L’alliance pour le Nouveau Gabon(ANG) vient ainsi d’être portée sur les fonds baptismaux par Séraphin Davin Akoure, ex-édile de Lambaréné, et tout récemment encore, ancien cadre du Parti Démocratique Gabonais (PDG, au pouvoir) en choisissant de se positionner au centre de l’échiquier politique; ce qui, pour la symbolique, ne surprend guère même si beaucoup d’eau continue de couler sous le pont qui enjambe l’Ogooué.
Le choix du centre (gauche ou droit?) comme posture dans la vie politique gabonaise répond de la sociologie ou du moins de la géographie. Le docteur S.D.Akoure, natif de Lambaréné, ville du centre du pays, entend sonner le rassemblement et donner plus de consistance à son action politique à partir de la ville carrefour, véritable mosaïque ethnique, l’une des plus célèbres du Gabon de par son hôpital , Albert Schweitzer.
L’ancien maire veut capitaliser cet atout avant de s’élancer à la conquête d’autres espaces sur le plan national. Y réussira-t-il?
Saturnin Nan Nguema, ancien Secrétaire général de l’Organisation des Pays Producteurs et Exportateurs de Pétrole, fondateur du Parti Liberal Gabonais (PLD), originaire de Lambaréné, se réclamait lui aussi du centre, lors de la création de cette formation politique, à sa création en 1990. Depuis, le PLD demeure aphone. Et, il n’est pas exclu que l’ANG occupe le terrain laissé vacant par son prédécesseur dans le chef -lieu du Moyen-Ogooué qui, de fait, devient son fief.
Le terreau s’y prête, à priori. La naissance de l’ANG avait été précédé de réunions des membres de la communauté fang dont est issu le Dr Akure. Cette ethnie n’avait pas apprécié la »cabale » qui a fini par pousser l’ex- premier magistrat de Lambaréné à jeter l’épongé car, selon lui, l’affaire du masque « sacré » galoa n’était qu’un prétexte… pour le conduire vers la porte de sortie.
Et maintenant, comment fédérer dans une localité où le masque de la discorde a creusé un peu plus le fossé voire renforcer les clivages entre fils et filles de la contrée en dépit de moult tentatives visant à apaiser les esprits?
LES PROCHAINES ECHANCES ELECTORALES, UN BAROMETRE POUR L’ANG
Les prochaines législatives devraient servir de baromètre. L’avènement de l’ANG se situe, sans conteste, dans cette perspective. Cette initiative d’apparaitre à quelques mois de cette échéance semble satisfaire certains à l’idée qu’ils ne seront plus des faire-valoir ou sacrifiés à l’autel des calculs politiciens ou géopolitiques tandis que d’autres redoutent d’en payer le prix fort puisque le »puissant » électorat fang associé aux groupes non-originaires de la contrée peut ratisser large.
Des inquiétudes (repli identitaire) qui pourraient être tempérées par quelques signaux non négligeables: la composition de la direction du nouveau venu dans le landerneau politique gabonais, l’accueil qui sera réserve à l’ANG lors de la tournée nationale déjà annoncée dans le cadre de l’implantation de ce parti et le choix des candidats aux différents scrutins.
L’avenir de l’ANG dépend vraisemblablement de sa capacité à s’imposer comme une alternative crédible ou nombre d’acteurs ont entretenu le doute, la division et les intrigues comme mode de gestion de la cité. Il s’agit également pour l’Alliance de s’incruster dans le paysage sans exclusive et à peser dans le débat, à moins d’apparaitre telle une vague pour aussitôt se confiner dans une confidentialité manifeste qui caractérise une kyrielle de partis politiques de notre pays.
