La catastrophe humanitaire que vit la Côte d’Ivoire nécessite l’ouverture urgente de corridors humanitaires, selon des agences onusiennes. D’autant qu’à l’ouest du pays, où les affrontements communautaires ont été parmi les plus violents, la situation est loin d’être pacifiée.
La situation des populations qui fuient par milliers les combats des dernières semaines en Côte d’Ivoire et les exactions des deux camps va-t-elle s’améliorer ? Face à l’ampleur de la catastrophe, des agences onusiennes ont demandé vendredi l’instauration de corridors humanitaires pour protéger les civils et effectuer leur travail dans des conditions sécurisées.
« Le Programme alimentaire mondial et d’autres agences lançons un appel pour l’ouverture de corridors humanitaires en Côte d’Ivoire », a expliqué l’agence dans un communiqué. Le PAM précise qu’il prévoit de distribuer de l’aide la semaine prochaine à quelque 30 000 personnes déplacées dans la région de Danané (ouest) et à près de 20 000 autres à Bouaké (nord), Bouna (nord), Tiébissou (centre) et Korhogo (nord).
Distribution de vivres
Des vivres pour six jours ont d’ores et déjà été fournies aux habitants de la ville de Duékoué (ouest) où la situation est particulièrement critique. Des milliers de personnes affamées sont notamment réfugiés dans la mission catholique de cette prise le 29 mars par les Forces républicaines d’Alassane Ouattara (FRCI).
Selon le prêtre de la mission, Cyprien Ahouré, les déplacés sont majoritairement d’ethnie guéré, réputée soutenir majoritairement le président ivoirien sortant, Laurent Gbagbo, désormais soumis à un blocus dans le bunker de la résidence présidentielle d’Abidjan, au quartier de Cocody ambassade. Par peur de représailles des FRCI, ils ont trouvé refuge dans la cour de la mission qui n’a qu’une superficie de 900 m2.
La majorité des déplacés à la mission viennent de Carrefour, un quartier de la banlieue sud de Duékoué, à une centaine de mètres de là, qui abritait la base des miliciens pro-Gbagbo de la région. La zone a été le théâtre de tueries, avant, pendant et après la prise de la ville par les FRCI.
Crainte d’un « débordement »
« C’était très dur dès le départ. Les gens affluaient de partout. On ne savait plus où donner de la tête », affirme le Père Ahouré qui dit craindre un « débordement ». « Les besoins sont énormes. Ils (les Guéré, NDLR) sortent maintenant de la forêt pour venir ici. Il faut sécuriser leurs villages pour qu’ils y retournent. Pourquoi et qui ces personnes fuient-elles ? », s’interroge t-il.
Dans l’ouest ivoirien, au conflit politique s’ajoute celui entre autochtones guérés (réputés pro-Gbagbo) et allogènes, dont des étrangers ouest-africains et d’autres tribus (considérés comme pro-Ouattara). Un conflit souvent motivé par des problèmes fonciers. Selon les Nations unies, plusieurs centaines de personnes ont péri dans des massacres la semaine dernière à Duékoué où a été découvert un charnier qui contiendrait 200 corps. (avec AFP)