Par LEXPRESS.fr avec REUTERS – La proposition d’un cessez-le-feu a échoué auprès des insurgés qui souhaitent toujours le départ du colonel Kadhafi.
Les combats se poursuivent en Libye, notamment à Misrata, après l’échec d’une médiation de l’Union africaine, dont la proposition de cessez-le-feu a été rejetée par les insurgés en l’absence d’un départ de Mouammar Kadhafi. Pour les insurgés, la poursuite du siège meurtrier de Misrata par les forces du dirigeant libyen rend caduque toute discussion sur un éventuel cessez-le-feu.
Après avoir rencontré Mouammar Kadhafi dimanche à Tripoli, une délégation de l’Union africaine s’est rendue lundi à Benghazi, le fief de l’insurrection dans l’est de la Libye. « L’initiative de l’UA ne prévoit pas le départ de la scène politique de Mouammar Kadhafi et de ses fils, elle est donc dépassée », a réagi Moustafa Abdeldjeïl, président du Conseil national de transition (CNT) formé par les insurgés.
A Washington, la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton a également souligné que les Etats-Unis voulaient un processus de transition entraînant le départ en exil de Kadhafi. Interrogé sur BFM-TV, Saïf al Islam, fils du dirigeant libyen, a jugé ridicule toute idée de départ de son père. « Le départ du guide ne changera rien car le peuple libyen ne permettra pas à ces bandes terroristes de diriger la Libye », a dit Saïf al Islam . « Nous sommes prêts à discuter même avec le diable, mais même le diable doit savoir qu’il y a des lignes rouges », a-t-il ajouté. « Tout d’abord, Kadhafi est une ligne rouge, plusieurs milliers de jeunes sont morts pour défendre le colonel. »
Misrata toujours bombardée
Le président sud-africain Jacob Zuma, qui dirigeait la délégation de l’UA dimanche à Tripoli, avait déclaré à la sortie des discussions avec Mouammar Kadhafi que ce dernier acceptait la « feuille de route » pour la paix présentée par les Africains, prévoyant notamment un cessez-le-feu immédiat. Il avait aussi demandé à l’Otan de mettre fin à ses bombardements contre les forces de Mouammar Kadhafi pour donner une chance à un éventuel cessez-le-feu. L’Alliance atlantique a rejeté cet appel et son secrétaire général, Anders Fogh Rasmussen, a rappelé que le régime libyen avait déjà annoncé plusieurs cessez-le-feu non suivis d’effets depuis le début du soulèvement mi-février.
Sur le terrain, les troupes gouvernementales ont intensifié les bombardements sur le port de Misrata, la troisième ville de Libye, à 220 km à l’est de Tripoli, assiégée depuis plus de six semaines. Pour la première fois sur ce front, ils ont utilisé des missiles de fabrication russe, selon les insurgés. L’organisation Human Rights Watch accuse les combattants de Mouammar Kadhafi d’attaques aveugles contre les civils à Misrata, en violation du droit international. Elle a fait état d’environ 250 morts dans cette ville.
Dans l’ouest de la Libye, les insurgés subissent la puissance supérieure des forces loyalistes mais ils s’en remettent de plus en plus à des tactiques de guérilla. Des habitants de Tripoli ont ainsi signalé plusieurs attaques contre des barrages militaires et un commissariat à Tripoli au cours de la semaine écoulée. Ils disent entendre des coups de feu la nuit. Dans l’Est, près de la ville d’Ajdabiah, les forces rebelles ont dit avoir reçu l’ordre de ne pas avancer vers l’ouest, de nouveaux raids aériens de l’Otan étant attendus contre les positions de forces de Kadhafi.