Le Conseil national de la communication (CNC) a levé, le 18 avril, la mesure d’interdiction d’émettre qui frappait TV+ depuis le 26 janvier après que son promoteur, André Mba Obame, se fut autoproclamé président élu du Gabon. Le directoire et le personnel de cette chaine de télévision privée s’étonnent de cet élan soudain de bonté qui n’intervient que neuf jours avant le terme de la sanction. Les émissions ne reprendront vraisemblablement qu’après le 27 avril, terme de la condamnation initiale.
Rendant publique sa séance plénière du 18 avril dernier, le Conseil national de la communication (CNC) a autorisé la chaîne de télévision privée TV+ à reprendre ses émissions. On lit en effet dans le communiqué du CNC tel que publié par le quotidien « L’union » : «dans son souci de ramener la sérénité dans le paysage médiatique national, le Conseil national de la communication a décidé de la levée de la mesure de suspension qui frappait la télévision privée TV+ depuis le 26 janvier 2011.»
Propriété du secrétaire exécutif de l’ex-Union nationale (UN-opposition), André Mba Obame, cette chaine de télévision avait été sanctionnée pour avoir diffusé en direct, le 25 janvier 2011, la cérémonie de prestation de serment de Monsieur André Mba Obame, en qualité de président de la République. Le communiqué du CNC, signé par Faustin Onanga, doyen d’âge de l’institution, en l’absence du président de l’institution, Emmanuel Ondo Methogo qui venait d’être nommé conseiller du chef de l’Etat, était alors laconique et formel : «le CNC considère que la diffusion en direct de cette cérémonie, plus d’un an après la prestation de serment de SE Ali Bongo Ondimba, est un acte de nature à porter atteinte à l’ordre public et viole les dispositions de la constitution et du code de la communication.»
De nombreux autres médias, notamment le quotidien « L’union », étaient montés au créneau pour demander la levée de cette décision jugée inique du fait qu’il ne s’était pas agit d’une retransmission en direct et que d’autres organes d’information avaient également relayé, en différé, l’information servant de mobile à la punition.
Aujourd’hui, le directoire de la TV+ ne se réjouit nullement de la levée de sanction qui intervient neuf (9) jours avant son terme, plus précisément le 27 avril prochain. Pour TV+ cet élan de bonté «en trompe-l’œil» vise des retombées politiques bénéfiques pour le camp du pouvoir.
«Quelle est cette soudaine gentillesse à neuf jours de la fin de la sanction ? Jean Ovono a pris ses fonctions de président du CNC le 8 mars. Nous lui avons écrit le 21 mars pour solliciter l’indulgence de l’organe de régulation des médias. Il nous est revenu qu’il a refusé d’y répondre, estimant que ce n’était pas son dossier. Le 4 avril dernier, nous avons reçu une réponse de refus datée du 29 mars et signée du doyen d’âge, Faustin Onanga. Ce n’est pas tout, Jean Ovono Essono a reçu les responsables des médias audiovisuels publics et privés le 29 mars. Il nous a été signifié que nous ne pouvions prendre part à cette simple réunion de prise de contact. Comment expliquer l’économie de 9 jours qu’il veut nous offrir aujourd’hui ?», a vociféré un membre du directoire de TV+ joint au téléphone.
La réponse est simple pour certains commentateurs : Le CNC explique dans son communiqué du 18 avril que le président Ali Bongo lui a accordé une audience le 12 avril dernier et que celui-ci a prodigué «des sages conseils» à la délégation de l’institution. Ce bonus de neuf jours serait donc une recommandation d’Ali Bongo ? Une source bien informée, relayée par la lettre d’information « Confidentiel Gabon » (N°41 du 21 mars), soutenait que le président Ali Bongo avait demandé au nouveau président du CNC, Jean Ovono Essono, d’inaugurer son mandat par une levée rapide de la mesure de suspension frappant TV+.
Tout ceci cadre très bien avec la déclaration du nouveau président du CNC au moment de sa prise de fonctions : «Je ne serai pas le père fouettard de la presse.» Préférant purger sa peine jusqu’au bout, TV+ doute cependant de son premier bonbon.