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Libye : Paris va intensifier ses frappes aériennes

Alors que le conflit libyen s’enlise, un mois après le début des bombardements de l’Otan, la France va intensifier ses frappes aériennes pour protéger les civils contre les forces du colonel Kadhafi. C’est ce qu’a annoncé, mardi, le Premier ministre, François Fillon, lors d’une conférence de presse à Kiev, en Ukraine, tout en appelant à «trouver une solution politique».

Dans la matinée, l’Otan avait mené des raids sur Tripoli, Aziziyeh et Syrte, ville natale du «Guide». En revanche, pas question d’envoyer des troupes au sol, à entendre Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères.

Dix mille personnes seraient mortes depuis le début de la rébellion en Libye, à la mi-février, et 55 000 blessées : tel est le lourd bilan qu’avance ce mardi le Conseil national de transition (CNT), l’organe représentatif des insurgés. Son dirigeant, Moustapha Abdeljalil, qui sera reçu mercredi par Nicolas Sarkozy à l’Elysée, a été formel lors de sa visite à Rome. Il est sûr que le colonel Kadhafi «n’abandonnera jamais le pouvoir, sauf par la force». De Misrata, un responsable des insurgés a déclaré que les rebelles demandaient l’envoi de soldats français et britanniques sur la base de principes «humanitaires». «S’ils ne viennent pas, nous allons mourir», a-t-il ajouté.

L’aide à la population s’accélère enfin. Le gouvernement de Kadhafi a garanti «un passage sûr» à des équipes humanitaires et autorisé l’envoi d’une mission de l’ONU dans la ville assiégée de Misrata, dans l’ouest du pays. D’ores et déjà, un premier couloir humanitaire a été ouvert dans l’ouest du pays, tandis que les évacuations de travailleurs étrangers se poursuivent par voie maritime.

Juppé «tout à fait hostile» à l’envoi de forces sur le terrain. Lundi soir, craignant l’enlisement, le président de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale, Axel Poniatowski, avait plaidé pour l’envoi de forces spéciales au sol de pays de l’Otan pour aider la rébellion et mieux guider les avions de la coalition. «L’usage exclusif de la force aérienne (..) montre ses limites face à des cibles mobiles et indiscernables du fait de l’imbrication des forces loyalistes et des forces insurgées», avait-il argumenté. Le chef de la diplomatie française a dit très clairement son «hostilité à un déploiement de forces sur le terrain» ce mardi, jugeant qu’il revenait à la rébellion d’assurer le guidage des chasseurs-bombardiers de l’Otan. Alors que le Royaume-Uni va envoyer des conseillers militaires auprès du CNT, le ministre britannique des Affaires étrangères a précisé qu’ils «ne participeront pas à la préparation ou à l’exécution d’opérations» du comité.

Le CNT ne croit qu’à la force et fait des promesses à la France, au Qatar et à l’Italie. Reçu à Rome, avant de l’être à Paris mercredi, le chef du Conseil national de transition (CNT) , Moustapha Abdeljalil, a affirmé que Mouammar Kadhafi ne quittera le pouvoir que «par la force», devant des journalistes au siège de la Communauté catholique italienne Sant’Egidio, connue pour ses médiations en Afrique. Le chef des rebelles a assuré qu’il allait y avoir, une fois le conflit terminé en Libye, «une coopération et des liens d’amitiés, surtout avec l’Italie, la France et le Qatar, puis avec d’autres amis comme la Grande-Bretagne et les Etats-Unis». La France, le Qatar et l’Italie, qui ont reconnu le CNT comme interlocuteur légitime en Libye,en lieu et place du colonel Kadhafi, «n’auront pas à le regretter», a-t-il insisté.

Un couloir humanitaire ouvert, une première. Le Programme alimentaire mondial (PAM) a commencé à acheminer de la nourriture pour 50 000 personnes dans l’ouest de la Libye grâce à l’ouverture d’un couloir humanitaire. Jamais encore le gouvernement libyen n’avait autorisé ce type d’opération. L’Organisation internationale pour les migrations a annoncé mardi préparer une troisième opération d’évacuation de migrants bloqués dans la ville assiégée de Misrata, grâce à une promesse de fonds des autorités britanniques. Lundi, 1 000 personnes avaient évacuées vers Benghazi, la capitale rebelle, par ses soins. L’Italie, par ailleurs, est prête à aider les rebelles avec davantage de médecins et infirmiers dont certains sont déjà présents dans des hôpitaux locaux, notamment à Misrata.

Les sites visés par les frappes de l’Otan. «Les villes de Tripoli et Syrte ont été les cibles au cours des premières heures de mardi de raids des agresseurs colonialistes croisés», a indiqué l’agence officielle de presse, sans donner de détails sur les cibles visées. «L’Otan a mené des raids délibérés et multiples contre des centres de commandement et de contrôle du régime Kadhafi la nuit dernière», a déclaré de son côté l’Alliance atlantique. Les cibles visées comprennent notamment «des infrastructures de communication utilisées pour coordonner des attaques contre des civils et le quartier général de la 32e brigade (de l’armée libyenne, ndlr), situé à 10 km au sud de Tripoli», a-t-elle précisé.

LeParisien.fr avec AFP

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