà enregistré deux renvois. Selon les sources judiciaires, une nouvelle audience est prévue pour le 4 mars.
De plus, sous la pression des opposants, le parti au pouvoir s’est converti au culte de la transparence électorale, dont le héraut, Pierre Mamboundou, fait l’une des conditions de son entrée au gouvernement, désormais imminente. Le 27 janvier dernier, Faustin Boukoubi, le patron du parti présidentiel, a fait savoir au ministre de l’Intérieur qu’il était prêt à voter la proposition de loi introduisant la biométrie dans le processus d’identification des électeurs.